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LE DIVIN PLAN DES AGES

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LE ROYAUME DE DIEU

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            Haute portée du sujet. — La nature du Royaume. — Le Royaume durant l'Age de l'Évangile. — Vues erronées rectifiées par Paul. — Conséquences des idées fausses sur le Royaume. — Deux phases du Royaume du Dieu. — La  phase spirituelle et sa tâche. — La phase terrestre et sa tâche. — Leur harmonie. — La gloire de la phase terrestre. — La gloire de la phase céleste. — La racine de l'alliance d'où sortent ces rameaux. — La phase terrestre du Royaume est Israélite. — Les tribus perdues. — La Jérusalem céleste. — Israël était un peuple type — La perte et le rétablissement d'Israël. — Les classes des élus.— Les héritiers du Royaume. — Le sceptre de fer. — Éclaircissements sur le but du règne millénaire. — Le Royaume remis au Père. — Plein accomplissement du dessein originel de Dieu.

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Celui qui n'a pas encore examiné avec soin ce sujet, la Bible et une concordance en mains, sera surpris, en le faisant, de le trouver si développé dans les Écritures. L'Ancien Testament abonde en promesses et en prophéties dont le Royaume de Dieu et son Roi, le Messie, forment le centre même. Chaque Israélite avait l'espoir (Luc 3 : 15) que Dieu élèverait leur nation, comme peuple, sous le Messie ; et lorsque le Seigneur vint à eux, il vint comme leur Roi, pour établir sur la terre le Royaume promis depuis longtemps.

Jean, le précurseur et le messager de notre Seigneur Jésus, commença sa mission par la proclamation : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Matth. 3 : 2). Le Seigneur commença son ministère avec, exactement, la même  proclamation (Matth. 4 : 17) ; et les apôtres furent envoyés pour prêcher le même message (Matth. 10 : 7 ; Luc 9 : 2). Le royaume ne fut pas seulement le sujet par lequel Jésus commença son ministère public, mais ce lut en réalité le thème principal de toutes ses prédications (Luc 8 : 1 ; 4 : 43 ; 19 : 11). D'autres choses ne furent mentionnées qu'en connexion avec ce seul sujet ou pour son explication. Les paraboles furent pour la plupart des éclaircissements concernant le Royaume, à divers points de vue et sous divers rapports, ou bien elles servirent à montrer l'entière consécration à Dieu, comme essentielle à la participation au Royaume, et à corriger les fausses idées judaïques suivant lesquelles les Juifs étaient certains d'obtenir le Royaume parce qu’ils étaient des enfants légitimes d'Abraham, et, par conséquent, des héritiers naturels des promesses.

Dans ses conversations avec ses disciples, notre Seigneur Jésus fortifia et encouragea leur attente d'un royaume futur, leur disant :

            « Et moi, je vous confère un royaume comme mon  Père m’en a conféré un, afin que vous mangiez et que vous buviez à ma table dans mon royaume ; et que vous soyez assis sur des trônes, jugeant [gouvernant] les douze tribus d’ Israël » (Luc 22 : 29,30). — Et encore : « Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu votre Père de vous donner le royaume » (Luc 12 : 32).

Et lorsque celui qu’ils avaient reconnu comme leur roi fut crucifié au lieu d'être couronné et mis sur le trône, les disciples furent douloureusement déçus. Comme deux d'entre eux l’exprimèrent au prétendu étranger sur le chemin d’Emmaüs, après sa résurrection, Ils avaient « espéré que ce serait lui qui délivrerait Israël », — le délivrerait du joug des Romains, et ferait d’Israël le Royaume de Dieu en puissance et en gloire. Mais ils étaient amèrement détrompés, par les changements survenus quelques jours auparavant. Alors Jésus leur ouvrit l'intelligence en  leur démontrant par les Écritures que son sacrifice était  premièrement nécessaire avant que le Royaume pût être établit — Luc 24 : 21, 25-27.

Dieu aurait pu donner la domination de la terre à Jésus sans racheter le monde ; car « le Très-Haut domine sur le royaume des hommes et le donne à qui il veut » (Dan. 4 : 32). Mais Dieu avait en vue un dessein plus grandiose que ce qui aurait été obtenu par ce plan. Un royaume semblable aurait pu apporter des bénédictions ; mais, toutes bienfaisantes qu'elles auraient été, elles n'auraient pu avoir qu'un caractère temporaire, puisque toute l'humanité était sous la condamnation à mort. Pour rendre les bénédictions de son royaume éternelles et complètes, il fallait que la race humaine fût premièrement rachetée de la mort et, de cette manière, libérée de la condamnation adamique qui passa sur tous.

Il est évident que, par l'explication des prophètes, Jésus ranima l'espoir des disciples touchant un royaume à venir, puisque plus tard, lorsqu'il les quitta, ils lui demandèrent : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétabliras le royaume pour Israël ? » Sa réponse, sans être formelle, ne contredit nullement leurs espérances :

« Ce n'est pas à vous, leur dit-il, de connaître les temps ou les saisons que le Père a réservés à sa propre autorité » — Actes 1 : 6, 7.

Il est vrai qu'au commencement les disciples, de même que toute la nation Juive, n'avaient qu'une conception imparfaite du Royaume de Dieu ; ils supposaient qu'il serait exclusivement terrestre, comme aujourd'hui plusieurs se trompent dans un sens opposé, supposant que ce sera un royaume exclusivement céleste. Nombre des paraboles et discours obscurs de Jésus avaient pour but de corriger, au temps fixé, ces opinions fausses. Mais il maintint toujours l'idée d'un royaume, d'un gouvernement établi sur la terre et qui régnerait sur les hommes. Et non seulement il aviva en ses disciples l'espoir d'une participation dans ce royaume, mais il leur apprit aussi à prier pour son établissement :

« Que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite SUR LA TERRE comme au ciel ».

Aux Juifs sages aux yeux des hommes, notre Seigneur apparut comme un imposteur et un fanatique dont ils considéraient les disciples tout bonnement comme des dupes. Ils purent tout aussi peu nier la sagesse, le tact, les miracles de Jésus, que s'en rendre compte raisonnablement. Néanmoins, à leur point de vue d'incrédules, sa prétention d'être l'héritier du monde et d'établir le royaume promis qui gouvernerait le monde, l'idée que ses disciples, tous d'origine la plus modeste, régneraient avec lui dans ce royaume, leur semblait trop absurde pour être prise en considération. Rome, avec ses guerriers disciplinés, ses habiles généraux et son immense richesse, était la maîtresse du monde, et sa puissance s'accroissait encore journellement. Alors, qui était ce Nazaréen ? Et qui étaient ces pêcheurs  sans argent et sans influence, et ayant si peu d'adhérents parmi le commun peuple ? Qui étaient-ils, pour avoir l'audace de parler de l'établissement du royaume promis depuis longtemps, du royaume qui devait être le plus grand et le plus puissant que le monde ait jamais connu ?

Dans l'espoir d'exposer au grand jour les prétendues faiblesses des déclarations de notre Seigneur, et de détourner de lui, par ce moyen, ses propres disciples, les pharisiens lui demandèrent : Ce royaume que tu prêches, quand commencera-t-il à faire son apparition ? — quand arriveront tes soldats ? — quand apparaîtra ce royaume de Dieu ? (Luc 17 : 20-30). La réponse de Jésus aurait donné une nouvelle direction à leurs pensées s'ils n'avaient pas été prévenus contre lui et éblouis par leur prétendue sagesse personnelle. Il leur répondit que son royaume ne leur apparaîtrait jamais comme ils s'y attendaient, que le royaume qu'il prêchait et dans lequel il invitait ses disciples au cohéritage, était un royaume invisible, et qu'ils ne devaient pas s'attendre à le voir. Il leur répondit ainsi :

« Le Royaume de Dieu ne vient pas avec des marques extérieures [selon Seg. et Laus.] — de manière à se faire remarquer. On ne dira pas : il est ici ! ou il est là ! car sachez-le : le Royaume de Dieu est [doit être] au milieu de vous » (*) (Stapfer).

(*) [Il est impossible que la pensée du Seigneur ait été celle-ci : que le royaume de Dieu était dans les cœurs des pharisiens que Jésus, lui-même traita d'hypocrites et de sépulcres blanchis pleins au-dedans d'ossements de morts et de toutes sortes d'ordures. Mais lorsque ce royaume sera établi, il sera au milieu de tous et parmi tous, les gouvernant et les jugeant tous].

            En un mot, il démontra que, lorsque le royaume de Dieu viendrait, il serait partout présent avec puissance et, cependant, visible nulle part. Il leur donnait ainsi une idée du royaume spirituel qu'il prêchait ; mais ils n'étaient point préparés et n'y comprirent absolument rien. Il y avait, dans l'attente des Juifs, relativement au royaume promis, une part de vérité qui se réalisera en son temps comme nous le démontrerons ; mais le côté du royaume auquel le Seigneur fait allusion ici était celui de la phase spirituelle qui sera invisible. Et comme cette partie du royaume sera établie en premier lieu, sa présence sera invisible et ne sera pas remarquée pendant un certain temps. Le privilège de l'héritage dans cette phase spirituelle du Royaume de Dieu était la seule offre faite alors ; elle a été l'unique espérance de notre appel céleste durant l'Age de l'Évangile tout entier qui commençait alors. Par conséquent c'est exclusivement à ce domaine spirituel que Jésus faisait allusion (Luc. 16 : 16). On le verra plus clairement dans la suite.

Ce fut probablement à cause de ce sentiment public opposé à la doctrine de Jésus, spécialement parmi les pharisiens, que Nicodème vint de nuit vers Jésus. Il était désireux de résoudre le mystère, mais apparemment, il avait honte d'avouer publiquement que de semblables prédications eussent un pouvoir quelconque sur son esprit. La conversation entre le Seigneur Jésus et Nicodème (Jean 3), quoiqu'elle ne soit enregistrée qu'en partie, nous dévoile plus clairement la nature du Royaume de Dieu. Évidemment, les points principaux de la conversation sont mentionnés de façon que nous puissions saisir la portée de l’ensemble. Nous pouvons raisonnablement paraphraser cette conversation comme suit :

NICODÈME — « Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire les miracles que toi tu fais, si Dieu n'est avec lui ». Toutefois, quelques-unes de tes expressions me semblent très inconséquentes, et je suis venu pour te demander une explication. Par exemple, toi et tes disciples, vous allez çà et là prêcher que « le royaume des cieux est proche », mais vous n'avez ni armée, ni fortune, ni influence ; cette prétention n'est donc pas vraie selon toute apparence ; et à cet égard il semble que vous trompiez le peuple. Tous les pharisiens en général te prennent pour un imposteur, mais moi, je suis sûr qu'il y a une part de vérité dans tes enseignements, « car personne ne peut faire les miracles que Toi tu fais, si Dieu n'est avec lui ». Le but de ma visite est de demander de quel genre, et d'où est ce royaume que vous annoncez ? quand et comment sera-t-il établi ?

JÉSUS. — La demande que tu me fais de te donner une pleine compréhension du royaume des cieux, je ne puis la satisfaire maintenant ; non que je n'aie pas pleine connaissance de ce royaume, mais parce que dans ta condition actuelle tu ne pourrais le comprendre ou l'apprécier, même si je te l'expliquais complètement. « A moins que quelqu'un ne soit engendré [gennao] (*) d'en haut, il ne peut voir [grec, eidon (**) savoir ou connaître] le royaume de Dieu ».

(*) [Le mot grec GENNAO (et ses dérivés) traduit quelquefois par ENGENDRÉ et quelquefois par NÉ, contient en réalité les deux idées, et devrait être traduit par l'un ou l'autre de ces deux mots français d'après le sens du passage dans lequel il se trouve. Les deux idées « engendré » et « » sont toujours dans le mot GENNAO ; de sorte que si l'une est mentionnée, l'autre y est impliquée, en ce que la naissance est la conséquence naturelle de l'engendrement, et l'engendrement l'antécédent de la naissance. Lorsque l'agent actif avec lequel GENNAO est associé, est du sexe masculin, il devrait être traduit par ENGENDRÉ, s'il est féminin par NÉ. Ainsi en 1 Jean 2 : 29 ; 3 : 9 ; 4 : 7 ; 5 : 1, 18, GENNAO devrait être traduit par ENGENDRE, parce que Dieu (masculin) est l'agent actif. Quelquefois, cependant, la traduction dépend de la nature de l'action, peu importe qu'elle soit masculine on féminine. Ainsi, si gennaô est pris en conjonction avec EK, qui signifie DE ou HORS, il devrait être traduit par NÉ. Dans Jean 3 : 5, 6, GENNAO devrait être (et est) traduit par NE, comme cela est indiqué par le mot EK — « D'eau », « DE LA chair », « DE l'Esprit »].

(**) [Le même mot grec est traduit par EXAMINER dans Actes 15 : 6. « Alors les apôtres et les anciens s'assemblèrent pour EXAMINER [connaître ou comprendre] cette affaire ». Le même mot est rendu par CONSIDÈRE dans Rom. 11 : 22 : « CONSIDÈRE [vois, comprends] donc la bonté et la sévérité de Dieu ». De même dans Jean 2 : 1 : « VOYEZ [contemplez, reconnaissez, comprenez] quel amour le Père nous a témoigné »].

            Mes disciples eux-mêmes ont jusqu'à présent, des idées encore très vagues sur la nature du royaume qu'ils proclament. Pour la même raison que je ne puis te le dire, je ne puis le leur dire ; et pour la même raison aussi ils ne sauraient le comprendre. Mais, Nicodème, une des particularités des procédés de Dieu est qu'il demande obéissance à la lumière que l'on possède déjà, avant d'en donner davantage, et, dans la sélection de ceux qui seront considérés dignes d'hériter le royaume, il exige qu'ils manifestent leur foi. Il faut qu'ils aient la volonté de suivre Dieu pas à pas, souvent même s'ils ne voient distinctement devant eux qu'un seul pas. Ils marchent par la foi et non par la vue.

NICODÈME. — Mais je ne te comprends pas. Qu'entends-tu par là ? « Comment un homme peut-il être engendré, quand il est vieux ? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère, et naître ? » Ou veux-tu dire que la repentance, prêchée par « Jean-Baptiste » et signifiée par le baptême dans l'eau, est dans un certain sens une naissance symbolique ? Je remarque que tes disciples prêchent et baptisent d'une manière semblable. Est-ce là, la nouvelle naissance nécessaire à ceux qui veulent voir le Royaume ou qui veulent y entrer ?

JÉSUS. — Notre nation est une nation consacrée, une nation d'alliance. Tout Israël a été baptisé en Moïse dans la mer et dans la nuée, quand il quitta l'Égypte, Dieu accepta ce peuple en Moïse, le Médiateur de son alliance, au Sinaï ; mais les Juifs ont oublié leur alliance, plusieurs vivent ouvertement la vie de publicains et de pécheurs et plusieurs autres se croient justes par eux-mêmes et sont hypocrites ; la prédication de Jean et celle de mes disciples est donc de se repentir — de retourner à Dieu et de reconnaître l'alliance qui a été faite ; le baptême de Jean symbolise cette repentance et cette réformation du cœur et de la vie, et non pas la nouvelle naissance. Mais à moins que tu ne possèdes plus que cela tu ne verras jamais le Royaume. Il faut donc, en plus de la réformation, symbolisée par le baptême de Jean, que tu sois engendré et né de l'Esprit, sans cela tu ne peux voir mon Royaume. La repentance te ramènera à la condition de justifié ; dans cette condition tu seras de suite capable de me reconnaître comme étant le Messie, l'antitype de Moïse ; et en te consacrant ainsi à moi, tu seras engendré du Père à une nouvelle vie et à la nature divine, laquelle, développée et parvenue à la vie, sera le gage de ta naissance comme créature nouvelle, comme être-esprit, dans la première résurrection ; comme tel non seulement tu verras le Royaume, mais tu y auras part.

C'est en réalité un grand changement qui s'opère par cette nouvelle naissance de l'Esprit, Nicodème ; car « ce qui est né de la chair est chair et ce qui est né de l'Esprit est esprit ». Ne t'étonne donc pas de ma première déclaration qu'il te faut être engendré d'en-haut avant de pouvoir comprendre, connaître et apprécier les choses au sujet desquelles tu demandes des éclaircissements. « Ne t'étonne pas de ce que je t'ai dit : Il vous faut être nés de nouveau ». La différence entre la condition présente, né de la chair, et la condition de ceux, nés de l'Esprit, qui entreront dans le royaume que je prêche ou le constitueront, est très grande. Permets que je te donne une explication grâce a laquelle tu pourras te faire une idée des êtres qui constitueront ce Royaume, lorsqu'ils seront nés de l'Esprit : « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son ; mais tu ne sais pas d'où il vient, ni où il va : Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit ». Tu ne peux voir comment le vent peut souffler, tantôt ici, tantôt là, quoiqu'il exerce son influence tout autour de toi ; tu ne sais ni d'où il vient, ni où Il va. C'est le meilleur éclaircissement que je puisse te donner au sujet de ceux qui, dans la résurrection, seront nés de l'Esprit, de ceux qui « entreront » dans le royaume que je prêche maintenant ou qui le constitueront. Ils seront tous invisibles comme le vent, et les hommes qui ne seront pas nés de l'Esprit ne sauront ni d'où viennent ni où vont ceux-là.

NICODÈME. —  Comment cela se peut-il ? des êtres invisibles ?

JÉSUS. — « Tu es le docteur d'Israël, et tu ne connais pas ces choses ? » — Tu ne sais pas que des êtres-esprits peuvent être présents et pourtant invisibles ? Toi, qui entreprends d'enseigner les autres, n'as-tu  jamais rien lu d'Élisée et de son serviteur, ou de l'ânesse de Balaam, et des exemples si nombreux dans les Écritures qui démontrent ce principe que des êtres-esprits peuvent se trouver parmi les hommes et pourtant être invisibles ? Et tu es même de ces pharisiens qui prétendent croire aux anges comme à des êtres-esprits. Mais cela montre justement ce que je te disais en premier lieu : que si quelqu'un n'est engendré d'en-haut, il ne peut voir, [savoir, comprendre ou reconnaître comme raisonnable] le royaume de Dieu et tout ce qui s'y rattache.

Si tu veux entrer dans ce royaume que j'annonce et en devenir mon cohéritier, il faut que tu suives la lumière pas à pas. Si tu le fais, tu recevras toujours plus de lumière, et cela d'autant plus vite que tu y seras mieux préparé. J'ai prêché jusqu'à présent ces choses qui sont du temps convenable et que tu peux comprendre, j'ai accompli des miracles et tu me reconnais comme un docteur venant de Dieu, mais tu n'as pas agi conformément à ta foi et tu n'es point devenu mon disciple, en me suivant publiquement. Tu ne peux t'attendre à voir davantage, avant de te conduire conformément à tout ce que tu vois ; alors, Dieu te donnera plus de lumière et des clartés pour faire un nouveau pas en avant. « En vérité, en vérité, je te le dis, nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ; et vous [pharisiens] vous ne recevez pas notre témoignage. Si je vous ai parlé des choses terrestres et que vous ne m'avez pas cru, comment croirez-vous, si je vous parle des choses célestes ? » Il ne me servirait de rien de te parler des choses célestes, tu ne serais quand même pas convaincu et ma prédication te semblerait d'autant plus insensée. Si ce que j'ai enseigné, et qui était d'un caractère terrestre, ou expliqué par des choses terrestres que tu peux comprendre et que tu comprends, ne t'a pas assez convaincu pour que tu te reconnaisses publiquement mon disciple, tu ne serais pas plus convaincu si je te parlais des choses célestes, desquelles tu ne comprends rien ; car personne n'est jamais monté au ciel, c'est pourquoi personne ne pourrait confirmer mon témoignage. Moi, qui descendis du ciel, je suis le seul qui comprenne des choses célestes. Aussi « personne n'est monté au ciel, si ce n'est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme » (*). Une connaissance des choses célestes ne peut venir qu'après l'engendrement de l'Esprit, et les choses célestes elles-mêmes, que lorsqu'on est né de l'Esprit, qu'après être devenu un être-esprit.

(*) [Les mots : « qui est dans le ciel » (Jean 3 : 13) ne se trouvent point dans les manuscrit grecs les plus anciens et les plus dignes de confiance ; voyez la remarque de la trad. de STAPFER].

Telle fut la patience qu'il fallut au Seigneur pour déclarer la nature du royaume à ceux que les préjugés et l'instruction empêchaient de voir autre chose que les vues confuses du domaine terrestre. Néanmoins la sélection d'une classe propre à participer au Royaume du Messie, progressa constamment, quoiqu'un reste seul fût élu d'entre les Israélites, auxquels cette participation fut offerte exclusivement durant sept années. Comme Dieu l'avait prévu, le privilège de participer au Royaume du Messie, échappa aux Juifs en tant que peuple, parce qu'ils n'étaient point préparés et parce qu'ils ne saisirent pas l'occasion qui leur était offerte d'y entrer. Une élite seule fut choisie, et l'invitation parvint aux Gentils pour choisir aussi d'entre eux « un peuple qui portât son nom ». Parmi ceux-ci il n'y a aussi qu'un reste, un « petit troupeau », qui sache apprécier le privilège et qui doive être jugé digne de devenir le cohéritier de Christ dans son royaume et dans sa gloire.

             Grave a été l'erreur introduite dans l'église chrétienne nominale de faire croire à tort que ce royaume promis n'est simplement que l'Église nominale dans sa condition présente, et son œuvre uniquement une œuvre de grâce dans le cœur des croyants ; cette erreur a été poussée à un tel degré que l'alliance profane actuelle et le règne de l'Église nominale unie avec le monde semblent, à plusieurs, être la domination du Royaume de Dieu sur la terre. Il est vrai que, dans un certain sens, l'Église est maintenant le Royaume de Dieu, en même temps qu'une œuvre de grâce prospère dans les cœurs des croyants ; mais considérer cela comme une réalisation de tout ce qui est dit de ce royaume et nier l'établissement futur d'un véritable Royaume de Dieu sous toute l'étendue des cieux, équivaudrait à rendre insignifiantes et nulles les promesses les plus fortes et les plus claires, qui ont été enregistrées par le Seigneur, par les apôtres et par les Prophètes, pour nous encourager pour nous aider à vaincre le monde.

            L'Église est souvent appelée le royaume dans les paraboles du Seigneur ; et l'Apôtre en parle comme du royaume sur lequel Christ règne maintenant, lorsqu'Il dit que Dieu nous a délivrés du royaume des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son cher Fils. Nous, qui avons accepté Christ, nous reconnaissons maintenant son droit d'empire acquis par lui et nous lui rendons une obéissance  reconnaissante et volontaire avant qu'il l'établisse de force dans le monde. Nous discernons la différence entre les lois de justice qu'il mettra en vigueur, et le royaume des ténèbres entretenu par l'usurpateur, actuellement le prince de ce monde. La foi dans les promesses de Dieu change notre sujétion, nous nous reconnaissons sujets du nouveau prince, et par sa grâce cohéritiers avec lui dans ce royaume qui sera établi en puissance et en grande gloire.

            Mais ce fait n'annule en aucune façon les promesses que finalement le royaume de Christ « dominera d'une mer à l’autre mer, et depuis le fleuve aux extrémités de la terre » (Ps. 72 : 8) ; que toutes les nations le serviront et lui obéiront ; et que devant lui tout genou fléchira, des choses tant célestes que terrestres (Dan. 7 : 27 ; Phil. 2 : 10). Au contraire, l'élection actuelle du « petit troupeau » confirme plutôt ces promesses.

            Si l'on examine soigneusement les paraboles de notre Seigneur, on verra qu'elles enseignent clairement que la venue ou le règne en puissance du Royaume de Dieu est encore futur, et, chose naturelle, que cet établissement ne peut avoir lieu avant que le Roi vienne. Ainsi la parabole de l'homme de haute naissance qui s'en alla dans un pays éloigné pour se faire investir de l'autorité royale, et revenir ensuite, etc. (Luc 19 : 11-15), situe clairement l'établissement du royaume au retour de Christ. Et voici le message que le Seigneur envoya à l'Église longtemps après : « Sois fidèle jusqu'à à la mort, et je te donnerai la couronne de vie » (Apoc. 2 : 10). Il s'ensuit à l'évidence que les rois qui règneront avec lui ne seront pas couronnés et ne régneront pas dans cette vie.

            L'Église d'à présent n'est donc pas le Royaume de Dieu établi en puissance et en grande gloire, mais elle est le Royaume dans sa condition naissante ou embryonnaire. Et c'est ainsi, en effet, que l'enseignent toutes les expressions du Nouveau Testament qui s'y rapportent. Le royaume des cieux souffre maintenant violence de la part du monde ; le Roi fut maltraité et crucifié ; et quiconque veut suivre ses traces souffrira persécution et violence d'une façon ou d’une autre. Cela ne s'applique, ainsi qu'on le verra, qu'à la vraie Église et non à la multitude qui y appartient de nom. Mais la promesse nous est ainsi faite que si nous (l'Église, le royaume de Dieu à l'état d'embryon), nous souffrons maintenant avec Christ, nous régnerons et serons aussi glorifiés avec lui, au moment voulu, quand il possédera son grand pouvoir et régnera.

            Jacques 2 : 5  nous déclare, d'accord avec l'enseignement de notre Seigneur, que Dieu a choisi les pauvres et les méprisés aux yeux de ce monde, non pour régner maintenant, mais comme « héritiers du royaume qu'il a promis ».

            « Combien difficilement, dit le Seigneur, ceux qui ont des biens entreront-ils dans le royaume du Dieu ! »  (Marc 10 : 23).

            Il est évident qu'il n'entendait pas par là Église nominale, qui règne maintenant avec le monde ; car on fait son possible pour faire entrer les riches dans cette église. Pierre exhorte les héritiers du royaume à la patience, à la persévérance, à la vertu et à la foi, lorsqu'il dit :

            « C’est pourquoi frères, étudiez-vous d'autant plus à affermir votre appel et votre élection ; car en faisant choses vous ne faillirez jamais ; car ainsi l'entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera richement donnée » — 2 Pierre 1 : 10, 11.

             Certains supposent que Paul fait allusion en Rom. 14 : 17 à un royaume au sens figuré ; mais si cette expression est  examinée à la lumière du contexte, il est évident que ce passage ne signifie que ceci : Nous, frères, qui sommes maintenant transportés dans le royaume du cher Fils de Dieu, nous jouissons de certaines libertés quant à notre nourriture, etc., desquelles nous ne jouissions pas comme Juifs sous la loi (v. 14) ; mais si par cette liberté, des frères qui ne peuvent pas encore voir comme nous, se scandalisent et trompent leur conscience, n'en faisons plutôt pas usage. Ne causons pas, par notre liberté d'user d'un aliment, la perte de notre frère pour lequel Christ mourut, mais souvenons-nous que maintenant comme dans l'avenir, les privilèges du royaume consistent en de bien plus grandes bénédictions que dans celle des aliments, notamment dans la liberté de faire le bien, dans notre paix avec Dieu par Christ et dans la joie que nous éprouvons en participant à l'Esprit saint de Dieu. Ces libertés du royaume (maintenant et à toujours) sont si grandes que la liberté d'intérêt secondaire touchant la nourriture, peut bien être sacrifiée maintenant pour le bien de notre frère.

            Ainsi, que nous envisagions la chose à n'importe quel point de vue des Écritures, l'idée que les promesses du royaume sont des illusions mythiques, ou que les conditions de l'heure présente en sont l'accomplissement, est contredite partout.

             La promesse de devenir, avec le Maître, héritier et participant de la dignité royale, fut dans l'Église primitive un puissant encouragement à la fidélité et à la persévérance au temps des épreuves et des persécutions temporelles. Les chrétiens furent avertis qu'ils devaient s'attendre à celles-ci ; et parmi les paroles de réconfort et d'encouragement de l'Apocalypse, données aux sept Églises, aucune promesse n'éclate plus claire et plus forte que celle-ci :

            « A celui qui vaincra, je donnerai de s'asseoir avec moi sur mon trône comme j'ai vaincu moi-même, et me suis assis avec à mon Père sur son trône » ; et, « à celui qui vaincra... je lui donnerai autorité sur les nations ».

            Ce sont des promesses dont on dénaturerait le sens, si, à tort, on les rapportait à une œuvre de grâce actuelle dans les cœurs, ou même à un règne sur les nations dans la vie présente, puisque ceux qui veulent être vainqueurs et veulent acquérir, de cette manière, les honneurs du royaume, n'y arrivent que par la mort dans le service — Apoc. 20 : 6.

            Mais la nature humaine, toujours prompte à saisir la puissance et l’honneur, cherche à éviter les souffrances ; c'est pourquoi nous trouvons que, déjà au temps des apôtres, quelques-uns dans l'église étaient disposés à appliquer à la vie présente les promesses d'honneur et de puissance à venir et commencèrent à agir comme s'ils s'étaient figuré que le temps était déjà venu pour le monde d'honorer l'Église et même de lui obéir. C'est pour corriger, si possible, cette erreur que l’apôtre Paul écrivit, sachant bien que de telles idées auraient des suites fâcheuses pour l'Église, qu'elles fomenteraient l'orgueil et entraîneraient ses membres à renoncer au sacrifice. Il leur dit, comme par ironie :

            « Déjà, vous étés rassasiés ; vous êtes riches ; vous avez régné sans nous ». Et puis il ajoute d'un ton grave : « Et je voudrais bien que vous régnassiez, afin que nous [les apôtres persécutés] aussi nous régnassions avec vous ! » (1 Cor. 4 :  8).

            Ils jouissaient de leur christianisme en essayant d'obtenir grâce à lui autant d'honneur que possible ; et l'Apôtre savait fort bien que s'ils avaient été des disciples fidèles du Seigneur, ils ne se seraient pas trouvés dans une condition pareille. Voilà pourquoi il leur rappelle que si le règne désiré depuis longtemps avait vraiment commencé, lui aussi ne régnerait pas moins qu'eux, et le fait qu'il avait encore à souffrir à cause de sa fidélité pour la vérité, prouvait assez que leur règne était prématuré et qu'il était plutôt un piège qu'une gloire. Puis il ajoute avec une teinte d'ironie :

            « Nous [les apôtres et tous les serviteurs fidèles] nous sommes fous pour l'amour [la cause] de Christ ; mais vous vous êtes sages en Christ ; nous sommes faibles mais vous forts ; vous en honneurs mais nous dans le mépris ».

            Ce n'est pas pour vous faire honte que j'écris ces choses : j'ai un but meilleur et plus noble, — celui DE VOUS AVERTIR ; car le sentier de l'honneur actuel ne conduit pas à la gloire et à l'honneur qui seront révélés ; mais les souffrances et l'abnégation présentés sont le sentier étroit qui conduit à la gloire, à l'honneur et à l'immortalité, à participer au royaume. Je vous supplie donc d'être mes imitateurs. Souffrez maintenant et endurez la persécution et l'outrage, pour que vous puissiez participer avec moi à la couronne de vie, que le Seigneur, le juste juge, me donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui auront aimé son apparition — 1 Cor. 4 : 10-17 ; 2 Tim. 4 : 8.

             Cependant, après que l'Église primitive eut enduré fidèlement bien des persécutions, des théories commencèrent à se répandre parmi elle comme si sa mission était de conquérir le monde, d'établir le royaume des cieux sur la terre et de régner sur les nations avant le second avènement du Seigneur. Cela fut dans l'Église le fondement de l'intrigue mondaine, de la pompe et de l'orgueil, de l'étalage fastueux et des vaines cérémonies, le tout calculé pour intimider et pour captiver le monde, ainsi que pour lui imposer le respect ; et, pas à pas, cela conduisit aux grandes prétentions de la papauté qui s'imagina que, comme royaume de Dieu  sur la terre, elle avait le droit d'exiger de chaque tribu, nation et peuple, le respect et l'obéissance envers ses lois et ses ecclésiastiques. Par cette prétention sans fondement (et  apparemment elle se séduisit elle-même aussi bien que les  autres), la papauté a pendant longtemps couronné et déposé les rois de l'Europe, et elle s'en arroge encore l'autorité, quoique n’étant plus capable de la faire respecter.

            Cette même idée est descendue de la papauté jusqu'au protestantisme, qui pour être plus vague, n'en prétend pas moins que de façon ou d'autre le règne de l'Église va croissant ; et semblables aux Corinthiens, ses adhérents sont « rassasiés » et « riches », et règnent en « rois », comme cela est décrit d'une manière vivante par notre Seigneur (Apoc. 3 : 17, 18). Il s'ensuit que les membres de l'Église qui ne le sont que de nom — ceux qui ne sont pas vraiment convertis, qui ne sont pas réellement du froment, mais plutôt de l'ivraie, des imitations du blé — surpassent de beaucoup en nombre les vrais disciples de Christ. Ces chrétiens de nom sont très opposés à tout sacrifice et abnégation réels et ne souffrent pas la persécution pour la cause de la justice [de la vérité] ; tout au plus tiennent-ils à une forme du jeûne, etc. Ils règnent en réalité avec le monde et ne s’acheminent point à la participation du vrai royaume qui doit être établi par notre Seigneur lors de sa seconde présence.

            Tout observateur attentif doit être frappé de l'inconvenance manifeste entre cette vue et les enseignements de Jésus et des apôtres. Ils enseignèrent qu'il ne peut y avoir de royaume avant la venue du Roi (Apoc. 20 : 6 ; 3 : 21 ; 2 Tim. 2 : 12). En conséquence, le royaume des cieux doit souffrir la violence jusqu'au temps où il sera établi en puissance et en gloire.

DEUX PHASES DU ROYAUME DE DIEU

            S'il est vrai, comme notre Seigneur l'a déclaré, que le Royaume de Dieu ne vient point — ne se manifestera pas dès le début — avec éclat, il n'en est pas moins certain qu'il sera rendu manifeste à tous, en son temps, par des signes extérieurs, clairs et visibles. Lorsque le Royaume de Dieu sera complètement établi, il se composera de deux parties, une phase spirituelle ou céleste et une phase humaine ou terrestre. La phase spirituelle restera toujours invisible à l'homme, car ceux qui la composeront appartiendront à la nature spirituelle, divine, que nul homme n'a vue ni ne peut voir (1 Tim. 6 : 16 ; Jean 1 : 18) ; cependant sa présence et son pouvoir seront manifestés puissamment, et principalement par ses représentants humains, qui constitueront la phase terrestre du Royaume de Dieu.

            Ceux qui constitueront la phase spirituelle du Royaume sont les saints, vainqueurs de l'Age de l'Évangile — le Christ (tête et corps) glorifié. Leur résurrection et leur exaltation à la puissance précédent celles de tous les autres, parce que c'est au moyen de cette classe que tous les autres seront bénis (Héb. 11 : 39, 40). C'est la première résurrection (Apoc. 20 : 5 (*). La plus grande œuvre que cette troupe ointe et glorifiée — le Christ — a devant soi nécessite son exaltation à la nature divine, qui seule est capable de l'accomplir. C'est une œuvre qui ne regarde pas seulement ce monde-ci, mais toutes les choses au ciel et sur la terre s'exécutant tant parmi les êtres spirituels que parmi les êtres humains. — Matth. 28 : 18 ; Col. 1 : 20 ; Eph. 1 : 10 ; Phil. 2 : 10 ; 1 Cor. 6 : 3.

(*) [Les mots « mais le reste des morts ne vécut pas jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis » dans ce verset sont apocryphes. Ils ne se trouvent point dans les manuscrits grecs les plus anciens et les plus digne de confiance, du Sinaï et du Vatican, Nos 1209 et 1160, ni dans le manuscrit syriaque : la traduction Stapfer, en les mettant entre parenthèses, les signale comme douteux. Il faut se rappeler que plusieurs passages qui se trouvent dans les copies modernes y ont été ajoutés et n'appartiennent pas proprement à la Bible. Puisqu'il nous est recommandé de ne rien ajouter à la Parole de Dieu, il est de notre devoir de rejeter de telles additions aussitôt que leur caractère apocryphe est établi. Les mots indiqués s'y sont glissés probablement par accident au cinquième siècle ; car aucun manuscrit d'une date plus ancienne (grec ou syriaque) ne contient ce membre de phrase. Ce ne fut probablement en premier lieu qu'une note marginale faite par un lecteur, qui voulait exposer sa pensée sur le texte, et elle fut plus tard incorporée dans le texte propre par un transcripteur quelconque qui oublia de distinguer le texte et le commentaire].

[La répudiation ou le rejet de ce membre de phrase n'est pas, toutefois, essentielle pour le « plan » exposé dans ce livre-ci ; car vraiment « le reste des morts », — le monde en général — ne vivra point ou plutôt [d'après les traductions anglaise et allemande] ne revivra point dans le plein sens, dans le sens parfait où Adam vécut avant du pécher et de venir sous la sentence de « mourant tu mourras ». La vie parfaite, libre d’infirmité et de condition de mort, est le seul sens que Dieu donne au mot vie. A son point de vue tout le monde a déjà perdu la vie et est mourant et peut être décrit maintenant plus proprement comme mort que comme vivant — 2 Cor. 5 : 14 ; Matth. 8 ; 22].

[Le mot RÉSURRECTION (grec, ANASTASIS) signifie RÉTABLISSEMENT ou RELÈVEMENT. Par rapport à l'homme, il signifie RELEVER l'homme à cet état duquel il tomba, à la pleine perfection humaine — chose perdue par Adam. La perfection DE LAQUELLE notre race déchut, est la perfection A LAQUELLE elle s'élèvera graduellement durant l'Age millénaire de restitution ou de résurrection (l'Age de relèvement et de rétablissement). L'Age millénaire n'est pas seulement l'Age d'épreuve, mais aussi l'Age de bénédiction, et par une résurrection ou restauration à  la VIE, tout ce qui ÉTAIT PERDU doit être restitué à tous ceux qui obéiront de bon cœur, lorsqu'ils auront la connaissance et l'occasion. La résurrection sera un développement graduel et exigera l'Age entier pour son plein accomplissement bien que le réveil, en lui-même à un certain degré de vie et de conscience, comme nous en jouissons maintenant, sera bien entendu un travail de très courte durée. En conséquence, ce sera seulement à l'expiration des mille ans que la race aura pleinement atteint la mesure complète de vie perdue en Adam. Et puisque tout ce qui ne répond pas à la vie parfaite est une condition de mort partielle, il s'ensuit que, quoique les mots susdits ne fassent pas partie de la Parole inspirée, il serait strictement vrai de dire que le reste DES MORTS NE REVIENDRA POINT A LA VIE (ne regagnera point la plénitude de vie perdue) jusqu'à ce que les mille ans de rétablissement et de bénédiction soient accomplis].

 

            L’œuvre de la phase terrestre du Royaume de Dieu se limitera à ce monde-ci et à l'humanité. Et ceux qui seront si hautement honorés au point d'y avoir une part seront les plus exaltés et les plus honorés de Dieu parmi les hommes. C'est la classe dont il est question au chapitre VIII, et dont le jour de jugement précéda l'Age de l'Évangile. Comme ceux qui en font partie ont été éprouvés et trouvés fidèles, ils ne sortiront pas pour venir de nouveau en jugement lors du réveil, mais ils recevront sur le champ le salaire de leur fidélité — une résurrection instantanée à la perfection comme hommes. (Tous les autres, sauf ceux-ci et la classe spirituelle, seront élevés d'une manière graduelle à la perfection durant l'Age millénaire). Ainsi cette classe sera prête tout de suite pour le grand travail du rétablissement et de la bénédiction du reste de l'humanité, comme agents humains du Christ. De même que la nature spirituelle est nécessaire à l'accomplissement de l’œuvre de Christ, ainsi la nature humaine parfaite est appropriée à l'accomplissement futur de l’œuvre qui doit se faire parmi les hommes. Leur ministère s'exercera parmi les hommes ; ils seront vus d'eux, et la gloire de leur perfection sera en même temps un exemple constant et un encouragement pour les autres hommes à s'efforcer de parvenir à la même perfection. Ces Anciens Dignes seront dans la sphère humaine du royaume et seront vus du genre humain, comme cela est pleinement attesté par les paroles de Jésus aux Juifs incrédules qui étaient en train de le rejeter. Il leur dit :

            « Vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu ».

            Que l'on remarque aussi que le Maître ne fait point mention de lui et des apôtres comme étant visibles avec Abraham. Il est un fait certain que le genre humain verra la phase terrestre du royaume et se mêlera avec ceux qui le composeront, mais ce n'est point le cas de la sphère spirituelle ; et ceux qui rejetèrent un si grand honneur seront sans doute douloureusement affectés quand ils apprendront ce qu'ils ont perdu.

            Aucun enseignement explicite ne nous est donné sur la manière exacte dont ces deux phases du royaume des cieux se comporteront ensemble ; mais nous avons une illustration de la manière dont ils peuvent opérer dans les rapports de Dieu envers Israël au moyen de leurs représentants Moïse, Aaron, Josué, les prophètes, etc., — sauf que les manifestations à venir excéderont de beaucoup celles de cet Age-type ; car l’œuvre de l'Age à venir comprend le réveil de tous les morts et le rétablissement des obéissants à la perfection. Cette œuvre nécessitera l'établissement d'un gouvernement parfait parmi les hommes, et cela à son tour réclame des hommes parfaits aux leviers de commande, pour qu'ils puissent diriger comme il le faut les affaires d'état. Elle nécessitera des voies et des moyens propres à l'éducation de l'homme, ainsi que toutes sortes de mesures philanthropiques. Ce noble travail d'élever ainsi la race à pas sûrs et réguliers (sous la direction des membres spirituels invisibles du même royaume), est le grand honneur auquel les Anciens Dignes sont désignés et pour lequel ils sortiront tout préparés, immédiatement après le naufrage définitif des royaumes de ce monde, et après que Satan, leur prince, aura été lié. En qualité de représentants divinement honorés du royaume céleste, ils recevront de bonne heure des preuves de respect et de coopération de la part de tous les hommes.

            Obtenir une place dans la phase terrestre du royaume de Dieu, ce sera trouver la satisfaction à chaque désir et à chaque ambition du cœur humain parfait. Ce sera une heureuse et glorieuse part au moment d'y entrer, et la gloire ira encore s’accentuant au fur et à mesure que le temps s'avancera et que l’œuvre progressera. Et lorsque, à la fin d'un millénaire, l’œuvre grandiose du rétablissement sera accompli par le Christ (en grande partie par l'intermédiaire de ces nobles coopérateurs humains) ; quand la race humaine entière (à l'exception des incorrigibles Matth. 25 : 46 ; Apoc. 20 : 9) sera approuvée devant Dieu sans tache ni ride ni rien de semblable, ceux qui auront été les instruments dans l’œuvre brilleront parmi leurs semblables et devant Dieu, devant Christ et devant les anges, comme « des étoiles à toujours et à perpétuité » (Dan. 12 : 3). Leur œuvre et leur labeur d'amour ne seront jamais oubliés de leurs semblables reconnaissants. On s'en souviendra éternellement — « la mémoire du juste sera perpétuelle » — Ps. 112 : 6.

            Pourtant, si grande que soit la gloire croissante de ces hommes parfaits qui constitueront la phase terrestre du royaume, la gloire de la phase céleste la surpassera de beaucoup. Tandis que ceux-là brilleront comme les étoiles, ceux-ci brilleront comme la splendeur de l'étendue, comme le soleil (Dan. 12 : 3). Les honneurs des cieux aussi bien que ceux de la terre seront déposés aux pieds du Christ. L'homme ne peut qu'imparfaitement se faire une idée de la gloire qui sera révélée dans le Christ à travers les âges innombrables de l'éternité, il ne peut la concevoir clairement — Rom. 8 : 18 ; Eph. 2 : 7-12.

            C'est au moyen de ces deux phases du royaume que la promesse faite à Abraham doit se confirmer : — « En toi et en ta semence toutes les familles de la terre seront bénies », « Ta semence sera comme le sable de la mer et comme les étoiles du ciel » — une semence terrestre et une semence céleste, toutes deux les instruments de Dieu pour bénir le monde. Les deux parties des promesses furent clairement prévues et projetées par Dieu dès le commencement, mais seule la phase terrestre fut vue par Abraham. Dans l'accomplissement Dieu fit plus qu'Abraham  n'attendait : Il choisit les principaux membres de la classe spirituelle (les apôtres et d'autres) hors de la semence naturelle d'Abraham ; il offrit la principale bénédiction, la bénédiction spirituelle, à tous ceux de cette nation qui vécurent au propre temps de cet appel céleste, ce fut bien plus qu'Abraham ne vit dans l'alliance — ce fut grâce sur grâce.

            Paul parle (Rom. 11 : 17) de l'Alliance abrahamique comme d'une racine d'où Israël selon la chair sortit d'une manière naturelle, mais sur laquelle les croyants des Gentils furent entés lorsque les branches naturelles furent retranchées à cause de leur incrédulité. Cela prouve le double accomplissement de la promesse dans le développement des deux semences, terrestre (humaine) et céleste (spirituelle), qui constitueront les deux phases du royaume. Cette alliance-racine porte ces deux sortes de branches distinctes, dont chacune portera dans la résurrection son propre genre de fruit, distinct et parfait — la classe humaine et la classe spirituelle dans la puissance du royaume. Dans l'ordre de développement, le naturel (terrestre) fut le premier, puis vint celui des gouverneurs célestes ; mais dans l'ordre de grandeur de la position et de temps d'installation, le spirituel sera le premier et ensuite viendra le naturel ; et ainsi il y a des derniers qui seront les premiers et il y aura des premiers qui seront les derniers — Matt. 19 : 30 ; Luc 13 : 30.

            La promesse faite à Abraham, à laquelle Etienne fait allusion (Actes 7 : 5), et dans l'espérance de laquelle Israël se reposait, était une promesse terrestre : elle se rapportait au pays. Dieu « promit de lui en donner la possession », dit Etienne. Dieu dit à Abraham :

            « Lève les yeux, et, du lieu où tu es, regarde vers le nord et le midi, vers l'orient et l'occident ; car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. Je rendrai ta prospérité comme la poussière de la terre, en sorte que, si quelqu'un peut compter la poussière de la terre, ta postérité aussi sera comptée. Lève-toi, parcours le pays dans sa longueur et dans sa largeur ; car je te le donnerai » (Gen. 13 : 14-17).

            Etienne montre que cette promesse reste encore à accomplir et qu'elle doit l'être ; car il déclare que Dieu ne donna à Abraham « aucune propriété [en ce pays], pas même de quoi poser le pied ».

            L'Apôtre, écrivant au sujet de cette même classe des Anciens Dignes — entre autres d'Abraham — s'accorde avec Etienne pour dire que la promesse faite à Abraham n'a pas encore été accomplie ; il va même plus loin et démontre que ces promesses terrestres ne sauraient s'accomplir avant que les promesses célestes encore plus élevées à l'égard du Christ (Tête et corps) soient accomplies. Il dit d'eux et de leurs promesses :

             « Tous ceux-là, à la foi desquels il a été rendu témoignage, n'ont pas obtenu [l'accomplissement de] ce qui leur était promis. Dieu ayant en vue [ou pourvu] quelque chose de meilleur pour nous [le Christ] afin qu'ils ne parvinssent pas sans nous à la perfection » (Hébr. 11 : 13, 39, 40).

            Ainsi, il est de nouveau démontré que le Rédempteur et le Restaurateur est d'ordre spirituel, qu'il a sacrifié la nature humaine comme une rançon pour tous, et que de cette classe spirituelle souverainement élevée toutes bénédictions doivent émaner, quel que soit d'ailleurs celui qui recevra l'honneur d'être employé comme instrument ou agent — Rom. 12 : 1 ; Gal. 3 : 29.

            Nous voyons donc que la phase terrestre du royaume sera israélite ; et, autour de ce fait, se groupent ces nombreuses prophéties qui se rapportent à la préséance de cette nation dans le plan de Dieu pour la bénédiction future du monde, lorsque son tabernacle tombé en ruines sera relevé et que Jérusalem sera rendue glorieuse et un sujet de louanges sur toute la terre. Nous trouvons ces déclarations autant chez les prophètes que chez les apôtres ; elles indiquent clairement qu'aux temps du rétablissement, Israël, comme nation, sera la première d'entre toutes les nations qui se mettra en harmonie avec le nouvel ordre de choses ; que la Jérusalem terrestre sera rebâtie sur ses vieilles ruines ; et que sa constitution communale sera rétablie comme autrefois sous des princes ou Juges (Esaie 1 : 26 ; Ps. 45 : 16 ; Jér. 30 : 18). En effet, pourrait-on attendre quelque chose de plus raisonnable que de voir cette nation se réjouir, la première entre toutes, de reconnaître les prophètes et les patriarches ? que de voir sa connaissance de la loi et sa longue discipline sous elle, la rendre propre à la docilité et à l'obéissance envers l'autorité du royaume ? Et tandis qu'Israël sera la première nation qui sera reconnue et bénie, il est encore écrit en sa faveur :

            — « l'Éternel sauvera premièrement les tentes de Juda ».

            Nous estimons peu important d'entrer en discussion sur ce que sont devenues les « tribus perdues » d'Israël, c’est-à-dire de savoir où l'on pourrait les trouver ? Est-il vrai ou ne l'est-il pas que l'on puisse, ainsi que plusieurs le prétendent, suivre leurs traces et trouver leurs descendants parmi certains peuples civilisés de nos jours ? Bien que certaines des preuves avancées ne soient pas déraisonnables, elles ne sont pourtant, somme toute, que des hypothèses et des conjectures. Mais encore dût-on réussir a démontrer clairement que quelques-unes des nations civilisées descendent des « tribus perdues », cela ne prouverait aucun avantage pour elles quant au « haut appel » ; car, depuis leur rejet en tant que nation, il n'est pas fait de distinction entre Juif et Grec, esclave et libre. Si Jamais cette preuve était fournie (cela n'a pas eu lieu jusqu'ici), elle serait en parfait accord avec les prophéties et les promesses ayant rapport à cette nation, qui attend toujours leur accomplissement concernant la phase terrestre du royaume.

            L'affection naturelle, ainsi qu'un reste de confiance encore survivante dans les promesses non accomplies d'il y a si longtemps, et tous ses préjugés naturels, pousseront Israël à l'acceptation générale et prompte des nouveaux gouverneurs ; pendant que sa coutume d'une certaine obéissance à la loi, fera de même que ce peuple entrera promptement dans la réalisation des principes du nouveau gouvernement.

            Comme Jérusalem était le siège de l'empire sous le Royaume-type de Dieu, elle occupera à nouveau la même position et sera « la ville du Grand Roi » (Ps. 48 : 2 ; Matth. 5 : 35). Une ville est le symbole d'un royaume ou d'une autorité, et c'est ainsi que le Royaume de Dieu est symbolisé par la Nouvelle Jérusalem, le nouveau gouvernement venant du ciel sur la terre. Tout d'abord elle ne sera composée que de la classe spirituelle, l'Épouse de Christ, laquelle, telle que Jean la vit, descendra graduellement sur la terre ; c'est-à-dire qu'elle entrera peu à peu en possession du pouvoir, au fur et à mesure que les empires actuels se briseront en pièces, durant le Jour de l'Éternel. Au temps fixé, toutefois, la phase terrestre de cette ville ou gouvernement sera établie, ses parties ou ses membres seront les Anciens Dignes. Il n'y aura pas deux villes (gouvernements) mais une ville, un gouvernement céleste, le gouvernement unique qu'Abraham attendait, « une cité qui a de solides fondements » — un gouvernement érigé en justice, fondé fermement sur le roc de la justice de Christ, le Rédempteur, sur la valeur de la rançon qu'il donna pour l'humanité et sur la fermeté de la justice divine qui ne peut pas plus condamner les rachetés qu’auparavant elle ne pouvait excuser les coupables — Rom. 8 : 31-34 ; 1 Cor. 3 : 11.

            Glorieuse Cité de la Paix ! dont les murailles signifient salut, protection et bénédiction à tous ceux qui y entrent, dont le fondement bâti sur la justice ne peut jamais être ébranlé et dont l'architecte et le constructeur est Dieu ! C’est à la lumière qui resplendira de cette glorieuse cité (royaume) de Dieu que les nations (peuples) marcheront sur le grand chemin de la sainteté, vers la perfection et la pleine harmonie avec Dieu — Apoc. 21 : 24 

(*) [Les mots dans ce verset « QUI AURONT ÉTÉ SAUVES », et le mot « HONNEUR » verset 26, manquent dans les manuscrits les plus anciens et les plus authentiques ils sont également omis par Segond et dans toutes les nouvelles traductions].

            Lorsque les humains auront atteint la perfection, à la clôture de l'Age millénaire, comme nous venons de le voir, ils seront admis comme membres dans le Royaume de Dieu et recevront l'entière domination de la terre, qui leur était assignée dès le commencement — chaque homme sera un souverain, un roi. Cela ressort clairement de la prophétie symbolique de Jean (Apoc. 21 : 24-26) ; car, dans la vision, il ne vit pas seulement le peuple marcher à la lumière de la cité, mais il vit les rois y entrer en gloire ; cependant aucun de ceux dont la présence aurait pu la souiller, ne pouvait entrer. Personne ne peut faire partie de cette cité (royaume) s'il n'a pas été tout à fait éprouvé d'abord, ni aucun de ceux qui commettraient ou aimeraient commettre la tromperie et l'iniquité ; il n'entrera que ceux que l'Agneau inscrira comme dignes de la vie éternelle et ceux auxquels il dira :

            « Venez vous qui êtes bénis de mon Père, possédez en héritage le royaume qui vous est préparé ».

            On ne devrait donc point perdre de vue que si la ville de Jérusalem doit être sans aucun doute rebâtie au sens propre du mot, et qu'elle doit devenir, probablement, la capitale du monde, plusieurs prophéties qui mentionnent Jérusalem et sa gloire future, s'en servent comme d'un symbole, pour décrire le Royaume de Dieu qui doit être établi en grande magnificence.

            Concernant la gloire future de la phase terrestre du royaume, représentée par le symbole de Jérusalem, les prophètes se servent, lorsqu'ils en parlent, d'expressions enthousiastes, disant :

            « Éclatez de joie, exultez ensemble, lieux déserts de Jérusalem ! Car l'Éternel console son peuple, il a racheté Jérusalem ». « Car voici je crée Jérusalem pour être une jubilation, et son peuple, une joie ». « Réjouissez-vous avec Jérusalem, et égayez-vous à cause d'elle, … : que vous vous délecterez de l'abondance de sa gloire. Car ainsi parle l'Éternel : Voici, j'étends sur elle la paix comme une rivière, et la gloire des nations comme un torrent qui se déborde ». « Dans ce temps-là, on appellera Jérusalem le trône de l'Éternel ; et toutes les nations se rassembleront à Jérusalem… » « Beaucoup de peuples iront, et diront : Venez et montons à la montagne [royaume] de l'Éternel, à la maison du Dieu de Jacob, et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers. Car de Sion [de la phase spirituelle] sortira la loi, et de Jérusalem [de la phase terrestre] la parole de l'Éternel » — Esaïe 52 : 9 ; 65 : 18 ; 66 : 10-12 ; Jér. 3 : 17 ; Esaïe 2 : 3.

            Lorsque nous considérons les nombreuses et précieuses promesses de bénédictions futures, faites aux Israélites, et que nous en attendons un accomplissement à la lettre pour ce peuple, il ne faudrait pas oublier que, comme peuple, ils sont typiques aussi bien que réels. A un certain point de vue, ils furent les types de tout le genre humain, et leur Alliance de la Loi d'obéissance fut le type de la Nouvelle Alliance qui doit être établie avec le monde, durant l'Age millénaire et les Ages à venir.

            Le sang de réconciliation sous leur Alliance-type, et leur sacrificature qui l'appliquait à cette nation, étaient des types du sang de la Nouvelle Alliance et de la sacrificature royale qui, durant le Millénium, appliquera ces purifications et bénédictions au monde entier. Ainsi leur sacrificature typifiait le Christ, et cette nation typifiait tous ceux pour lesquels le sacrifice réel fut donné et auxquels les bénédictions réelles parviendront, c'est-à-dire « à chaque homme », « au monde entier ».

            Souvenons-nous donc que, s'il est vrai que les bénédictions futures semblables à celles du passé sont premièrement pour le Juif et ensuite pour le Gentil, ce ne sera que par rapport au temps que les Juifs auront la priorité dans les grâces divines ; et ce sera, comme nous l'avons démontré, la conséquence naturelle de leur éducation sous la loi, qui atteindra son but au temps prévu et les amènera à Christ. Quoique au premier avènement elle n'ait produit qu'une sélection [un résidu ou un reste] parmi eux, au second avènement elle les amènera comme peuple, et en cette qualité Israël deviendra les prémices d'entre les nations. Finalement chaque bénédiction promise à Israël, à l'exception de celles qui se rapportent aux classes élues, aura non seulement son accomplissement réel pour ce peuple, mais aussi son accomplissement-antitype pour toutes les familles de la terre. Sous ce gouvernement-là,

            « Dieu rendra à chacun selon ses œuvres — Gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien, pour le Juif premièrement, puis pour le Gentil ! Car il n'y a point d'acception de personne auprès de Dieu » — Rom. 2 : 6, 10, 11.

            L'apôtre Paul attire notre attention tout spécialement sur la certitude des promesses de Dieu faites aux Israélites pour l'avenir, et montre quelles grâces ils perdirent par leur incrédulité et quelles grâces leur sont encore réservées. Il dit que ce fut à cause de son orgueil, de la dureté de son cœur et de son incrédulité qu'Israël, comme peuple, n'a point obtenu ce qu'il cherchait — la place principale dans la grâce et le service divins. Paul ne parle pas ici de toutes les générations d'Israël depuis Abraham, mais des générations vivant à l’époque du premier avènement ; et ses paroles peuvent s'appliquer à toutes les générations qui vécurent durant l'Age de l'Évangile, Age dans lequel la faveur principale fut offerte — le haut-appel à la nature divine et au cohéritage avec Jésus. Cette faveur, Israël comme peuple perdit l'occasion de la reconnaître et de la saisir. Bien que dès lors Dieu ait visité les Gentils et qu'il en ait appelé beaucoup au moyen de l'Évangile, la plupart d'entre eux aussi, comme Israël, manqueront d'obtenir le prix céleste. Néanmoins, une classe, une élite, un petit troupeau d'entre tous les appelés, accepte l'appel, et, par l'obéissance et le sacrifice de soi-même, affermit son appel et son élection. Ainsi, ce qu'Israël comme peuple dédaigna, et ce que l’église chrétienne de nom manque également d'obtenir, est donné à la classe élue ou choisie, au fidèle « corps de Christ » — qui est élu ou choisi (selon la prescience de Dieu) par la sanctification de l'esprit et par la foi en la vérité — 2 Thess. 2 : 13 ; 1 Pierre 1 : 2.

            Quoiqu'Israël ait perdu cette faveur spéciale par le rejet du Messie, Paul montre que cela ne prouve pas qu'ils furent retranchés entièrement de la faveur ; ils avaient toujours le même privilège d'être entés en Christ et celui d'être participants des grâces spirituelles, que le reste de l'humanité, si, durant le temps de l'appel, ils acceptaient ce dernier par la foi ; car, ainsi que le démontre Paul, Dieu peut les enter à nouveau tout aussi bien qu'il put enter les branches sauvages, et il en a la volonté, s'ils ne persistent pas dans leur incrédulité Rom. 11 : 23, 24.

            Paul démontre en outre que, si Israël perdit la bénédiction principale, « ce qu'il cherchait », la première place dans le royaume de Dieu, de grandes promesses doivent cependant encore être accomplies envers ce peuple ; car explique-il, les dons, les appels, les alliances et promesses de Dieu ne doivent pas être détournés sans être accomplis. Dieu connut la fin dès le commencement ; il savait qu'Israël rejetterait le Messie, et des promesses non équivoques qu'il lui fit, nous pouvons conclure, étant donné sa prescience, qu'il se servira encore des Juifs comme de missionnaires pour bénir le monde, quoique « Israël n'ait point obtenu ce qu'il cherchait » — la faveur principale. Ensuite Paul continue à montrer que les promesses de l'alliance de Dieu aux Israélites, furent de telle nature qu'elles la laissèrent ouverte et indéfinie, quant à savoir si, comme peuple, ils formeraient la semence céleste ou la semence terrestre, s'ils hériteraient et accompliraient le service le plus élevé ou le moins élevé mentionnés dans les promesses. Dieu tint secrète la faveur supérieure spirituelle, jusqu'au temps convenable, et les promesses qui leur furent faites ne mentionnèrent que la faveur terrestre, bien qu'il les favorisât aussi par la première offre des faveurs spirituelles, et leur offrit ainsi bien plus qu'il ne leur avait jamais promis. En un mot, les promesses célestes étaient cachées dans les promesses terrestres. Paul dit que ces promesses ne peuvent faillir et que l'offre des faveurs secrètes d'abord, et leur rejet de la part d'Israël dans son aveuglement, n'invalide ou n'annule en aucun sens l'autre aspect de la promesse. Voilà pourquoi il déclare que bien qu'Israël comme nation soit retranchée de la faveur durant le temps où l'Épouse de Christ est élue du milieu des Juifs et des Gentils, le temps viendra néanmoins, où, lorsque le Libérateur (le Christ, Tête et corps) sera au complet, la faveur divine retournera à Israël selon la chair, et où le glorieux Libérateur détournera l'impiété de Jacob (*) ; et ainsi tout Israël sera sauvé [rentré en faveur] comme l'écrit le prophète. L'Apôtre déclare

(*) [Jacob ici se rapporte à Israël selon la chair].

            « Je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère-ci, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux : C'est qu'un endurcissement partiel est arrivé à Israël JUSQU'A ce que la plénitude des nations soit entrée [jusqu'à ce que le nombre entier choisi parmi les Gentils soit au complet] ; et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit : « Le libérateur [Christ, tête et corps] viendra de Sion ; il détournera de Jacob l'impiété. Et c'est là l'alliance de ma part pour eux, lorsque j'ôterai leurs péchés ». En ce qui concerne l'Évangile [la BONNE NOUVELLE], ils sont ennemis à cause de vous ; mais en ce qui concerne l'élection, ils sont encore bien-aimés à cause des pères. Car les dons de grâce et l'appel de Dieu sont sans repentir. Car comme vous [Gentils] aussi vous avez été, autrefois, désobéissants à Dieu et que, maintenant, vous êtes devenus des objets de miséricorde par la désobéissance de ceux-ci, de même ceux-ci aussi ont été maintenant désobéissants à VOTRE miséricorde [aux mains de l'Église glorifiée], afin qu'eux aussi deviennent des objets de miséricorde. Car Dieu les a renfermés tous — dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous [Comp. Rom 5 : 17-19]. O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! » — Rom. 11 : 25-33.

LES HÉRITIERS DU ROYAUME

            « Qui est-ce qui montera en la montagne [symbole du royaume] de l'Éternel ? et qui se tiendra dans le lieu [le temple] de sa sainteté ? Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur » — Psaume 24 : 3,4.

            La ville de Jérusalem était bâtie sur la cime d'une montagne, sur une double cime ; car elle était divisée en deux parties par la vallée de Tyropéon. Elle n'était néanmoins qu'une seule ville, reliée par des ponts et entourée d'une muraille. C'est sur l'une des deux cimes de montagnes que le temple était bâti. On pourrait ainsi comprendre que cela symbolisait l'union des qualités royales et des qualités sacerdotales dans l'Église glorifiée ; ou l'unique Royaume de Dieu avec ses deux phases — le temple spirituel, dont l'origine n'est point terrestre, mais d'une nature nouvelle, céleste (Héb. 9 : 11), séparé de la phase terrestre tout en étant uni avec elle.

            David fait mention de ces deux lieux. C'était déjà un honneur d'être citoyen de la ville, et un honneur bien plus grand encore d'oser monter dans le saint temple, dans l'enceinte sacrée, dont l'entrée n'était permise qu'aux sacrificateurs. David démontre que la pureté de vie et l'honnêteté de cœur sont nécessaires à quiconque veut parvenir à l'un de ces honneurs. Ceux qui désirent faire partie de la Sacrificature Royale sont exhortés à la pureté, de même que le souverain sacrificateur de notre profession est pur, s'ils veulent être jugés dignes du cohéritage avec lui. Et quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur. C'est, comme nous l'avons déjà vu, une pureté d'intention qui nous est comptée comme pureté absolue ou réelle, la pureté de Christ imputée suppléant à notre insuffisance inévitable et compensant nos faiblesses inévitables, aussi longtemps que nous marchons selon l'esprit et non selon la chair.

            Mais n'oublions pas que la pureté, la sincérité et la consécration entière à Dieu sont indispensables à tous ceux qui veulent entrer dans une des phases du Royaume de Dieu. Il en fut ainsi des Anciens Dignes qui, sous Christ, hériteront de la phase terrestre du royaume. Ils aimèrent la droiture et haïrent l’iniquité ; ils s'affligèrent et se repentirent profondément lorsqu'ils se virent en faute, ou qu'ils trébuchèrent par suite d'une faiblesse ou péché. Ainsi en fut-il des fidèles de l'Age de l'Évangile ; et il en sera de même de tous dans l'Age millénaire, lorsque l'esprit de Dieu, l'esprit de vérité, sera répandu sur toute chair. Les vainqueurs de cet Age doivent également lutter afin de parvenir à la pureté de cœur et de vie, si, selon les arrangements de Dieu, ils veulent obtenir le droit d'entrer dans la ville, dans le royaume qui leur fut préparé dès la fondation du monde, — la domination originelle restaurée.

LE SCEPTRE DE FER

            Beaucoup supposent à tort que lorsque le Royaume millénaire de Christ sera inauguré, tout le monde sera heureux de son règne. Mais il n'en sera pas ainsi. Ses règlements seront bien plus précis que ceux d'un gouvernement antérieur quelconque, et la liberté du peuple sera limitée à un degré qui froissera vraiment bon nombre de ceux qui demandent actuellement à grands cris une augmentation de liberté. La liberté de tromper, de calomnier, de duper et de frustrer les autres, sera entièrement retranchée. La liberté d'abuser de soi-même et des autres dans le manger et le boire, ou de corrompre les bonnes mœurs en quelque façon que ce soit, sera totalement refusée à tous. La liberté ou licence de faire le mal de n'importe quelle espèce ne sera accordée à personne. L'unique liberté qui sera accordée à tous, sera la vraie et la glorieuse liberté des fils de Dieu, la liberté de faire le bien, pour soi-même et pour d'autres, de toute façon et de toute manière ; il ne se fera ni tort ni dommage dans tout ce Royaume saint (Esaïe 11 : 9 ; Rorn 8 : 21). En conséquence, ce gouvernement paraîtra à plusieurs dur et sévère parce qu'ils auront à rompre avec toutes leurs habitudes et coutumes d'autrefois et à briser toutes les institutions fondées maintenant sur de vicieuses habitudes et sur de fausses idées de liberté. A cause de sa fermeté et de sa vigueur, il est appelé d'une manière symbolique un sceptre ou gouvernement de fer. — « Il les paîtra avec une verge de fer » (Comp. Apoc. 2 : 26, 27 ; Ps. 2 : 8-12 et 49 : 14). Ainsi s'accomplira la déclaration :

            « Je ferai de la droiture une règle, et de la justice un niveau ; et la grêle [la vérité dure et pénible] balaiera l'abri du mensonge, et les eaux [la douce vérité] inonderont la retraite cachée », et toutes choses cachées seront révélées. — Ésaïe 28 : 17 ; Matth. 10 : 26.

            Beaucoup se sentiront rebelles envers ce gouvernement parfait et équitable, parce que dans le passé, sous le gouvernement du prince actuel, ils étaient accoutumés à dominer leurs semblables et à vivre complètement aux dépens des autres sans rendre le moindre service en compensation. Et nombreux et sévères seront les coups qu'une vie présente de satisfactions égoïstes et de plaisir exigera et recevra naturellement sous ce règne, avant que les égoïstes aient appris les leçons de ce royaume, qui sont l’équité, la justice et la droiture (Ps. 89 : 32 Darby ; Luc 12 : 47, 48). La leçon à ce sujet sera d'abord infligée à la génération alors vivante et cela dans un temps très proche — Jacques 5.

            Mais, pensée bénie ! Lorsque le Prince de la Vie aura mis en vigueur, avec un sceptre de fer, les lois de droiture et d'équité, les masses qui composent le genre humain apprendront que :

            « la justice élève une nation, mais [que] le péché est la honte des peuples ».

            Ils apprendront que le plan et les lois de Dieu sont ce qu'il y a de mieux pour tous ceux que cela concerne, et, finalement, ils apprendront à aimer la droiture et à haïr l'iniquité (Ps. 45 : 7 ; Héb. 1 : 9). Tous ceux qui, sous ce règne, n'auront pas appris à aimer la justice seront juges indignes de la vie éternelle et seront retranchés du milieu du peuple — Actes 3 : 23 ; Apoc. 20 : 9 ; Ps. 11 : 5-7.

LE ROYAUME ÉTERNEL

            « L'Éternel sera roi sur toute la terre en ce jour-là » (Zach 14 : 9).

             Le  Royaume qu'il établira et mettra dans les mains de Christ durant l'Age millénaire sera le royaume de l'Éternel ; cependant il sera placé sous le gouvernement direct de Christ, son vice-gérant ; conduite semblable à bien des égards à celle des États-Unis envers les États du Sud après la rébellion. Pendant un certain temps, il ne fut pas permis aux États du Sud de se gouverner eux-mêmes par l'élection de leurs propres fonctionnaires, dans la crainte qu'ils ne se conformassent pas aux lois constitutionnelles de l'Union ; mais des gouverneurs munis de pleins pouvoirs furent institués contrôleurs dans le but de reconstruire ces gouvernements d'états et de les ramener à un parfait accord avec le gouvernement central. Ainsi le règne spécial de Christ sur les affaires de la terre est pour un temps limité et pour un dessein particulier, et il finira à l'accomplissement de ce dessein. Par sa rébellion, l'homme a perdu tous ses droits reçus de Dieu, entre autres celui de se gouverner soi-même conformément aux lois de l'Éternel. Dieu racheta tous ces droits au moyen de Christ, et assura à l'homme le droit non seulement de retourner personnellement à son état précédent,  mais aussi à sa charge précédente de roi de la terre. Cependant, l’œuvre de ramener l'homme à Dieu, et cela de la façon qui conviendra le mieux pour lui donner avec fruit la leçon de l'expérience présente, c'est-à-dire en exigeant de lui qu'il fasse des efforts pour son propre rétablissement, réclamera un parfait et puissant gouvernement. Cet honneur d'accomplir le rétablissement de l'homme est confère à Christ qui mourut pour s'en assurer le droit ; et

            « Il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds »,  

— jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne qui ne le reconnaisse, ne l'honore et ne lui obéisse. Puis, lorsqu'il aura accompli sa mission en ce qui regarde le rétablissement ou la restauration du genre humain, il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, et l'humanité traitera directement avec l'Éternel, comme primitivement, — la médiation de l'homme Christ-Jésus ayant accompli pleinement et complètement le grand travail de réconciliation — 1 Cor. 15 : 25-28.

            page 365 Le royaume, lorsqu'il sera remis au Père, restera toujours le Royaume de Dieu et les lois resteront toujours les mêmes. Tout le genre humain parfaitement restauré alors sera capable de montrer une parfaite obéissance à la lettre ainsi qu'à l'esprit de la loi ; tandis que, maintenant, l'homme n'est capable d'observer la loi de Dieu que dans l'esprit d'obéissance ou d'effort. La pleine lettre de cette loi parfaite le condamnerait à mort sur le champ (2 Cor. 3 : 6). Ce n'est que par le moyen de la rançon de Christ que nous sommes admissibles maintenant.

            « C'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant », avant la perfection réelle (Hébr. 10 : 31). 

Maintenant, et avant d'être réellement parfait, personne ne pourrait subsister devant la loi de la justice parfaite ; tous ont besoin de la miséricorde pourvue gratuitement par le sacrifice et le mérite de Christ. Mais lorsque Christ remettra le royaume au Père, il lui présentera l'humanité sans défaut, apte et propre à jouir de l'éternelle félicité sous la loi parfaite de l'Éternel. Toute crainte aura alors disparu et l'Éternel et ses créatures restaurées seront de nouveau en parfait accord, comme au commencement.

            C'est en la remettant dans les mains des humains, qui furent désignés pour avoir cet honneur dès le commencement comme les représentants du Père, que Christ remettra la domination de la terre au Père, à la fin de l'Age millénaire (1 Cor. 15 : 24 ; Matth. 25 : 34). Ainsi le Royaume de Dieu durera éternellement. C'est ainsi que nous lisons ces paroles de notre Seigneur :

            « Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite [à ceux qui par obéissance et conformité auront atteint cette position de faveur durant le règne de mille ans] : Venez, les bénis de mon Père [vous que mon Père a ainsi en vue de bénir], possédez en héritage le royaume qui VOUS a été préparé dès la fondation du monde ».

            Ce royaume et cet honneur qui sont préparés pour l'homme ne doivent pas être confondus avec le royaume et l'honneur encore plus élevés, préparés pour le Christ, et que

            « Dieu avait préordonnés avant les siècles pour notre gloire » (1 Cor. 2 : 7), et auxquels nous fûmes choisis en Christ avant la fondation du monde. Et quoique, comme nous venons de le dire, l'intervention spéciale et le règne du Christ sur la terre doivent avoir un terme, il n'en faut pas conclure que la gloire, l'empire et la puissance de Christ cesseront alors. Oh non ! Christ est revêtu à tout jamais de la gloire et de la puissance divines ; il est, pour toujours, associé à la droite de la faveur de l'Éternel ; et son Épouse et cohéritière participera à perpétuité à sa gloire croissante. Nous ne chercherons pas à décrire les œuvres merveilleuses qui attendent, en d'autres mondes, la puissance de cet agent de l'Éternel si hautement exalté ; nous préférons simplement attirer l'attention sur l'infinitude et l'activité de la puissance divine, et l'immensité de l'univers.

            En vérité, ce Royaume sera alors l'accomplissement du « désir de toutes les nations », dans quelque domaine que notre intérêt se concentre ; car tous les hommes y seront bénis. Aussi, tous peuvent avec ardeur soupirer après ce temps glorieux ; et tous font bien de prier :

            « Ton règne vienne ; ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »

            C'est pour cela que, à son insu, depuis longtemps, la création tout entière est dans le gémissement et dans l'expectative — attendant la révélation des Fils de Dieu, le royaume, qui écrasera le mal et bénira et guérira toutes les nations Rom. 8 : 19 ; 16 : 20.

 

Salut Clarté

 

Salut matin de Sion plein de charme !

Joie au pays qu'enveloppait la nuit !

Cessez vos cris, tout deuil et toute larme ;

Sion triomphe et son beau matin luit.

 

Salut matin de Sion, splendide âge,

Jadis prédit par les voyants hébreux.

Salut au peuple affranchi d'esclavage !

Gentils et Juifs fraternisez heureux !

 

Dans le désert voyez les fleurs paraître ;

Les ruisseaux pleins riant sous le beau ciel.

Les doux échos sur les monts semblent naître,

Le sol abonde en fruits vin, lait et miel.

 

Voyez les morts revenant à la vie ;

Vers l'Éternel les louanges montant ;

La paix survivre a la guerre et l'envie,

Des cieux ravis la milice exultant.

 

( Hymne 72 )

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