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LE DIVIN PLAN DES AGES

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LES ROYAUMES DE CE MONDE

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              L'empire originel. — Sa déchéance. — Sa rédemption et sa restauration. Le royaume typique de Dieu. — L'usurpateur. — Deux domaines de la domination actuelle. — Les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. — La vision de Nébucadnetsar. — La vision de Daniel et son interprétation. — Les royaumes de ce monde envisagé sous un autre point de vue. — Les rapports convenables de l'Église avec les gouvernements actuels. — Bref examen du droit divin des rois. — Fausses prétentions de la chrétienté. — Le cinquième Empire Universel renferme une meilleure espérance.

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Dans le premier chapitre de la Révélation divine, Dieu déclare ainsi son dessein au sujet de sa création terrestre et du gouvernement de cette création :

« Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il les créa mâle et femelle. Dieu les bénit et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et l'assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre ».

C'est ainsi que le gouvernement de la terre fut placé dans les mains de la race humaine qui était représentée par le premier homme Adam ; comme ce dernier était parfait, il était donc qualifié pour être le seigneur, le dominateur ou le roi de la terre. Le commandement de se multiplier, de remplir la terre, de se l'assujettir et de régner sur elle n’était point seulement pour Adam, mais pour toute l’humanité : « qu’ils dominent », etc. (D). Si le genre humain était resté parfait et sans péché, ce gouvernement ne lui aurait jamais été retiré.

On remarquera que, dans cette investiture, il ne fut donné à aucun homme le droit de domination ou d'autorité sur ses semblables ; mais l'empire sur la terre, le pouvoir de la cultiver et d'utiliser ses produits pour le bien commun, furent donnés à la race entière. Ce ne furent pas seulement ses richesses végétales et minérales qui furent mises à la disposition et au service de l'homme, mais aussi toutes les variétés de la vie animale. Si la race était restée parfaite et se fût conformée à cette intention originelle du Créateur, son nombre croissant aurait exigé que les hommes se consultassent entre eux, afin de combiner leurs efforts systématiquement, et de chercher des voies et des moyens pour la juste et sage distribution des biens communs. Et comme dans le cours des temps il eût été impossible, à cause de leur nombre considérable, que tous se rassemblent pour se consulter, il aurait été nécessaire aux diverses classes d'hommes d'en élire quelques-uns pour représenter la totalité ; ces représentants auraient exposé les sentiments communs de tous et auraient agi pour eux. Si tous les hommes avaient été parfaits mentalement, physiquement et moralement ; si chaque homme avait aimé Dieu et ses lois par-dessus tout et son prochain comme soi-même, il n'y aurait eu aucun frottement, aucun désaccord dans une telle organisation.

Envisagé de cette façon, le dessein originel du Créateur, au sujet du gouvernement de la terre, était sous la forme républicaine un gouvernement auquel tous auraient participé, dans lequel chaque homme aurait été un souverain absolu, capable d'exercer en tous points les devoirs de sa charge, tant pour son propre bien que pour le bien général.

La durée à perpétuité de ce gouvernement, conféré à l'homme, ne dépendait que d'une condition : il fallait que cette domination divinement conférée s'exerçât toujours en harmonie avec l'auguste Souverain de tout l'univers, dont la loi unique, exposée brièvement, est l'amour :

« L'amour est l'accomplissement de la loi ». « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée : ... Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Rom 13 : 10 ; Matt 22 : 37-40.

Touchant cette grande faveur conférée à l'homme, David, tout en bénissant Dieu, dit :

« Tu l'as fait un peu moindre que les anges, et tu l'as couronné de gloire et d'honneur. Tu l'as établi dominateur sur les œuvres de tes mains » (Ps. 8 : 5, 6). Cette domination remise au genre humain dans la personne d'Adam, fut l'origine de l'établissement du Royaume de Dieu sur la terre. Dès lors, l'homme exerça la domination en qualité de représentant de Dieu. Mais la désobéissance de l'homme envers le dominateur suprême causa non seulement la perte de sa vie, mais le fit aussi déchoir de tous ses droits et privilèges comme gouverneur représentant Dieu sur la terre. Depuis lors, il est un rebelle détrôné et condamné à mort. Aussi le Royaume de Dieu disparut-il bien vite de la terre, et il n'a plus été rétabli depuis, sauf en Israël, pour une courte durée, et seulement pour servir de type. Bien que l'homme perdit en Eden son droit de vie et de domination, tout cela ne lui fut pas enlevé soudainement ; et pendant toute la durée de cette vie condamnée, il est permis à l'homme d'exercer sa domination sur la terre, selon ses propres idées et d'après ses moyens jusqu'à ce que le temps déterminé de Dieu vienne, « jusqu'à ce que celui à qui appartient ce gouvernement vienne » et qu'il prenne l'empire qu'il a racheté.

Par sa mort, Jésus racheta non seulement l'homme, mais aussi son héritage originel, y compris le gouvernement de la terre. L'ayant racheté, le titre lui appartient ; il en est maintenant l'héritier légitime, et, au temps convenable, sous peu, il prendra possession de ce qu'il s'est acquis (Eph. 1 : 14). Cependant, comme il ne racheta pas l'homme pour en faire un esclave, mais pour le rétablir dans son état premier, il fit de même avec la domination de la terre : il la racheta, avec tous les biens originels de l'homme, dans le but de la restituer à celui-ci aussitôt qu'il serait capable de s'en servir en harmonie avec la volonté de Dieu. Il s'ensuit que le règne du Messie sur la terre ne sera pas d'une durée éternelle. Il ne durera que jusqu'à ce que, par son sceptre de fer, notre Seigneur ait réduit à néant toute rébellion et toute insubordination et rétabli la race déchue dans la perfection originelle, grâce à laquelle elle sera pleinement capable d'exercer la domination, pour laquelle elle fut créée. Quand tout sera restauré, le Royaume de Dieu sera de nouveau sur la terre, et cela, sous l'homme, le représentant choisi de Dieu.

Durant l'Age judaïque, sous Moïse et les Juges (une sorte de république), Dieu organisa le peuple d'Israël comme son royaume qui ne fut que typique. Et le gouvernement plus despotique qui lui succéda, en particulier sous David et Salomon fut, à certains égards, un type du royaume promis du Messie. A l'inverse des nations avoisinantes, Israël avait l'Éternel pour Roi, et ses gouverneurs servaient en son nom sous lui, comme nous l'apprenons du Ps. 78 : 70, 71. Cela est exprimé d'une manière tout à fait précise en 2 Chron. 13 : 8 et 1 Chron. 29 : 23, où Israël est appelé le « Royaume de l'Éternel » et où il est dit que « Salomon s'assit sur le TRÔNE DE L'ÉTERNEL comme roi à la place de David son père », qui s'assit sur le même trône et régna durant les quarante années précédentes, après Saul le premier roi.

Lorsque le peuple d'Israël pécha contre l'Éternel, l'Éternel le châtia à plusieurs reprises et finalement il lui enleva entièrement le royaume. Dans les jours de Sédécias, le dernier roi de la lignée de David, le sceptre du pouvoir royal fut enlevé ; c'est alors que le royaume-type de Dieu fut renversé.

La sentence de Dieu dans cet événement est contenue dans les paroles suivantes :

« Et toi, profane, méchant prince d'Israël, dont le jour est venu au temps de l'iniquité de la fin, ainsi dit le Seigneur, l'Éternel : Ôte la tiare, et enlève la couronne ; ce qui est ne sera plus... J'en ferai une ruine, une... ruine ! Ceci aussi NE SERA PLUS jusqu’à ce que vienne celui auquel appartient le juste jugement [le droit], et je le lui donnerai » (Ezéch. 21 : 30-32 D.). 

En accomplissement de cette prophétie le roi de Babylone vint contre les Israélites, emmena le peuple captif et déposa leur roi. Bien que plus tard, ils recouvrassent leur existence nationale par le moyen de Cyrus, roi de Perse, ils furent dorénavant toujours asservis et contraints à payer le tribut aux empires successifs des Médo-Perses, des Grecs et des Romains, jusqu'à la destruction définitive de leur nationalité en l'an 70 de l'ère chrétienne ; à partir de ce moment ils furent dispersés parmi toutes les nations.

Le royaume d'Israël est l'unique royaume, depuis la chute, que Dieu ait jamais reconnu comme représentant en quelque sorte son gouvernement, ses lois, etc. Nombreuses avaient été les nations avant Israël, mais aucune d'elles ne put prétendre légitimement que Dieu fût son fondateur, ou que ses gouverneurs fussent les représentants de Dieu. Lorsque le diadème de Sédécias lui fut enlevé et que le royaume d'Israël fut renversé, il fut décrété qu'il resterait renverse jusqu'à ce que Christ, l'héritier légitime du monde, vînt pour le réclamer. Ainsi, par voie de conséquence, tous les autres royaumes, arrivés au pouvoir jusqu'au rétablissement du royaume de Dieu, sont désignés par « royaumes de ce monde », sous le « prince de ce monde » ; d'où il résulte que toute prétention à être des royaumes de Dieu de la part de n'importe lequel d'entre eux, n'est fondée. Le Royaume de Dieu ne fut pas non plus « ÉTABLI » au premier avènement de Christ (Luc 19 : 12). Alors et depuis, Dieu n'a choisi du monde que ceux qui seront jugés dignes de régner avec Christ comme cohéritiers de ce trône. Et ce n'est pas avant sa seconde venue que Christ prendra le royaume, la puissance et la gloire, pour régner comme Seigneur sur tous.

Tous les autres royaumes, à part celui d'Israël, sont appelés par les Écritures, les royaumes des païens ou des Gentils, « les royaumes de ce monde, » sous le « prince de ce monde », — Satan. Depuis l'enlèvement du royaume de Dieu dans les jours de Sédécias, le monde resta sans gouvernement que Dieu pût  approuver, ou dont il surveillât spécialement les lois ou les affaires. Indirectement, Dieu reconnut ces gouvernements Gentils, en déclarant publiquement par un décret (Luc 21 : 24), que, durant l'interrègne, l'empire sur Jérusalem et sur le monde s'exercerait par les gouvernements des Gentils.

Cette période d'interrègne ou période intermédiaire entre l’enlèvement du sceptre et gouvernement de Dieu et sa restauration en plus grandes puissance et gloire en Christ, est nommée par les Écritures « les temps des Gentils » (ou des nations). Et ces « temps » ou années, durant lesquels il est permis aux « royaumes de ce monde » de régner, sont fixés et limités, et la période de rétablissement du royaume de Dieu sous le Messie est également fixée et marquée dans l'Écriture.

Il est vrai que ces gouvernements des nations ont été bien mauvais, mais ils furent permis ou « ordonnés de Dieu », dans un sage dessein (Rom. 13 : 1). Leur imperfection et leur tyrannie forment une partie de la leçon générale qui nous montre l'énormité du péché et nous prouve l’incapacité de l'homme déchu de se gouverner lui-même, ne serait-ce qu'en vue de sa propre satisfaction. Dieu leur permet en général d'exécuter leurs propres desseins, tant bien que mal d'après leur capacité, ne les gouvernant lui-même que lorsqu'ils viennent s’immiscer dans ses plans. Son dessein est qu'éventuellement tout concourra au bien et que finalement, même « la colère de l'homme le louera ». Le reste qui ne ferait aucun bien, ne servirait à aucun but et ne serait propre à aucune leçon, il le retient ou l'empêche — Ps. 76 : 10.

Il faut attribuer l'impuissance de l'homme à établir un gouvernement parfait à ses propres faiblesses dans sa condition déchue et dépravée. Ce sont ces faiblesses qui, par elles-mêmes, suffisaient déjà à contrecarrer tous les efforts du genre humain pour produire un gouvernement parfait, que Satan met à profit maintenant, après avoir d'abord poussé l'homme à la déloyauté envers le Gouverneur suprême. Satan a continuellement tiré profit des faiblesses de l'homme pour faire paraître mal ce qui est bien et faire paraître bien ce qui est mal ; il a représenté sous un faux jour le caractère et les plans de Dieu et il a aveuglé l'humanité à l’égard de la vérité. En agissant dans « les fils de la rébellion » (Eph. 2 : 2), il les emmena captifs pour faire sa volonté, et s’arrogea le droit d’être, ainsi que Jésus et les apôtres le nomment, le prince, ou le maître de ce monde (Jean 14 : 30 ; 12 : 31). Ce n’est point légitimement qu'il est le prince de ce monde, mais par usurpation, grâce à la ruse, à la tromperie et à la domination des hommes déchus. Et puisqu’il est un usurpateur, Jésus le destituera d'une manière sommaire. S’il avait un titre réel comme prince de monde, on ne pourrait agir de la sorte envers lui.

Nous voyons donc que la domination de la terre, telle qu'elle est exercée maintenant, a une phase invisible et une phase visible. La première forme est le côté spirituel, et la dernière le côté humain, les royaumes visibles, terrestres, qui sont jusqu'à un certain point sous la direction d'un prince spirituel, Satan. C'est parce que Satan possédait un tel pouvoir qu'il put offrir à notre Seigneur la suprême souveraineté visible de la terre sous sa direction (Matth. 4 : 9). Quand les « Temps des nations » seront terminés, les deux phases du gouvernement actuel auront accompli leurs jours : Satan sera lié et les royaumes de ce monde seront renversés.

La création déchue, aveuglée et gémissante s'est traînée depuis des siècles le long de son pénible chemin, succombant à chaque pas ; ses plus nobles efforts même demeurèrent infructueux. Néanmoins, elle espère sans relâche que l'age d'or, rêvé par ses philosophes, est sur le point d'apparaître. Elle ne sait pas qu'une délivrance plus grande encore que celle qu'elle désire et après laquelle elle soupire doit venir du Nazaréen méprisé et de ses disciples, lesquels, comme Fils de Dieu, seront manifestés sous peu dans la puissance du royaume pour sa délivrance — Rom. 8 : 22, 19.

Dieu ne désire pas que ses enfants restent dans l'obscurité et dans l'incertitude, relativement à sa tolérance à l'égard des mauvais gouvernements actuels et à son intention finale d'en introduire un meilleur, lorsque ces royaumes auront servi au but pour lequel ils ont été admis sous sa Providence qui conduit toutes choses ; aussi nous a-t-il donné, par ses prophètes, quelques grandes vues panoramiques des « royaumes de ce monde », et, pour notre encouragement, il nous a fait voir, chaque fois, que leur renversement s'exécuterait par l'établissement de son propre royaume juste et éternel, ayant pour Chef le Messie, le Prince de la paix.

L'effort actuel de l'homme pour exercer le gouvernement, ne constitue pas un défi victorieux à la volonté et à la puissance de Dieu, mais il a lieu avec sa permission ; cela est démontré par le message de Dieu à Nébucadnetsar, message dans lequel Dieu donne la permission aux quatre, grands empires — Babylone, Médo-perse, Grèce et Rome de régner jusqu'à l'époque de l'établissement du royaume de Christ (Dan. 2 : 37-43 ). Cela indique le terme de leur puissance et de leur règne.

Si nous portons maintenant nos regards sur ces visions prophétiques, rappelons-nous qu'elles commencèrent par Babylone au temps du renversement du royaume d'Israël, le royaume-type de l'Éternel.

LA VISION DE NEBUCADNETSAR

SUR LES GOUVERNEMENTS TERRESTRES

Le songe de Nébucadnetsar et son interprétation divine par le prophète (Dan. 2 : 31-45 ) appartiennent aux choses « écrites auparavant pour notre instruction », afin que nous, à qui il est commandé d'être soumis « aux autorités qui existent », nous ayons espérance « par la patience et la consolation des Écritures » — Rom. 15 : 4 ; 13 : 1.

Daniel expliqua le songe et dit :

            « O roi tu regardais, et tu voyais une grande statue ; cette statue était immense, et d'une splendeur extraordinaire ; elle était debout devant toi et son aspect était terrible. La tête de cette statue était d'or pur ; sa poitrine et ses bras d'argent ; son ventre et ses cuisses étaient d'airain ; ses jambes de fer ; ses pieds en partie de fer et en partie d'argile. Tu regardais, lorsqu'une pierre se détacha [fut découpée] sans le secours d'aucune main, frappa les pieds de fer et d'argile de la statue et les mit en pièces. Alors le fer, l'argile, l'airain, l'argent et l'or, furent brisés ensemble, et devinrent comme la balle qui s'échappe d'une aire en été ; le vent les emporta, et nulle trace n'en fut retrouvée. Mais la pierre, qui avait frappé la statue, devint une grande montagne, et remplit toute la terre.

« Voilà le songe. Nous en donnerons l'explication devant le roi. O roi, tu es le roi des rois, car le Dieu des cieux t'a donné l'empire, la puissance, la force et la gloire [C'est ici que les royaumes des Gentils ou les « autorités qui existent » furent ordonnés de Dieu]. Il a remis entre tes mains, en quelque lien qu'ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, et il t'a fait dominateur sur eux tous ; c'est toi qui es la tête d'or.

« Après toi, il s'élèvera un autre royaume, moindre que le tien [argent] ; puis un troisième royaume, qui sera d'airain, et qui dominera sur toute la terre. Il y aura un quatrième royaume, fort comme du fer ; de même que le fer brise et rompt tout, il brisera et rompra tout, comme le fer qui met tout en pièces. Et comme tu as vu les pieds et les orteils en partie d'argile de potier et en partie de fer, ce royaume sera divisé ; mais il y aura en lui quelque chose de la force du fer, parce que tu as vu le fer mêlé avec l'argile. Et comme les doigts des pieds étaient en partie de fer et en partie d'argile, ce royaume sera en partie fort et en partie fragile ».

Celui qui étudie l'histoire peut facilement découvrir les quatre grands empires décrits par Daniel, parmi le grand nombre d'empires ou de royaumes inférieurs qui se sont élevés sur la terre. Ils sont nommés EMPIRES UNIVERSELS ; le premier est celui de Babylone, la tête d'or (v. 38) ; le second est celui des Médo-Perses, vainqueur de Babylone, la poitrine d'argent ; le troisième est celui de la Grèce, vainqueur des Médo-Perses, le ventre d'airain ; et le quatrième est celui de Rome, le royaume fort, les jambes de fer et les pieds mêlés de fer et d'argile. Trois de ces empires ont disparu, et le quatrième, l'empire romain, avait le pouvoir prépondérant à l'époque de la naissance de notre Seigneur, ainsi que nous lisons :

« Il arrivera en ces  jours-là qu'un décret fut publié de la part de César Auguste, [portant] qu'il fût fait un recensement de toute la terre habitée » — Luc 2 : 1.

L'empire de fer, Rome, était de beaucoup le plus fort, et dura plus longtemps que ses prédécesseurs. En fait, l'empire romain subsiste encore parmi les peuples de l'Europe. C'est justement sa division actuelle que nous montrent les dix orteils de la statue. L'élément de l'argile mêlé avec le fer dans les pieds représente le mélange de l'église et de l’État. Ce mélange est nommé par les Écritures « Babylone » — la confusion. Comme nous le verrons tout à l'heure, la pierre est le symbole du vrai Royaume de Dieu, et Babylone y substitua une imitation de pierre, — argile ou terre glaise — qu’elle a unie les débris fragmentaires de l'empire [de fer] romain. Et ce système mixte — l'église et  l'État — l'Église nominale unie aux royaumes de ce monde, que le Seigneur nomme Babylone, confusion, se permet de s'appeler Chrétienté — le Royaume de Christ. Daniel explique :

« Tu as vu le fer mêlé avec l'argile, parce qu'ils se mêleront  par des alliances humaines [le mélange de l'église et de L'État — Babylone] ; mais ils ne seront point unis l'un a l’autre, de même que le fer ne s'allie point avec l'argile.

Ils ne peuvent pas s'amalgamer complètement.

« Dans le temps de ces rois [les royaumes représentés par les orteils, les prétendus « royaumes chrétiens » ou Chrétienté »], le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d'un autre peuple : il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement » — Dan. 2 : 43, 44.

Daniel ne déclare point ici à quel moment se produira la fin de ces gouvernements des Gentils : nous trouvons cela ailleurs ; mais chaque circonstance prédite indique qu'aujourd'hui la fin en est proche, qu'elle est à la porte. Le système papal a prétendu longtemps être le royaume que le Dieu des cieux promit de susciter, ajoutant que, en accomplissement de cette prophétie, la papauté mit en pièces les autres royaumes et les consuma. La vérité, toutefois, est que l'Église nominale est simplement unie aux empires terrestres, de même que l'argile l'est au fer, et que la papauté ne fut jamais le vrai Royaume de Dieu, mais n'en fut simplement qu'une contrefaçon. Une des preuves les plus éclatantes que la papauté ne détruisit et ne consuma point ces royaumes terrestres, c'est qu'ils existent encore. Et maintenant  que l'argile boueuse est devenue sèche et « fragile », sa force de cohésion s'en va et l'argile et le fer laissent voir des signes de désagrégation et tomberont rapidement en poussière quand la « pierre », le vrai Royaume les frappera.

Continuant son interprétation, Daniel déclare :

« C'est ce qu'indique la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans le secours d'aucune main, et qui a brisé le fer, l'airain, l'argile, l'argent et l'or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver après cela. Le songe est véritable, et son explication est certaine » — Verset 45.

La pierre qui se détache de la montagne sans l'aide d'une main et qui brise et disperse les puissances des nations, représente la vraie Église, le Royaume de Dieu. Durant l'Age de l'Évangile, ce Royaume de « pierre » est formé, « détaché », taillé et façonné pour sa position et sa grandeur futures, non avec le secours de la main humaine, mais par la puissance ou l'esprit de la vérité, la puissance invisible de l'Éternel. Quand ce royaume sera achevé et entièrement détaché, il frappera et anéantira les royaumes de ce monde. Ce ne sont pas les gens, mais les gouvernements, qui sont symbolisés par la statue, et ce seront eux qui seront détruits, afin que les gens puissent être délivrés. Notre Seigneur Jésus n'est pas venu pour détruire les vies humaines, mais pour les sauver — Jean 3 : 17.

Pendant la préparation de la pierre, pendant qu'elle se détache, on pourrait l'appeler une montagne embryonnaire, en raison de sa destinée future ; de même l'Église, elle aussi, pourrait être et est quelquefois appelée le royaume de Dieu. En fait, pourtant, la pierre ne devient la montagne qu'après avoir frappé la statue. Et ainsi en est-il de l'Église, dans la pleine acception du mot ; elle ne deviendra le Royaume qui remplira toute la terre avant que le « jour de l'Éternel », le « jour de colère sur les nations » ou « le temps de détresse » ait passé, et qu'elle soit établie et que tous les autres empires lui aient été soumis.

Rappelez-vous maintenant la promesse faite par Jésus aux vainqueurs de l'Église chrétienne :

« Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône »,— et « à celui qui aura vaincu et qui aura gardé mes œuvres jusqu'à la fin, je lui donnerai puissance sur les nations ; il les gouvernera avec une verge de fer, et ELLES seront brisées comme les vases d'un potier, selon que j'en ai reçu le pouvoir de mon Père » (Apoc. 3 : 21 ; 2 : 26, 27 ; Ps. 2 : 8-12). Quand la verge de fer aura accompli son œuvre de destruction, alors la main qui a frappé se tournera pour guérir, et les peuples retourneront à l'Éternel, et il les guérira. (Esaïe. 19 : 22 ; Jér. 3 : 22, 23 ; Osée 6 : 1 ; 14 : 4 ; Ésaïe 2 : 3) leur donnant l'ornement au lieu de la cendre, l'huile de joie au lieu du deuil et un vêtement de louange au lieu d'un esprit abattu.

LA VISION DE DANIEL

SUR LES GOUVERNEMENTS TERRESTRES

Dans la vision de Nébucadnetsar nous voyons les empires de la terre tels qu'ils se présentent au point de vue du monde, comme un déploiement de gloire, de grandeur et de puissance humaines, quoiqu'on y aperçoive cependant un indice de leur décadence et de leur destruction finale, ainsi que cela est représenté dans la décroissance de l'or jusqu'au fer et à l'argile.

La classe de la pierre, la vraie Église, a été estimée par le monde comme n'ayant aucune valeur pendant sa formation, ou lorsqu'elle fut prise de la montagne. Elle a été méprisée et rejetée par les hommes : ils n'y virent ni beauté ni éclat qui pût la leur faire désirer. Le monde aime, admire, loue et défend les monarques et les gouvernements représentés dans cette grande image, bien qu'il ait été continuellement déçu, trompé, blessé, et opprimé par eux. En prose et en vers, le monde célèbre les grands héros de cette statue, couronnés de succès, ses Alexandre, ses César, ses Bonaparte et autres, dont la grandeur et le génie se manifestèrent par le massacre de leurs semblables, et qui, dans leur désir immodéré de régner, firent des millions de veuves et d'orphelins. Et c'est encore cet esprit, — tel qu'il existe dans les « dix orteils » de la statue, — que nous voyons se manifester aujourd'hui dans ces armées bien organisées de plus de douze millions d'hommes armés jusqu'aux dents, et qui sont tout prêts à se tuer les uns les autres — au moyen de toutes ces inventions sataniques d'une ingéniosité moderne — au commandement des « puissances qui subsistent ».

« Maintenant nous tenons pour heureux les orgueilleux, même ceux qui commettent la méchanceté prospèrent [LITT. sont bâtis ou établis] » (Mal. 3 : 15).

Ne pouvons-nous pas voir que la destruction de cette grande statue provenant du choc de la pierre et de l'établissement du Royaume de Dieu, ne signifie rien moins que la libération des opprimés et la bénédiction de tous ? Encore que le changement doive causer pour un temps des désastres et de l'affliction, il produira finalement les fruits paisibles de la justice.

Mais maintenant, tout en nous rappelant la diversité des points de vue, contemplons les mêmes quatre empires universels du point de vue de Dieu et de ceux qui sont en harmonie avec lui, tels qu'ils furent dépeints en vision à Daniel, le prophète bien-aimé. De même qu'à nous, ils apparaissent sans gloire, brutaux, ainsi à lui, ces quatre empires universels apparaissent comme quatre grandes bêtes sauvages et voraces. Et, à sa vue le royaume de Dieu à venir (la pierre) fut proportionnellement plus grand que ce que vit Nébucadnetsar. Daniel dit :

« Je regardais pendant ma vision nocturne, et voici, les quatre vents des cieux firent irruption sur la grande mer. Et quatre grands animaux sortirent de la mer, différents l'un de l'autre. Le premier était semblable à un lion, et avait des ailes d'aigle ;... et voici, un second animal était semblable à un ours... et voici, un autre était semblable à un léopard... Après cela je regardais pendant mes visions, nocturnes, et voici, un quatrième animal, épouvantable et terrible, et extraordinairement fort ; il avait de grandes dents de fer, il mangeait, brisait et il foulait aux pieds ce qui restait ; il était différent de tous les animaux précédents ; et il avait dix cornes » — Dan. 7 : 2-7.

Nous passons, comme ayant peu d'importance dans notre présent examen, les détails relatifs aux trois premières bêtes (Babylone le lion, Médo-Perse l'ours, et Grèce le léopard) avec leurs têtes, leurs pieds, leurs ailes, etc., détails qui tous ont une signification symbolique, pour nous occuper des détails concernant la quatrième bête, Rome.

De la quatrième bête, Rome, Daniel dit :

« Après cela, je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici, il y avait un quatrième animal, terrible, épouvantable, et extraordinairement fort,... et il avait dix cornes. Je considérais les cornes, et voici, une autre petite corne sortit du milieu d'elles, et trois des premières cornes furent arrachées devant cette corne ; et voici, elle avait des yeux comme des yeux d'hommes, et une bouche qui parlait avec arrogance » — Dan. 7 : 7, 8.

Ici c'est l'empire romain qui est dépeint ; et les divisions de sa puissance sont spécifiées dans les dix cornes, une corne étant un symbole de puissance. La petite corne qui surgit du milieu d'elles, qui s'appropria la puissance de trois d'entre elles et régna parmi les autres, représente le petit commencement et l'élévation graduelle au pouvoir de l'Église de Rome, de la puissance ou corne papale. Aussitôt qu'elle s'éleva en influence, trois divisions, cornes ou puissances de l'Empire romain (les Hérules, l'Exarchat de l'Est et les Ostrogoths), furent arrachés de son chemin pour faire place à son établissement comme puissance ou corne civile. Cette dernière corne, plus spécialement élevée, la papauté, se signale par ses yeux, qui signifient intelligence et par sa bouche — ses paroles, ses prétentions, etc...

            Daniel n'a donné aucun nom descriptif à cette quatrième bête représentant Rome. Tandis que les autres sont décrites comme ressemblant à un lion, à un ours et à un léopard, la quatrième est si féroce et si hideuse qu'elle n'a pu être comparée à une bête de la terre. Jean, à qui fut révélée l'Apocalypse et qui vit en vision la même bête (gouvernement) symbolique, ne sut pas non plus par quel nom il devait la décrire, il lui en donna finalement plusieurs. Entre autres, il l'appela « le diable » (Apoc. 12 : 9). Il choisit certainement là un nom approprié, car Rome, envisagée à la lumière de ses persécutions sanglantes, a été en effet le plus diabolique de tous les gouvernements terrestres. Même dans sa transformation de Rome païenne en Rome papale, nous avons une démonstration de ce qui caractérise principalement Satan ; car lui aussi se déguise pour apparaître en ange de lumière (2 Cor. 11 : 14) ; c'est justement ce qu'a fait Rome ; elle s'est transformée extérieurement du paganisme au christianisme et a prétendu être chrétienne — le royaume de Christ (*).

(*) [Le fait que Rome est appelée « le diable » ne prouve nullement qu'il n'y a pas de diable EN PERSONNE ; mais plutôt le contraire. C'est parce qu'il y a bien des lions, des ours et des léopards, avec des particularités caractéristiques connues, que les gouvernements peuvent leur être comparés ; et, de même, c'est parce qu'il y a un diable avec un genre de caractère connu, que le quatrième empire peut lui être comparé].

Après qu'il eut donné plusieurs détails à l'égard de cette dernière bête — la romaine — et spécialement au sujet de sa corne étrange, la corne papale, le prophète déclare que le jugement se tint contre cette corne, et qu'il commencerait par la perte de sa domination, qui se consumerait par un acheminement graduel jusqu’à ce que la bête soit détruite.

Cette bête, l'empire romain, existe encore dans ses cornes ou divisions ; et elle sera tuée par l'insurrection des masses et par la chute des gouvernements dans « le jour de l'Éternel », préalablement à la reconnaissance du règne céleste. Cela se voit clairement en d'autres passages qu'il nous reste à examiner. Toutefois, c'est la consomption de la corne papale qui survient en premier lieu. Sa puissance et son influence commencèrent à se consumer lorsque Napoléon emmena le pape captif en France. Et lorsque ni les foudres papales, ni les prières ne purent le délivrer de la puissance de Bonaparte, les nations furent clairement convaincues que l'autorité et la puissance divines dont la papauté se prévalait tant, étaient sans fondement. Dès lors, le pouvoir temporel de la papauté décrût rapidement jusqu'à ce que, en septembre 1870, Victor Emmanuel, roi d'Italie, lui en fît perdre le dernier vestige.

Durant tout le temps que progressa sa destruction, elle n'en continua pas moins à proférer ses grands discours ampoulés et blasphématoires. Sa dernière grande prétention eut lieu en 1870, lorsque, quelques mois seulement avant sa chute, elle proclama la déclaration de l’infaillibilité des papes. Tout cela est spécifié dans la prophétie qui dit :

« Je regardais alors [c'est-à-dire après le décret contre cette « corne », après que sa consomption ou destruction eut commencé], à cause des paroles arrogantes que prononçait la corne » — Daniel 7 : 11.

            Cela nous amène à l'histoire contemporaine et nous permet de reconnaître que la chose la plus proche que nous devions attendre, est la complète destruction des empires de la terre. Cela est décrit par les mots :

« Tandis que je regardais, l'animal fut tué, et son corps fut anéanti, livré au feu pour être brûlé ».

L'abattage et l'incinération de la bête sont aussi bien des symboles que la bête elle-même ; ils signifient la destruction complète et sans retour des gouvernements actuels. Dans le verset 12, le prophète remarque une différence entre la fin de cette quatrième bête et celle des trois précédentes. Ces trois (Babylone, Perse et Grèce) furent successivement dépouillées de leur empire, elles cessèrent d'être des puissances régnant sur la terre, mais leur vie comme peuple ne cessa point immédiatement. La Grèce et la Perse ont encore un peu de vie, quoiqu'il y ait des siècles que l'empire universel leur a été enlevé. Mais il n'en sera pas de même de l'empire romain, la quatrième et la dernière de ces bêtes. Elle perdra tout à la fois et l'empire et la vie, et s'en ira en complète destruction, et avec elle les autres disparaîtront aussi — Dan. 2 : 35.

Quels que puissent être les moyens ou instruments employés, la cause de leur chute sera l'établissement du cinquième Empire Universel de la terre, le Royaume de Dieu, sous Christ, à qui appartient le droit de gouvernement. Le transfert du règne de la quatrième bête, lequel pour un temps déterminé fut « ordonné de Dieu », au cinquième royaume, sous le Messie, lorsque le temps déterminé sera venu, est décrit par le prophète en ces termes :

« Je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu'un de semblable à un fils de l'homme ; il s'avança vers l'ancien des jours, et on le fit approcher de lui. On lui donna [au Christ Chef et corps complet] la domination, la gloire et un royaume ; et tous les peuples, les nations et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son royaume ne sera jamais détruit ».

Cela signifie, comme l'ange l'interpréta : que

« le royaume, la domination et la grandeur de tous les royaumes qui sont sous les cieux, seront donnés au peuple des saints du Très-Haut. Son royaume est un royaume éternel et toutes Ies dominations le serviront et lui obéiront » — Dan. 7 : 13, 27.

            Nous voyons donc que le gouvernement de la terre sera placé dans les mains de Christ par l'Éternel (« l'Ancien des jours »), qui doit « mettre toutes choses sous ses pieds » (1 Cor. 15 : 27). Ainsi placé sur le trône du royaume de Dieu, il faut qu'il règne jusqu’à ce qu'il ait détruit toute autorité et tout pouvoir en conflit avec la volonté et la loi de l'Éternel. Pour l'accomplissement de cette grande mission, le renversement de ces gouvernements de nations est nécessaire avant tout ; car les « royaumes de ce monde », de même que le « prince de ce monde », ne se rendront pas sans résister, mais devront être liés et terrassés par la force. Voilà pourquoi on lit :

« Pour lier leurs rois de chaînes, et leurs nobles de ceps de fer ; pour exercer sur eux le jugement qui est écrit. Cet honneur est pour tous ses saints » — Ps. 149 : 8, 9.

            Si nous envisageons ainsi les gouvernements actuels du point de vue de notre Seigneur et du prophète Daniel, et reconnaissons leur caractère féroce, destructif, bestial et égoïste, nous ne pouvons que désirer vivement la fin des gouvernements des nations ; et nous nous réjouissons en regardant en avant vers ce temps béni où les vainqueurs de l'Age présent seront mis sur le trône avec leur Chef pour gouverner, bénir et restaurer la création gémissante. En vérité, tous les enfants de Dieu peuvent prier ardemment avec leur Seigneur, en disant :

« QUE TON RÈGNE VIENNE ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

            Chacun de ces gouvernements représentés par la statue et par les bêtes, existait déjà avant d'exercer la puissance comme empire universel. Ainsi en est-il du vrai Royaume de Dieu, il existe depuis longtemps, séparé du monde, sans chercher à régner, mais attendant son temps, le temps fixé par l'Ancien des jours. Et de même que les autres, il faut qu'il accomplisse sa destinée et qu'il parvienne au pouvoir avant de pouvoir exercer sa puissance envers la bête ou le royaume qui l'a précédé, c'est-à-dire en le frappant et en l'abattant. De là, la justesse de l'expression : « Dans le temps de ces rois [pendant qu'ils sont encore au pouvoir], le Dieu des cieux suscitera [établira en puissance et autorité] un royaume » quand il sera suscité, « il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement » (Dan. 2 : 44). Par conséquent, de quelque manière que nous l'attendions, il nous faut attendre que le Royaume de Dieu soit inauguré avant la chute des royaumes de ce monde et que sa puissance et son frappement amènent leur renversement.

LES GOUVERNEMENTS ACTUELS ENVISAGES

D'UN AUTRE POINT DE VUE

            Le droit et l'autorité suprêmes de gouverner le monde appartiennent et appartiendront toujours au Créateur, l’Éternel, peu importe à qui il permette d'exercer une autorité qui lui soit subordonnée. A la suite des imperfections et des infirmités résultant de sa déloyauté envers le Roi des rois, Adam devint bientôt faible et délaissé. Comme monarque, il commença par perdre le pouvoir grâce auquel, par la force de sa volonté, il commanda d'abord aux animaux inférieurs et s'en fit obéir. Il perdit également le contrôle de lui-même au point que lorsqu'il voulut faire le bien, sa faiblesse apparut accompagnée du mal, de sorte que le bien qu'il eût aimé faire, il ne le fit pas, mais il fit le mal qu'il eût voulu éviter.

            Ce n'est pas que nous cherchions à excuser notre race rebelle, mais nous ne pouvons que sympathiser avec ses vains efforts pour se gouverner elle-même et pour améliorer son propre sort. Et on ne peut guère que louer le succès remporté par le monde dans cette direction. Car encore que nous reconnaissions bien le caractère réel de ces gouvernements en les comparant à des bêtes, tout corrompus qu'ils étaient, ils ont été bien préférables à l'absence de gouvernement, bien préférables à la licence et à l'anarchie. Quoique l'anarchie eût été probablement tout à fait agréable au « prince de ce monde », il n'en fut pas ainsi chez ses sujets et sa puissance n’est pas absolue : elle ne s'étend que jusqu'à la limite de sa capacité d'agir par le moyen de l'homme ; et il faut que sa politique s'adapte dans une large mesure aux idées, aux passions et aux préjugés des hommes. L'homme voulait un gouvernement autonome, indépendant de Dieu ; et lorsque Dieu lui permis d'en faire l'expérience, Satan saisit l'occasion pour étendre son influence et son empire. Aussi, arriva-t-il que, en ne se souciant pas de connaître Dieu (Rom 1 : 28), l’homme s'exposa à l'influence de cet ennemi rusé et puissant, quoique invisible ; et, depuis, il a été obligé de lutter aussi bien contre les machinations de Satan, que contre ses propres infirmités.

            Puisqu'il en est ainsi, jetons encore une fois nos regards sur les royaumes de ce monde, et envisageons-les comme l'effort de l'humanité déchue pour se gouverner elle-même, indépendamment de Dieu. Quoique la corruption individuelle et l'égoïsme aient écarté le cours de la justice en sorte que, sous les royaumes de ce monde, on ait rarement rendu pleine justice à qui que ce soit, cependant le but prétendu de chaque gouvernement fut toujours celui d'avancer le règne de la justice et d'accroître le bien être de tous.

Jusqu'à quel point ce but a-t-il été atteint ? C'est une autre question ; mais c'était la prétention de tous les gouvernements, et la raison pour laquelle les peuples gouvernés se soumirent et les supportèrent. Et là où la justice fut grossièrement méconnue, ou bien la foule fut aveuglée ou trompée, ou bien il s’ensuivit des guerres, des émeutes et des révolutions.

Les actions noires de vils tyrans qui parvinrent à la puissance dans les gouvernements du monde, n'était point la résultante des lois et des institutions de ces gouvernements ; mais ce sont ces tyrans-là qui ont donné à ces gouvernements la marque de leur caractère bestial en abusant de l'autorité usurpée et en s'en servant pour des buts inavouables. Chaque gouvernement a eu, en général, des lois sages, justes et bonnes, — des lois pour la protection de la vie et de la propriété, pour la protection du commerce et de la famille, pour le châtiment du crime, etc. Ils ont eu de même, en cas de conflits, des cours d'appel, où la justice fut bien administrée, jusqu'à un certain degré tout au moins ; et si imparfaits que puissent avoir été les fonctionnaires, l'avantage et la nécessité de pareilles institutions sont évidents. Si pauvres qu'aient été ces gouvernements, sans eux, les éléments inférieurs de la société l'auraient, depuis longtemps, emporté sur les éléments plus justes et meilleurs, par la force du nombre.

Nous reconnaissons donc le caractère bestial de ces gouvernements, en  I'attribuant à l'arrivée au pouvoir d'une majorité de dirigeants injustes, grâce aux intrigues et aux tromperies de Satan, qui se sert des faiblesse de l'homme, de ses idées et de ses goûts corrompus ; d'un autre côté nous les reconnaissons aussi comme les meilleurs efforts d'une pauvre humanité déchue, se gouvernant elle-même. De siècle en siècle Dieu souffrit que les hommes en fissent I'essai et qu'ils en vissent les résultats. Mais après des siècle d’expériences, les résultats sont encore aussi loin d’être satisfaisants aujourd'hui qu'à aucune période de l'histoire du Monde. En effet, le mécontentement est plus général et plus répandu que jamais ; non qu'il y ait aujourd'hui plus d'oppression et d'injustice qu’autrefois, mais parce que, sous les dispositions prises par Dieu, les yeux des hommes s'ouvrent toujours davantage par l'accroissement de la connaissance.

Les divers gouvernements qui ont été établis à travers les temps ont montré l'aptitude moyenne de chaque peuple à se gouverner lui-même. Même là où les gouvernements despotiques ont existé, le fait qu'ils furent tolérés par les masses, prouve que le peuple n'était pas capable d'établir et de soutenir un meilleur gouvernement, quoique de nombreuses individualités aient pu être, sans doute, beaucoup plus éclairées que la masse des citoyens.

Si nous comparons la situation du monde actuel avec celle d'une période quelconque du passé, nous trouvons une différence marquée dans les sentiments des masses. L'esprit d'indépendance est maintenant à l'ordre du jour et les gens ne se laissent plus aisément poser un bandeau sur les yeux ; ils ne se laissent pas non plus tromper par des conducteurs et par des hommes politiques et ne se soumettront plus dorénavant au joug d'autrefois. Ce changement de l'opinion publique n'a pas été un acheminement graduel depuis l'époque même où l'homme commença à se gouverner lui-même ; il n'est distinctement reconnaissable qu'à partir du XVIe siècle, et il a été surtout très rapide dans l'espace des cinquante dernières années. Il n'est donc point la conséquence des expériences des siècles passés, mais il est le résultat naturel du récent accroissement et de la diffusion des connaissances parmi les masses du genre humain. La préparation de cette diffusion générale des connaissances commença par l'invention de l'imprimerie, vers 1440 ap. J.C., et par l'accroissement des livres et des écrits périodiques qui s'ensuivit. L'influence de cette invention, si propre à éclairer le public commença à se faire sentir vers le XVIe siècle, et les progrès qui se sont faits à partir de ce temps sont connus de tous. L'instruction générale des masses se popularisa ; et, depuis, les inventions et les découvertes devinrent des événements de chaque jour. Cette augmentation de la connaissance parmi les hommes, fut voulue de Dieu, et elle survint en son propre temps déterminé ; c'est une de ces puissantes influences qui sont maintenant en œuvre pour lier Satan, diminuer son influence et paralyser ses efforts dans ce « jour de préparation », et, cela, pour l'établissement du royaume de Dieu sur la terre.

Cet accroissement de la connaissance dans toutes les directions réveille parmi les hommes le respect de soi-même, et les pousse à la revendication de leurs droits naturels, imprescriptibles ; ils ne permettront plus qu'on les laisse de côté ou qu'on les méprise ; ils iront plutôt à l'extrême opposé. Jetez un coup d’œil rétrospectif à travers les siècles et voyez comme les nations ont écrit l'histoire de leur mécontentement avec du sang. Les prophètes déclarent qu'en vertu de l'augmentation des connaissances un mécontentement encore plus général, et plus répandu, se manifestera finalement dans une révolution embrassant le monde entier, dans le renversement de toute loi et de tout ordre ; que l'anarchie et la détresse dans toutes les classes en seront le résultat ; mais qu'au milieu de celle confusion le Dieu des cieux SUSCITERA son Royaume qui satisfera les désirs de toutes les nations. Fatigués et découragés par leurs insuccès, et trouvant que leur dernier et leur plus grand effort n'aboutit qu'à l'anarchie, les hommes salueront joyeusement l'autorité céleste, ils fléchiront devant elle et reconnaîtront son juste et fort gouvernement. De cette manière l'extrémité de l'homme deviendra occasion favorable pour Dieu, et « l'objet du désir de toutes les nations viendra », — le Royaume de Dieu en puissance et en grande gloire — Aggée 2 : 7.

Sachant que tel est le dessein de Dieu, ni Jésus ni les apôtres ne s'opposèrent en aucune manière aux puissants de la terre. Au contraire, ils apprirent à l'Église à se soumettre à ces puissances, quand bien même elle aurait à souffrir souvent de leur abus du pouvoir. Ils enseignèrent à l'Église, qu'elle eût à obéir aux lois et à honorer ceux qui sont au pouvoir, à cause de leurs fonctions, même si, personnellement, ils n'étaient dignes d'aucune estime ; qu'elle payât les impôts fixés et qu'elle n'opposât aucune résistance aux lois établies (Rom. 13 : 1-7 ; Matth. 22 : 21), sauf lorsqu'elles  se trouveraient en contradiction avec les lois de Dieu (Actes 4 : 19 ; 5 : 29). Le Seigneur Jésus, les apôtres et l'Église primitive furent tous soumis à la loi, mais ils se tinrent à l'écart des gouvernements de ce monde et n'y prirent aucune part.

Il est vrai que les puissances qui subsistent (les gouvernements de ce monde) furent établies ou ordonnées par Dieu, afin que le genre humain put acquérir l'expérience nécessaire sous leur règne, mais l'Église, les consacrés qui aspirent à une position dans le Royaume à venir de Dieu, ne doivent ni convoiter les honneurs, et les profits de fonctions dans les royaumes de ce monde, ni s'opposer à ces puissances. Les membres de l'Église sont concitoyens et héritiers du royaume céleste (Eph. 2 : 19), et, comme tels, soumis aux royaumes de ce monde, ils ne doivent revendiquer que les droits et libertés qui sont accordés aux étrangers. Leur mission n'est pas celle de contribuer à l'amélioration de la condition actuelle du monde, ni de se mêler à ses affaires présentés. En essayant de le faire ils prodigueraient inutilement leurs forces ; car la course du monde et son dénouement sont clairement et distinctement tracés dans les Écritures et sont pleinement dans la main de Celui qui, au temps voulu, nous donnera le royaume. L'influence de la vraie Église est maintenant insignifiante et l'a toujours été ; elle est de si petite valeur que, pratiquement, elle ne compte pas sur le terrain politique ; mais quelque grande qu'elle puisse nous sembler, nous devrions suivre l'exemple et l'enseignement de notre Seigneur et des apôtres. Sachant que le dessein de Dieu est de laisser le monde faire l'essai de se gouverner lui-même par ses propres forces, la vraie Église, tout en étant dans le monde, ne devrait point être du monde. Les saints ne peuvent avoir une influence sur le monde, qu'en s'en tenant séparés et en laissant briller leur lumière ; et de cette manière, par leurs actes et leur conduite, l'esprit de vérité REPROUVE le monde. C'est en aimant la paix et l'ordre en recommandant chaque loi juste, en reprenant et blâmant la licence et l'iniquité, en montrant enfin du doigt le royaume de Dieu promis et ses bénédictions attendues, et non en se mêlant de politique, — d'après une méthode qui n'est que trop commune, — en complotant avec le monde pour acquérir le pouvoir, ce qui entraîne des guerres, le péché et la dégradation générale, que l'épouse future, glorieuse et chaste, du Prince de la Paix devrait se manifester comme une puissance pour le bien, et être ainsi le représentant de son Seigneur dans le monde.

L'Église de Dieu devrait vouer toute son attention et ses efforts à la prédication du Royaume de Dieu et à l'avancement des intérêts de ce Royaume selon le plan déposé dans les Écritures. Si elle le fait fidèlement il ne lui restera ni le temps ni le désir de s'ingérer dans la politique des gouvernements actuels. Jésus n'en eut pas le temps, les apôtres non plus, ni aucun des saints qui suivirent leur exemple.

L'Église primitive devint justement la proie de cette tentation, peu de temps après la mort des apôtres. La prédication du Royaume de Dieu qui est à venir et qui devait prendre la place de tous les les royaumes de la terre, et du Christ crucifié, comme l'héritier de ce royaume, était impopulaire, et suscita la persécution, le mépris et le dédain. Alors l'idée vint à quelques-uns d'améliorer le plan de Dieu et de conquérir pour l'Église, devant le monde, une situation plus enviée que celle de la souffrance. Ils y réussirent au moyen d'une combinaison avec des puissances terrestres, d'où se développa la papauté qui, en son temps, devint la maîtresse et la reine des nations — Apoc. 17 : 3-5 ; 18 : 7.

Grâce à cette politique tout changea : au lieu des souffrances vint l'honneur ; au lieu de l'humilité, l'orgueil, au lieu de la vérité, l'erreur ; au lieu d'être persécutée, l'Église devint la persécutrice de tous ceux qui condamnèrent ces nouveaux honneurs acquis illégitimement. Sans tarder, elle commença à inventer de nouvelles théories et des sophismes afin de justifier sa conduite, se trompant d'abord elle-même, puis les nations ; elle les amena à croire que le règne millénaire du Christ ÉTAIT VENU et que Christ le Roi était représenté par ses papes, qui régnèrent sur les rois de la terre comme ses vicaires ou vice-rois. Son arrogance réussit vraiment à séduire le monde entier. « Elle ENIVRA les habitants de la terre » avec ses doctrines erronées (Apoc. 17 : 2), les intimidant par la théorie du tourment éternel, qui, suivant elle, attendait tous ceux qui résistaient à ses prétentions. Bientôt les rois d'Europe furent couronnés ou déposés par son ordre et d'après son autorité imaginaire.

Voilà pourquoi les royaumes de l'Europe prétendent aujourd'hui être des royaumes chrétiens, et proclament que leurs souverains règnent « par la grâce de Dieu », c'est-à-dire par arrêt soit de la papauté, soit de l'une ou l'autre des sectes protestantes. Bien que les réformateurs eussent rejeté nombre des prétentions papales se rapportant à la ,juridiction ecclésiastique, etc., ils tinrent cependant ferme à cet honneur que les rois de la terre avaient fini par attribuer à la chrétienté. Et ainsi, les réformateurs tombèrent dans la même erreur et exercèrent une autorité de monarques, en installant et en sanctionnant des gouvernements et des rois, et en les nommant « royaumes chrétiens » ou « royaumes de Christ ». Aussi entendons-nous souvent aujourd’hui l'énigmatique expression ; « Le Monde Chrétien », une énigme, en effet, si on l'examine à la lumière des vrais principes de l'Évangile. Jésus dit de ses disciples : « Ils ne sont point du monde, comme je ne suis point du monde ». Et Paul nous exhorte en disant : « Ne soyez pas conformes au siècle présent » — Jean 17 : 16 ; Rom. 12 : 2.

            Dieu n'approuva jamais que l'on appelle ces royaumes du nom de Christ. Égarées par l'Église nominale, ces nations naviguent sous un faux pavillon, prétendant être ce qu'elles ne sont pas. Leur seul titre, abstraction faite de la volonté du peuple, consiste dans la concession limitée que Dieu leur fit, et qu'il fit connaître à Nébucadnetsar : jusqu'à ce que vienne celui à qui appartient le gouvernement.

C'est une grande injure faite au vrai royaume de Christ, devant lequel il faut qu'ils tombent bientôt, ainsi qu'à son « Prince de la paix » et à ses « princes qui gouverneront avec droiture » (Esaïe 32 : 1), que de prétendre que ces royaumes imparfaits, avec leurs lois imparfaites, et avec leurs gouverneurs souvent égoïstes et méchants, soient « les royaumes de notre Seigneur et de son Oint ».

Un autre mal plus grave, résultant de cette erreur, est que l'attention des enfants de Dieu a été ainsi détournée du royaume céleste promis ; et ils ont été portés à admettre à tort les royaumes terrestres, à se lier avec eux et à essayer, sans grand succès, d'enter sur ces troncs mondains, sauvages, les vertus et les mœurs du christianisme, au détriment de l'Évangile concernant le vrai Royaume et les espérances qui s'y concentrent. Cette illusion fait que plusieurs sont présentement très désireux d'inscrire dans la constitution des États-Unis le nom de Dieu, afin que, de ce chef, cet état puisse devenir une nation chrétienne. Les « presbytériens réformés » ont refusé pendant des années de voter ou de remplir une fonction sous ce gouvernement, parce qu'il n'est point un royaume de Christ ; ainsi reconnaissent-ils qu'il est peu convenable à un chrétien de participer à tout autre gouvernement. Nous sympathisons beaucoup avec ce sentiment, mais non pas avec la conclusion que si le nom de Dieu était mentionné dans la constitution, ce fait transformerait ce gouvernement d'un royaume de ce monde en un royaume de Christ, et donnerait aux presbytériens réformés la liberté de voter et d'occuper des fonctions sous ce régime. Oh ! quelle folie ! Qu'elle est grande la tromperie par laquelle la « mère des prostituées » a enivré les habitants de la terre ! (Apoc. 17 : 2) ; car on prétend de même que les royaumes de l'Europe avaient passé de Satan à Christ, et qu'ils étaient devenus des « nations chrétiennes ».

Qu'on le comprenne : les meilleures et les plus mauvaises des nations de la terre, ne sont que des « royaumes de ce monde », dont le bail accordé par Dieu est à peu près expiré, afin qu'ils puissent faire place à leur successeur désigné, le Royaume du Messie, le cinquième Empire Universel de la terre (Dan. 2 : 44 ; 7 : 14, 17, 27) ; cette affirmation servira beaucoup à confirmer la vérité et à dissiper l'erreur.

Cependant, ce que la papauté introduisit à cet égard, et qui fut sanctionné par les réformateurs protestants, subsiste encore actuellement sans récrimination parmi les chrétiens. Et comme ils devraient soutenir le royaume de Christ, ils se sentent obligés de se faire les champions des prétendus royaumes chrétiens, dont la chute est imminente et dont le temps vient rapidement à expiration ; c'est ainsi que leurs sympathies sont souvent forcément du côté de l'oppression, plutôt que du côté du droit et de la liberté, du côté des royaumes de ce monde, et du prince de ce monde plutôt que du côté du vrai royaume de Christ. Apoc. 17 : 14 ; 19 : 11-19.

Le monde reconnaît de plus en plus clairement que les « royaumes de ce monde » sont loin d'être chrétiens et que leurs prétentions d'être munis des pleins pouvoirs de Christ sont plus que douteuses. Les gens commencent à faire usage de leur raisonnement relativement à cette question et à d'autres questions semblables ; et ils exprimeront leurs convictions d'autant plus violemment, s’ils viennent à constater qu'on les a trompés au nom du Dieu de justice et du Prince de la paix. Il se trouve, en effet, chez plusieurs, une tendance à conclure que la chrétienté elle-même n'est qu'une imposture, sans base et sans fondement, et que, liguée avec les gouvernements civils, elle n'a pour but que de tenir en échec les libertés des masses.

Oh ! Comme les hommes seraient sages s'ils appliquaient leurs cœurs à comprendre l’œuvre et le plan de l'Éternel ! Alors les royaumes actuels se fondraient insensiblement réforme sur réforme et liberté sur liberté se suivraient rapidement, et la justice et la vérité l'emporteraient jusqu'à ce que la droiture fut établie sur la terre. Mais c'est ce qu'ils ne feront pas et qu'ils ne peuvent pas faire maintenant dans leur condition déchue ; et ainsi, poussé par l'égoïsme, chacun luttera pour l'emporter, et les royaumes de ce monde se consumeront dans un grand temps de détresse, tel qu'il n'y en a point eu depuis qu'il existe des nations. A ceux qui essayeront vainement de se cramponner à une souveraineté disparue, lorsque l'empire sera remis à celui  à qui appartient le pouvoir, l'Éternel parle et montre qu'ils livrent contre lui un combat dans lequel ils sont sûrs de succomber. Il dit :

« Pourquoi ce tumulte parmi les nations, ces vaines pensées parmi les peuples ? Les rois de la terre se sont soulevés et les princes conspirent ensemble contre l'Éternel et contre son Oint, disant : Brisons leurs liens, délivrons-nous de leurs chaînes ! — Celui qui siège dans les cieux en rira, le seigneur se moquera d'eux. Puis il leur parlera dans sa Colère, Il les épouvantera dans sa fureur : C’EST MOI QUI AI OINT MON ROI sur Sion, ma montage sainte... Et maintenant, rois, conduisez-vous avec sagesse ! Juges de la terre, recevez instruction ! Servez l'Éternel avec crainte, et réjouissez-vous avec tremblement. Baisez le fils [faites-vous amis avec l'Oint de Dieu] de peur qu'il ne s'irrite, et que vous ne périssiez dans votre voie, car bientôt s'embrasera sa colère. Heureux tous ceux qui se confient en lui » — Ps. 2 : 1-6 ; 10-12.

QU’EN EST-IL DE LA NUIT ?

 

Sentinelle ; Et la nuit ?

Que nous promettent ses signes ?

Voyageur ! L'Étoile luit

Sur ce mont aux nobles lignes,

Sentinelle, sa clarté

Prédit-elle espoir ou joie ?

Voyageur, elle convoie

D'Israël  le jour chanté.

 

Sentinelle ! Et la nuit ?

Monte plus haut que l'étoile !

Voyageur ! Lumière et fruit,

Paix, Vérité elle étale ;

Sentinelle, leur berceau

Recevra-t-il sa lumière ?

Voyageur, vois donc la terre

Sous son éclatant flambeau !

 

Sentinelle ! Et la nuit ?

Car le matin semble naître !

Voyageur ! l'ombre s'enfuit ;

Doute et peur vont disparaître.

Sentinelle, enfin voilà

La volonté de Dieu faite ?

Voyageur, la terre est prête,

Le prince de Paix est Roi.

Hymne 317

*  *  *

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