Plan du site - Retour page d’accueil - Biographie de Charles Taze Russell - La vérité sur son œuvre - Volume 1er Le divin plan des âges - Les 6 volumes - Autres écrits de C.T. Russell - Questions sur : la vie, la mort, l’au-delà

*  *  *

Ainsi dit l'Éternel :

REGARDEZ et ENQUÉREZ-VOUS :

quels sont les sentiers anciens, quelle est la bonne voie, et MARCHEZ-Y. (Jér. 6 : 16)

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REDRESSEMENT NÉCESSAIRE

A tous ceux, qui étudient les Écritures dans tous les pays de langue française

et qui sont unis par la foi en la rançon pour tous.

            Chers frères dans le Seigneur,

            C'est bien à contre cœur, croyez-le que nous avons envisagé, de prime abord, l'idée de ce redressement ! Jamais entreprise n'a été abordée avec plus d'hésitation, de crainte et de tremblement ! Et ce n’est qu'après avoir examiné tous les éléments de la situation avoir invoqué, sérieusement les lumières de celui qui dit : « CHERCHEZ-MOI, et vous vivrez ; et ne CHERCHEZ PAS BÉTHEL... ». (Amos 5 :  4), — après nous être convaincus que le silence devenait de la complicité, — que nous nous sommes enfin décidés à vous lancer cet Appel. Notre tâche, est relativement facile !

            Nous nous présentons à la barre avec des frères qui nous ont précédés dans le monde entier. Nous avons suivi, dans les récits qu'ils nous en ont fait, les combats qu'ils ont eu à livrer eux-mêmes et avec les frères moins avertis, et nous vous en  communiquons les traductions.

             Ce sont toutes des lettres écrites par des frères consacrés au Seigneur dans toute l'acceptation du mot, et qui avaient reçu leur mandat de Fr. Russell lui-même. Ils étaient haut placés pour voir  loin, ils étaient nourris dans les « saintes lettres » au service de leur frères. Il n'y a aucune raison pour ne pas examiner les circonstances dans lesquelles ils se sont débattus, les remarques qu'ils ont faites, les textes qui ont déterminé leur attitude. Ils ont le droit d'être entendus de leurs frères, au même titre que des témoins sérieux et impartiaux, venus de toutes les parties du monde, et qui ne se sont décidés à élever la voix que, lorsque se sont trouvées en jeu les questions de principe.

            Est-ce à dire que nous nous faisons simplement les porte-paroles de ces protestataires ? Certainement non. Nous avons directement accès au Trône de la Grâce, et « Celui qui nous a appelés des ténèbres à Sa merveilleuse lumière » (1 Pier. 2 : 9) nous a délivrés de notre angoisse, et nous a donné une claire perception de la Vérité. Notre Introduction, que vous lirez ci-après, contient l’exposé de nos griefs : c'est notre acte d’accusation. Les entorses à la vérité, les emprises successives sur la liberté des enfants de Dieu, y sont flagrantes. Ce sont tous des faits que la barrière du langage a empêchés de parvenir à notre connaissance en même temps qu'à celle de nos frères de par le monde. Notre retard à percevoir ces choses est en raison directe de la confiance coupable, — confessons-le, — avec laquelle nous avons accepté, les yeux fermés, tout ce qui provenait de « Béthel », sans nous assurer et « éprouver », si cela venait du Seigneur.

            Fr. Russell a écrit quantité de pages, dont les frères de langue française n'ont jamais eu connaissance. Il suffit pour s'en rendre compte, de calculer que son journal paraissant deux fois par mois, à raison de 16 pages par numéro, et que la traduction qui nous est servie une fois par mois, ne contient que 12 pages. Ce déficit de plus de 240 pages par an, n'a jamais été traduit et est resté inconnu des frères de langue française.

Il est vrai que ceux-ci n'ont pas été, mieux servis en ce qui concerne les Volumes d’ « ÉTUDES des ÉCRITURES » du même, auteur. Sauf  pour le premier volume, nous n’en possédons que des traductions faites par un frère, dont la langue n'était pas la nôtre, et qui pour employer, avec les réserves qui s’imposent, l'expression que nous avons entendue à une Conférence générale, le 18 juin dernier, « a pris un chemin de  traverse ». Elles nous ont été vendues telles quelles, sans être revues, et notre Introduction vous dira quelle justification a été donnée de cette attitude…  par les « serviteurs » (c’est du moins sous ce titre qu'ils se présentent), « responsables de l’œuvre française », — « responsabilité » qu'ils précisent dans l'arrangement déclaré par eux .. « divin », dont vous avez lu les dispositions dans l'article paru dans le numéro français de Janvier 1922.

            Et que dire de l'habileté vraiment satanique avec laquelle cet article présente « le principe de l'autorité » — the principle of headship — titre que des protestations ont fini par rectifier (six mois après) en celui de « principe de direction », — et qui n'est, d'un bout à l’autre, qu'un artifice de rhétorique pour bien ancrer dans l'esprit des lecteurs qu'il existe, au-dessus de l'Église, un groupe d'hommes ayant autorité et responsabilité. N’est-ce pas là la tactique séculaire de l'Adversaire qui, durant tout l'âge de l'Évangile, a cherché à interposer, entre Dieu et l'homme, — individuellement responsable — des intermédiaires réclamant pour eux-mêmes, une autorité sur l' « héritage de Dieu ! » Or, non seulement nous sommes mis en garde par les Écritures contre ce « culte des anges » (c’est-à-dire des messagers), Col. 2 : 18 — mais en Apoc. 2 : 15, le Seigneur condamne expressément cette tendance. Dans l'Église d'Éphèse déjà, — la première des sept Églises, — il y avait des frères qui se faisaient passer pour Apôtres et qui ne l'étaient pas, et l'assemblée reçut un témoignage de satisfaction parce qu'elle les avait « éprouvés. . . et les avait trouvés menteurs ». « Tu hais les œuvres des Nicolaïtes, que je hais moi aussi » (Apoc. 2 : 2, 6). L'Église de Pergame, par contre reçut des reproches, parce qu'il y avait dans son sein « des gens qui tiennent la doctrine de Balaam… et la doctrine des Nicolaïtes » (Apoc. 2 : 14, 15). Les Nicolaïtes étaient ceux qui voulaient exercer autorité sur l'Assemblée : les Balaamites, ceux qui vendaient la vérité pour de l'argent ou des honneurs, sorte de clergé payé qui allait se formant. La troisième Épître de Jean fait mention d'un de ces derniers, « Diotrèphe qui aime à être le premier parmi les frères ». L'Apôtre a « écrit quelque chose à l'Assemblée, mais celui-ci ne le reçoit pas et débite de méchantes paroles contre lui ; et non content de cela, il ne reçoit pas les frères et il empêche ceux qui veulent les recevoir, et les chasse de l'assemblée ».

C'est bien là l'état d'esprit qui a permis le développement de l'oligarchie papale. Pour arriver au pouvoir et s'y maintenir, les ambitieux utilisent la Vérité comme un tremplin ; par des concessions subtiles aux dépens de cette dernière, ils augmentent le nombre de leurs partisans : en se faisant passer pour le seul Canal par lequel on puisse approcher de Dieu, ils se font respecter en même temps qu’ils se font craindre. Et quand les réformateurs, Wycleffe, Huss, Zwingle, Luther et autres, ont voulu réagir et ramener le peuple à Dieu et à l'Écriture, le grand Adversaire, toujours vigilant, a saisi la première occasion venue pour prendre les disciples de ces hommes au piège de leurs proclamations de foi, qui deviennent ainsi des barrières et des pierres d'achoppement entre Dieu et ses enfants, entre la Parole et ceux qui la lisent ! Pour se distinguer de ceux du dehors, ils adoptent une dénomination qui, à son tour, est considérée par ses partisans comme la seule véritable Église, l'unique Maison de Dieu, c'est-à-dire Béthel. Comme si la véritable Église était une organisation d'hommes sur terre, contenant tous les membres vivant en Christ, sans brebis galeuse, alors que le Seigneur lui-même nous a avertis : «  . . . Il se lèvera d'ENTRE VOUS-MÊME des hommes qui annonceront des choses perverses pour attirer des disciples après eux » (Act. 20 : 30).

            A notre tour, nous nous trouvons devant des gens, qui ont rempli la terre, de leur littérature, qui se présentent au monde comme le seul Canal de la miséricorde divine, les seuls, dépositaires de sa Vérité, et qui se sont prévalu de ces qualifications pour implanter leur autorité sur le peuple du Seigneur. Nous les mettons au défi de prouver ce qu'ils avancent, et de justifier leurs prétentions à la possession exclusive de la Vérité, — par un texte quelconque ! Qu’ils produisent leurs titres de propriété ! Ils n'auront garde de le faire, car ils n'en ont pas ; leur seule caractéristique est leur présomption, et sûrement Dieu jugera celui qui a voulu s'interposer entre le Saint et son Dieu.

Tenons ferme et haut LE PRIVILÈGE que nous possédons de venir directement à la source de toute bénédiction, notre Chef Jésus-Christ, qui est en même temps notre grand Avocat et Sacrificateur. Comme Luther, qui brûlait publiquement les bulles du Pape, nous pouvons traiter avec indifférence leurs menaces. « CHERCHONS LE SEIGNEUR ! »

« Le Seigneur, écrivait Fr. Russel en 1916, — numéro du 1er Juin, page 175 (anglais),  m'a enseigné quelle grande responsabilité on assume en enseignant les autres, ne fût-ce que par une, simple brochure ou par un journal ». Croyez, chers frères, que nous avons pleine conscience de cette responsabilité ; nous répudions d'avance toutes les accusations qui pourront être faites pour ternir le sens de notre appel. « il y a toujours, disait encore Fr. Russell — Z. 1916-173  des gens pour lesquels tout se résout en rivalités personnelles et en esprit de parti ; ces gens-là ne peuvent pas comprendre que d'autres aient un point de vue plus noble et plus élevé, et n’aient d'autre mobile que la Vérité sans considération de personne ».

J. CHEVALIER, H.  ROUSSEL, J. LEFÈVRE, E. RIEGLER.

\/V. T. AOUT 1889

« Nous exhortons toute la véritable église de Dieu, la seule église qui comprend  tous les croyants consacrés, à revenir aux principes de la Réforme, à la reconnaissance du droit de jugement individuel sur les questions religieuses. Exigez des preuves scripturales pour tout ce que l'on vous dit de croire ; n'acceptez ni les décisions de Rome ni celles de Westminster, ni celles d'aucun concile ou synode de moindre importance comme étant la solution définitive de la seule question :   « Qu'est-ce que la Vérité ? » et soyez sûrs de ne rien croire ou confesser que vous ne compreniez complètement et clairement quand même il serait prouvé que des centaines d'autres l'ont fait avant vous. Si, autrefois, vous l'avez fait inconsidérément, en devenant membre d'une église, maintenant que votre attention est attirée sur ce point, vous devez vous procurer un exemplaire des articles de foi de la croyance que vous confessez publiquement et, après les avoir étudiés avec soin et avec prière, si vous trouvez que vous ne pouvez pas y croire, il faudra que vous les repoussiez aussi publiquement que vous les avez confessés sous peine de perdre aux yeux de Dieu, toute prétention à l'honnêteté.

« Exigez de tous ceux qui voudront vous enseigner au nom de Dieu, les paroles exactes du Seigneur et des apôtres sur lesquelles ils prétendent appuyer leur enseignement. Reportez-vous au chapitre et au verset et considérez la question pour vous-mêmes ; faites-en la critique, en examinant le texte et le contexte. Pesez et éprouvez chaque trait de l'enseignement que vous acceptez comme votre foi, sans égard à la somme d'estime que vous avez pour la personne qui vous le présente. Nous savons qu'aucun de nos semblables n'est infaillible et que la parole de Dieu est le seul étalon sur lequel Dieu veut que nous réglions, mesurions et édifions notre foi ».

INTRODUCTION

« Ta parole est la vérité ». Jean 17 : 17.

Au cours de sa vie terrestre et après sa glorification, notre Seigneur exhorta ses disciples à demeurer dans sa parole à persévérer dans sa doctrine et leur rappela fréquemment la nécessité de veiller. L'un de ses solennels avertissements à la vigilance intéresse le moment dans lequel nous vivons, aussi le plaçons-nous devant les frères qui veulent être trouvés fidèles : « Veillez donc et priez en tous temps, afin que vous ayez la force d'échapper à toutes ces choses qui arriveront et de paraître debout devant le Fils de l'homme » (Luc 21 :  36).

Reconnus à leurs fruits

La vigilance du chrétien doit spécialement s'exercer sur ceux qui préparent la nourriture destinée à la nouvelle créature et sur cette nourriture elle-même. Les fidèles ministres de Dieu n'ont pas besoin de réclame et de propagande pour démontrer qu'ils sont employés par le Seigneur : Son esprit les a oints pour prêcher. Aucun frère ni groupe de frères n'a le monopole du ministère de la Parole. Il n'est pas nécessaire non plus d'échafauder un système d'arguments pour distinguer les serviteurs de la vérité, ou faire reconnaître leur autorité d'interprètes du Maître, sous menace ou coercition. Leur conduite et la nature de leur message justifient amplement leur titre de représentants du Seigneur et de son esprit.

            Malgré les avertissements des Écritures contre tout ce qui est symptomatique de domination humaine sur le peuple de Dieu, l'histoire de l'âge de l'évangile révèle que c'est de là que surgirent les plus grandes fautes de l'Église. Notons donc, chers frères, ces leçons et expériences du passé et profitons-en.

            D'une manière générale, ceux qui attirent l'attention sur eux, qui se prêchent eux-mêmes, selon l'expression de la Parole (2 Cor. 4 : 5), peuvent et doivent être tenus pour suspects et leurs actions doivent faire l'objet d'une vigilance de tous les instants.

Un exemple d'humilité : Fr. C. T. Russell

S’il était besoin d'un exemple d'attitude digne d'imitation ne nous suffirait-il pas de rappeler celle du serviteur « fidèle et prudent » dont le souvenir est encore vivant dans notre mémoire et dont la modestie et l'humilité l'empêchèrent de mettre son nom d'auteur sur les six volumes d'ÉTUDES DES ÉCRITURES, afin de ne pas permettre qu'on lui attribuât le message divin ni qu'il fût considéré comme le fondateur d'une nouvelle doctrine, le chef d'une nouvelle secte ; lui qui enjoignait aux frères pèlerins et autre chargés des services dans le monde de ne jamais citer son nom ; lui qui, dans son testament; rédigeant la clause relative aux matières qui pourrait servir à alimenter  en articles de fond la W. T., spécifia que son nom ne devait pas y être attaché, pas plus qu'aucune indication de source.

Contraste avec ses successeurs

Quel contraste singulier, depuis la mort du cher Pasteur ! quel tintamarre autour du « canal » et de la « Société » ! Il n'est pas exagéré de dire que pas un mois ne s'est écoulé sans que la W. T. ne contînt au moins un article destiné à faire pénétrer,  comme à coups de marteau répétés, dans le cerveau des frères, cette pensée que la SOCIÉTÉ est le seul « CANAL » ! mot dont les agents de cette Société, également, émaillent chaque phrase de leurs discours aux ecclésias. Le résultat de cette campagne tenace est que beaucoup de frères et sœurs timorés ont voué à cet organisme humain un respect qui tient d'un culte et en éprouvent une telle crainte idolâtre qu'ils n'osent plus envisager même l'idée d'un examen critique de ses productions, comme le recommandent les Écritures (Act. 17 : 11) et comme Fr. Russell nous y invita dans les termes énergiques ci-dessus :

Éprouvez toutes choses.

En méditant ces conseils et en nous souvenant de la marche anonyme et quasi silencieuse du travail au temps de Fr. Russell, en contraste avec tout le vacarme fait autour de la SOCIÉTÉ, notre attention se réveille et malgré plus de cinq années de confiance maintenue, le Seigneur seul sait au prix de quels combats intérieurs ! nous sommes obligés de reconnaître que patienter davantage et nous taire plus longtemps, serait pécher. Cette constatation suffirait à elle seule à nous faire jeter l'alarme.

Mais les « fruits » de ceux qui se sont laissés séduire sont un critérium, qui renforce la détermination de ceux qui veillent. Non seulement de nouvelles lumières ont été avancées et le sont encore, mais, imposture incroyable, on a attribué un « Volume VII » à Fr. Russell qui, jusqu’à sa mort même, s'est défendu d'avoir jamais rien écrit de pareil.

            Le Seigneur a permis que des documents irréfutables soient mis sous nos yeux tardivement ouverts et nous ne voulons pas différer plus longtemps à les communiquer à tous ceux qui veulent obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Ils pourront facilement se rendre compte que si, par le soi-disant « Volume VII », le Mystère n'est pas accompli, du moins la mystification est complète.

            Nous passons actuellement par un temps de grande confusion, « les temps fâcheux, difficiles et troublés » annoncés par les apôtres Pierre et Paul. Nous devons donc nous méfier avec soin de tout ce qui nous est présenté, comme vérité. La tactique du grand adversaire est toujours identique à elle-même, elle ne varie pas ; ses messages contre-faits ne sont pas nécessairement entièrement faux, mais souvent composés de larges portions de vérité habilement juxtaposées à l'erreur de façon, à jeter le trouble dans l'esprit du chrétien et à l’éloigner progressivement du Seigneur et de la pureté de son message.

Le fidèle étudiant de la Parole sait bien que les suppositions, les imaginations hasardeuses ne sanctifient pas. C'est la vérité qui sanctifie. Ceux qui ont lu 2 Pi. 1 : 16 et 1 Jean : 3 : 1-3 savent que les apôtres ne basèrent pas leurs messages sur leurs propres conjectures, mais sur leur connaissance personnelle des faits dont ils avaient été les témoins oculaires. Et ceux qui ont connu Fr. Russell comme docteur de l'église des derniers temps, se souviennent bien aussi qu'il était ennemi de toute inclination à tabler sur des hypothèses.

Citons avant de terminer cette introduction, ses propres paroles quant à un septième Volume d'ÉTUDES DES ÉCRITURES, que nous ferons suivre du récit  d'expériences et opinions de frères consacrés du monde entier. Les frères de langue française, ne pourront que se joindre à eux pour rendre grâce au Seigneur de ce que   jusqu’à la fin de la course, il leur aura ainsi rappelé qu'il faut redoubler de vigilance :

1° L'auteur des six volumes parlant d'un septième (W. T. 1er février 1911: Désaveu des spéculations fantaisistes), déclare :

« En ce qui concerne le Septième Volume l'éditeur (1) peut assurer à ses lecteurs que personne ne sait ce qu'il contiendra, car pas un mot n'en a été écrit jusqu'ici. Nous avons les mains  pleines d'importante besogne et l’Église a évidemment besoin d’étudier plus à fond les six Volumes qu'elle possède déjà, Nous ne pouvons donc croire que ce soit la volonté du Seigneur que l'on se détourne du travail en cours pour se presser d'entreprendre la rédaction d'un Volume VIl. Il nous donnera sans aucun doute, en temps voulu, le loisir et les moyens d’expliquer l'Apocalypse, si sa volonté est que nous servions son église de cette manière ».

(1) [L'éditeur, du journal W. T. en l’espèce Fr. Russell lui-même].

  What Pastor Russell said (1916), page 645 : Le Temps de comprendre et le 7e volume.

            « ... Il y a certaines choses que je ne comprends pas dans l'Apocalypse est c’est la raison pour laquelle je n'écris pas le Volume VII. Je ne veux en cela faire aucune supposition. Quand j'écrirai sur le livre de l’Apocalypse, c’est que j’en aurai une compréhension satisfaisante. Jusque-là, je n'écrirai pas ».

3° What Pastor Russell said (1916) page 646. — QUESTION : Le Volume VII sera-il écrit avant que les eaux du Jourdain soient frappées par l'antitype d'Élie, ou après ?

            Réponse : « Il y a certaines choses que nous ne devons dire à personne, entre autres, celles que vous ignorons ».

 What Pastor Russell said, page 646 : A la Convention de Milwaukee le 22 Septembre 1916, soit quarante jours avant sa mort.

            … « Nous laissons cela jusqu'à ce que Dieu nous donne plus de lumière sur le livre de I’Apocalypse ; alors, nous essayerons de l'expliquer dans son ensemble. Nous  pensons que ce livre est important et nous aimerions beaucoup en traiter par écrit, mais je n'en ai pas encore une vision claire dans toutes ses parties, et comme je ne veux avancer à son sujet aucune supposition ou conjecture, je ne peux rien écrire tant que le Seigneur ne l'aura pas rendu tout à fait clair au point de vue de la Bible et de son interprétation. Attendons donc ; « attendons-nous à l’Éternel ». Je crois qu'au temps convenable il donnera la clef qui ouvrira le livre. Jusque-là, nous ne ferons rien. Sitôt qu’il donnera l’explication, vous l'aurez. Si le Seigneur la donne par un autre, ce sera très bien, mais, pour moi, je ne dirai rien avant d'être sûr ».

5° Quelques jours avant sa mort (31 octobre 1916), Fr. Russell répéta à Fr. Sturgeon :

            « Quelqu'un d'autre pourra l’écrire ».

            Ainsi Fr. Russell, à maintes reprises, affirme n’avoir pas écrit le Volume VII et les auteurs du soi-disant Volume VII disent dans leur préface : « Il l’écrivit » et « On peut dire de ce livre qu'il est une publication posthume du Pasteur Russell ».

CONTRASTE

Ce qu'a dit Fr. Russell :

            LES JUBILÉS : Voir Vol. II chap. VI -VII : p. 199. — 2e préface p. 2-3. — (Jér. 25 : 9-12 ; 2 Chron. 36 : 21).

            Il ne faut pas calculer les 70 cycles de jubilés sur la même base de 50 ans chacun ; puisque les jubilés ne furent observés que pendant 19 cycles. Après la désolation du pays, les cycles sont de 7 X  7 = 49 ans chacun, l'année du jubilé n'étant plus observée :

            19 x 50 ans = 950 ans

            51 x 49 ans = 2499 ans

            70 cycles = 3449 ans

s'étendant de l'an 1575 avant J.-C. à l'an 1874 après J.-C.

            1925 : Voir W. T. 15 avril 1916 (lettres intéress.) et Old T. reprints, page 5888.

            ... Nous ne prévoyons rien pour 1925, ni pour aucune autre date…notre dernière date (1914) étant échue…

Ce que dit Fr. Rutherford :

            Il y eut 70 jubilés de 50 ans chacun, soit 3.500 ans et s'étendant de 1575 avant J.-C. à 1925 après J.-C., date où finit le type et où commence le grand antitype. (Affirmation sans preuve de la brochure des « Millions », p. 75.)

            Nota. — On prétend que Fr. Russell annonça 1925 dans la W. T. du 1er mars 1911. C'est faux. Il s'agit, en l'occurrence seulement, d'une lettre écrite par Fr. Hal Kaup à Fr. Russell et que celui-ci inséra sans aucun commentaire, contrairement à la demande de son auteur.

            Fr. Russell refusa d'endosser cette lettre, à la table de Béthel, aussitôt après la Convention de Mountain Lake Park, en 1911, déclarant que le calcul est basé sur une erreur évidente qui ne tient aucun compte des arguments développés dans les Chapitres VI et VII du Volume II, lesquels prouvent que le Jubilé antitypique commença en oct. 1874, par la présence du Seigneur.

            De plus, l'exposé du Vol. Il sur, les Jubilés fut entièrement confirmé par Fr. Russell dans la seconde préface de ce Volume, p. 2.

            Enseigner que le grand antitype commence en 1925, c'est nier que le Seigneur est présent depuis 1874.

Œuvre posthume ?

Malgré toutes les affirmations contraires, un livre posthume n’est pas un ouvrage composé d’extraits tirés des écrits qu'un auteur publia de son vivant, mais bien une œuvre inédite achevée ou restée inachevée et rendue publique après la mort de l'auteur. Son contenu peut parfois exprimer des pensées correctives de celles antérieurement avancées, comme c'est le cas des Nouvelles Préfaces des six volumes d’ÉTUDES DES ÉCRITURES écrites par Fr. Russell quelques semaines avant sa mort, en octobre 1916, lesquelles ont réellement droit au titre d'œuvres  posthumes du cher Pasteur, puisqu'elles furent seulement publiées après sa mort.

            Si même, par esprit de conciliation nous voulions admettre que le « Volume VII » anglais est œuvre posthume de Fr. Russell. — (ce que nous ne croyons plus) — pourquoi, dans une lettre du 9 septembre 1919, Fr. Woodworth (qui prépara la première partie du volume), avoue-t-il au Fr. Donald H. Copeland de Winnipeg (*) la substitution de ses idées à celles de Fr. Russell sur Apoc. 16 : 19 notamment ?

(*) [Voir ci-après p.15, Expériences des frères : Au Canada].

            Pourquoi fut-il nécessaire à la W. T. Society d'insérer dans la W. T. du 1er juin 1920, 135 corrections à ce volume déjà mutilé de Cinq pages (*), corrections qui affectent uniquement des choses erronées auxquelles Fr. Russell est complètement étranger ?

(*) [Voir ci-après, p.12, Expériences des frères : En Scandinavie].

            Pourquoi, dans un des derniers numéros de la W. T. 1er juillet 1922, page 196, 2e col., haut, en arrive-t-elle à ce nouvel aveu dans son article de tête, traitant de l’occultisme et de l'astrologie :

«… La notion des pierres emblématiques de naissance est une autre partie, de l’astrologie et ouvre la porte au démonisme pour quelques esprits séduits. Dans le septième volume des ÉTUDES DES ÉCRITURES anglais, p. 326 (trad. p. 392), la phrase suivante est à supprimer : « L'améthyste était la pierre emblématique de naissance du Pasteur Russell. Et combien parfaite est son application ! » Cette, phrase à enlever fut inséré dans le manuscrit du septième volume sur la suggestion d'une personne bien intentionnée », ajoute la W. T., et c'est à Fr. Russell, le Serviteur « Prudent », auteur du « vœu » qu'on l'a fait endosser, mais « son rapport avec l’astrologie ne fut remarqué que quelque temps après », explique la W. T. « Nous désavouons définitivement cette phrase, afin que le livre soit entièrement débarrassé de tout ce qui peut frôler l'occultisme ».

Cependant, la Société n'est-elle pas en mauvaise, posture devant l'église quand elle vend et fait vendre un volume dit « posthume » de Fr. Russell, dont elle modifie à volonté, par la W. T., le peu qu'il contient encore de la plume de l'auteur ? Exemple : Le remplacement des explications de Fr. Russell sur l'image de la Bête que, durant toute sa vie, il nous montra dans la Fédération des Églises protestantes et qui, aujourd'hui, nous est présentée comme étant la Société des Nations (voir Tour de Garde du 1er avril 1921 page 75). Encore cette dernière interprétation n’est-elle pas définitive, puisque, dans les conférences faites actuellement sur le sujet des « Millions… », le Président de la Société affirme que, la Société des Nations est un échec, un insuccès, ce qui cadre mal avec le commentaire d'Apoc. 13 : 15 qui prévoit, non l'échec ou l'insuccès de l'image de la Bête, mais tout le contraire, ainsi que ne cessa de le déclarer Fr. Russell.

Traduction française.

Et si toutes ces choses sont troublantes pour le chrétien de langue anglaise qui raisonne d'après l'original, que dirons-nous, nous Français, dont on a abusé, le sachant et, au nom du Seigneur, en nous vendant et faisant vendre sans scrupule une déformation des soi-disant pensées de Fr. Russell par un agent « responsable de l’œuvre française » déclaré plus tard « infidèle à la Société » ? Que direz-vous chers frères de langue française, de la réponse faite, par le bureau de Berne, en oct. 1920, à l'un des vôtres qui manifestait la répulsion qu'éprouvait son cœur à tromper ainsi les frères sur la qualité de la nourriture spirituelle ? Nous citons, sans rien changer :

«… J'ai parlé sérieusement de cette question à Fr. B... « et nous ne sommes absolument pas d'avis que cette littérature (tout spécialement le Volume VII ne doit pas être vendue. Tout ce que vous dites à son sujet est exact ; nous partageons tout à fait votre jugement, mais nous ne pouvons y voir la volonté du Seigneur de brûler tous ces volumes à un moment où l’œuvre française est si pauvre en littérature. Nous nous laissons en toutes choses diriger par le Seigneur. Longtemps il semblait que nous n'allions rien recevoir et puisque, le Seigneur a permis la libération de cette littérature (*), nous en concluons nettement (sic) que c'est sa volonté qu'elle soit mise en circulation. C'est, si vous voulez, du pain mal cuit, mais c'est néanmoins du pain et quand la famine règne, on mange même du pain mal cuit ... Je suis convaincu que Fr. Rutherford partagera aussi ma manière de voir, qui est aussi celle de Fr. B… Ne vous scandalisez donc pas, cher frère, il y aura certainement sur notre chemin des sujets de scandales plus graves que ceux-là que nous devrons par la grâce de Dieu également surmonter ».

(*), [La saisie en fut faite par huissier, en décembre 1919 ; c'est cette littérature qu'on a trouvé bon de vendre aux frères].

Voilà comment les frères responsables du « Canal » interprètent la volonté du Seigneur ! Nous Lui laissons le soin de juger lui-même ! Il était cependant logique que l'agent détenteur de cette littérature ayant été « infidèle », la W. T. Society aurait dû réserver à ses productions le sort dont, il est question en Actes 19 : 19 que notre Fr. Russell commente ainsi :

             W. T. 1903, p. 74. « Ils les brûlèrent... » Ils ne les vendirent pas à d'autres et ne mirent pas l'argent produit au service de la diffusion de la Vérité. Dieu n'accepte rien de mauvais en sacrifice. Si les enfants de Dieu ont en leur possession des livres inculquant les mensonges de Satan, le meilleur parti qu'ils peuvent en tirer est de les brûler pour qu'ils ne fassent de mal personne ». (Biblical Comments).

« Plus de 500 preuves ».

Signalons encore un exemple d'étourderie dans la présentation de la littérature de la Société au public de langue française :

            Les prospectus distribués par dizaines de milliers en vue des conférences du Président de la Société portent cette phrase relative à la brochure des « Millions » : « L'A.I.E.B. (*) a complété le sujet dans un livre contenant plus de 500 preuves bibliques ».

(*) [Association Internationale des Étudiants de la Bible, même Président que la W. T. Bible Society].

            Examinez, chers frères, cette affirmation et voyez-ce que vous répondrez à ceux qui vous diront que vous les avez trompés car cette brochure des « Millions » ne contient pas plus de 134 citations bibliques.

La Société, c'est l'Église.

La tendance de la Société est maintenant nettement orientée vers l'esprit de Babylone. Sans parler de la domination, qu'elle exerce sur l'héritage de Dieu dans le monde entier, comme vous le reconnaîtrez par la lecture des quelques lettres que nous publions, et sans nous arrêter sur les procédés sectaires et fanatiques de ses agents aveuglés, nous rappellerons à votre mémoire la déclaration du Président de la Société à l'assemblée de Paris, le 19 septembre 1920, confirmée à l'assemblée générale de Paris, le 18 juin 1922, que la Société n'est pas composée uniquement des quelques frères qui l'administrent à Brooklyn, comme on le croit communément, « LA SOCIÉTÉ  C'EST L'ÉGLISE dans le monde entier ».

            Nous estimons, chers frères, qu'une telle affirmation de la part du Président de la Société est symptomatique : elle prouve que la Société a fait fausse route. En effet, dans la Watch Tower du 1er août 1895, Fr. Russell écrivait :

« La W. T. Society n'est qu'une firme commerciale (a business corporation). Elle n'a pas de confession de foi. ... (*) La Société a le même droit que toute autre firme commerciale de remettre des lettres de recommandation à ceux qui lui en paraissent dignes, mais nous remarquons que, le mot même de SOCIÉTÉ est susceptible chez quelques-uns, d'être interprété, à tort comme L'ÉGLISE et qu'il y a à craindre que ceux-ci considèrent ces lettres comme des autorisations ou certificats d'ordination. Nous supprimons donc ces lettres, voulant éviter jusqu'à l'apparence du mal, comme l'Écriture l'enseigne... Comme elles sont mal interprétées par quelques-uns maintenant, elles pourraient l'être plus tard par un grand nombre ; nous les faisons donc rentrer avant qu'elles aient pu faire du mal ! » Pourtant, dit l'article, ces lettres rappelaient « que la W. T. Society » n'est pas, une association religieuse mais une firme commerciale. Elle n’impose pas de croyance. Elle tient simplement les comptes de l’argent reçu et dépensé, de même qu'une banque reçoit des fonds et délivre des reçus ou des chèques en justification de ces fonds.

(*) [A cette époque, la Société remettait à ses représentants, les frères pèlerins, des lettres de créance qu'ils devaient présenter aux frères dispersés et aux différents groupes qu'ils visitaient pour la première fois, mais Fr. Russell s’aperçut que cette façon de faire pouvait laisser croire que la Société était une secte comme les autres et il fit rentrer au siège toutes les lettres en circulation].

Aujourd'hui, on dit que la Société c'est l'Église, qu'elle est  une association religieuse, etc., et l'on nous demande de croire qu'elle est le ce « canal » du Seigneur, parce qu'elle a été fondée par le ce « Serviteur fidèle et prudent ».

            Comme on l'a vu plus haut, ses actes, depuis la mort de  Fr. Russell, prouvent, le contraire et ne justifient pas plus ses prétentions que les actes des sectes de la chrétienté n'autorisent celles-ci à se proclamer la véritable église, simplement parce qu'elles reconnaissent comme fondateurs le Seigneur et les apôtres.

La W.T. B. & T. Society

(*) [Tous les frères savent qu'il s'agit ici de la Watch Tower Bible & Tract Society. Nous l'appellerons couramment dans ces lignes la Société ou la W. T. Société].

            Est-elle apparentée au peuple de Dieu ?

            Est-elle le même « Canal » qu'auparavant ?

            L’Œuvre du Pasteur Russell est unique en son genre. Depuis le temps des apôtres, personne n’a manié la Bible et exposé le plan de Dieu comme lui. Sa vie entière a été une vie d'inspiration, tant elle était complètement consacrée au Seigneur. Il avait tellement appliqué son cœur à faire la volonté de Dieu, son Créateur ; son esprit était tellement occupé des voies et moyens à employer pour répandre la lumière et la connaissance acquises par la grâce du Seigneur et à force d'études sérieuses et ferventes des Écritures, que chacun sous son influence se sentait porté à faire la balance exacte entre les perspectives et les joies célestes et les choses terrestres, et à « rechercher premièrement le Royaume de Dieu ». Il est indéniable qu'il a été un serviteur spécial de Dieu envoyé dans le but particulier de donner la nourriture au temps convenable à la famille de la foi, à la fin de l'âge de l'Évangile.

LE « CAMOUFLAGE » DE SATAN

Jamais il ne s'était produit un mouvement de cette puissance pour balayer l'erreur et la superstition. Aussi, peut-on imaginer si le prince des ténèbres devait être en éveil pour contrecarrer l’œuvre et l'entraver. « Nous n'ignorons pas ses desseins », disait l'apôtre. Satan a toujours été prompt à contrefaire, à séduire pour empêcher la diffusion de la vérité.

Chaque fois que s'est manifestée une vague de vérité, un mouvement de réforme, il a essayé de leur faire échec ou de les tourner en confusion. Faut-il s'étonner qu'il ait voulu semer la division et la ruine dans l’œuvre de Fr. Russell. Le contraire eût été plutôt surprenant. Il était naturel qu'après la mort de Fr. Russell — quand l'influence persuasive et modératrice de sa personnalité auraient disparu, on dût s'attendre à une tentative spéciale de sabotage de son œuvre.

Que de fois n'avons-nous pas été avertis dans les Écritures de nous méfier de Satan comme d'un ennemi rusé, bien supérieur en force à l'humanité isolée du secours de l'esprit de Dieu, — qui oblige à une vigilance de tous les instants même quand on est engendré de l'Esprit, et nous amène forcément à nous reposer humblement sur la force et la sagesse du Seigneur afin d'éviter d'être circonvenus.

            L'apôtre fait remarquer que Satan se manifeste au peuple de Dieu comme un ange (un messager) de lumière. Comment, en effet, pourrait-il essayer de séduire ceux qui sont « dans la Vérité », ceux qui ont été bénis des merveilleuses lumières de ce temps de moisson, si ce n'est en se présentant à eux sous les dehors « d'un ange de lumière », d'un messager de vérité, tout au long d'un ouvrage à la manière du « Volume Vll ». Il parait suivre le pasteur Russell, mais il tire des déductions erronées d'un grand nombre de ses paroles, présentant ses simples suggestions comme des inspirations d'en-haut, tordant d'une main légère les Écritures pour les faire s'adapter, — ce qui a pour résultat de fourvoyer les esprits ; — de même quand les choses sont vraies, il y introduit le mauvais esprit, employant des méthodes charnelles, telles que calomnie, railleries, sarcasmes, rebuffades, mépris bref : les « œuvres de la chair ».

LES PRÉTENTIONS ÉMISES

Assurément, les prétentions, peu ordinaires, émises par la W. T. Société ou en sa faveur, indiquent un état d'esprit inverse de celui d'humilité et bien loin de celui manifesté par Fr. Russell.

            Elle prétend être le « canal » : en réalité, elle glorifie le pasteur Russell, disant qu'il était le canal du Seigneur pour dispenser la vérité, etc., mais c'est pour s'attribuer ensuite la gloire de lui avoir succédé, puisqu'elle ajoute : maintenant, c'est nous qui sommes le « canal ». Elle se proclame un « autre ange » (messager), « sortant de l'autel » et elle annonce dans la  W. T. (1) (1918, p. 7) que « le temps semble mûr pour obéir à la voix du messager ».

(1) [W.T. indique le journal de la Société (édition en langue anglaise) dont la TOUR DE GARDE traduit les 3/8e].

Elle déclare que la littérature qu'elle produit doit être acceptée par tous ceux qui veulent être vainqueurs : Si nous ne l’acceptons pas, nous ne ferons pas partie du « petit troupeau », de la « troupe de Gédéon »,de la « classe d'Élie », etc., — nous ne monterons pas dans le « chariot », nous ne recevrons pas le « denier », etc., etc.

            Dans la W. T. du 1er mars 1918, toutes les ecclésias sont invitées à écarter comme Anciens les frères qui n'acceptent pas le « Mystère accompli », qui ne veulent pas l'enseigner, et qui ne sont pas d'accord avec les méthodes actuelles de la Société. En vérité, le pape lui-même n'a pas été plus autoritaire envers le peuple de Dieu. Dans la W. T. de 1917, p. 294, il est dit : « Il n'y a pas de raison pour que le Seigneur change de « canal » ou de « char », c'est-à-dire de méthode pour faire parvenir le message à son peuple ».

            Je ferai remarquer, en réponse, à ceci, que jamais, la W. T. Société n'a été le canal du Seigneur, au sens que l'on entend par ces mots. C'est le Pasteur Russell, non pas la Société, qui était le Messager choisi par le Seigneur ou le « canal » comme ils disent.

Le Pasteur Russell fonda la W. T. Société simplement pour faciliter la diffusion de son propre message et elle n'a jamais été employée pour répandre le message d'aucun des frères qui travaillaient avec lui. Comme preuve, je citerai les propres paroles de Fr. Russell que je trouve dans son livre : What Pastor Russell said « (Ce que le Pasteur Russell a dit en Français page 386 lettre Z question 1915), page 350 » : « En ce qui concerne le Siège ou Bureau Central de la Société à Brooklyn et ce que j'ai de commun avec le travail qu'on y fait. Je désire qu'il soit bien compris que tout s'y fait sous ma haute direction, que rien n'en sort qui soit contraire à ma conscience... Il y a au Siège, à Brooklyn, des frères aussi sages que capables ; cependant, comme les choses sont arrangées maintenant, ils ne sont que mes assistants, travaillant sous mon contrôle général, aussi longtemps que je vivrai. Tel est l'arrangement que j'ai fixé quand j'ai fait don de ce que je possédais à la Société, il y a des années, et qui s'applique également au travail de la Société en pays étrangers ».

            Il n'est pas davantage indiqué que la Société, depuis la mort de Fr. Russell, soit employée comme le « canal » du Seigneur pour apporter de nouveaux messages à son peuple. Dieu n'a jamais utilisé une firme commerciale, — dans laquelle le droit de vote s'acquiert à prix d'argent, — pour offrir à ses enfants la « nourriture au temps convenable ». Or, la Société se compose de tous les actionnaires souscripteurs de parts de dix dollars et au-dessus, constituant le capital. Beaucoup de ces souscripteurs ne sont pas consacrés bien qu'ils apprécient la vérité, et qu'ils aient contribué par de fortes sommes aux progrès de l’œuvre. Chaque apport de 10 dollars donne droit à un suffrage, de sorte que le vote d'un seul actionnaire non consacré peut facilement l'emporter sur ceux de plusieurs frères consacrés, généralement très pauvres des biens de ce monde, bien que riches en foi et en amour.

            Fr. Russell quitta ce monde quand son oeuvre fut terminée et c'est de la présomption de la part d'un homme ou d'un groupe d'hommes que de prétendre le représenter, en sa qualité de serviteur ou de « canal » du Seigneur.

            Dans la préface du « Volume VII » page 5, il est dit : « S'arroger le droit d'écrire et de publier le Volume VII serait, pensons-nous, de la présomption devant le Seigneur ». Mais alors, demandons-nous ; qui donc a donné l'autorisation d'écrire cet ouvrage et de le publier comme le Volume VII du Pasteur Russell et comme le message du Seigneur ? Ils prétendent que le Pasteur Russell, depuis sa mort, continue à diriger les menus détails du travail de la moisson (édition anglaise, p. 144, traduction française p.163) ; — qu'ils, sont toujours spécialement guidés par lui (W. T.  1917, page 325 ; Vol. VII, anglais, page 291, trad. p. 347, etc.) et, que le Seigneur a engagé sa responsabilité dans leur travail. — Enfin, ils prétendent avoir publié le livre le plus important qui ait jamais été imprimé. Voilà des prétentions qui devraient bien nous mettre sur nos gardes, car ce n'est pas un signe de maturité dans le service de Dieu que de tant parler de soi.

            L'idée que le Pasteur Russell dirige encore les menus détails du travail de la moisson, est tirée de la promesse du Seigneur en Luc 12 : 44, disant qu' « il établira ce serviteur fidèle sur tous ses biens », mais rien ne permet d'affirmer que ce texte s'applique au Pasteur Russell au-delà  du voile. Le texte fourni pour justifier cette pensée se trouve en Apoc. 14  : 13. Or la seule déduction légitime qu'on puisse tirer de ce passage est qu'au fur et à mesure que les « pieds », c'est-à-dire les derniers membres du corps passent de l'autre côté du voile, ils continuent de s'occuper de l’œuvre du Royaume, comme ils l'ont été de ce côté ; c'est là tout, ce que Fr. Russell a dit dans ses commentaires sur ce passage (voir vol. III  (angl. p. 233, trad. p. 222) ; vol. IV (angl. p. 622, 624, trad. chap. 13).

            Il n'y a rien en Luc 12 : 44, qui permette de dire que le soin d'administrer les biens du Maître s'étendra au-delà du voile. C'est une pure hypothèse qui ne peut servir de base à une interprétation aussi importante de l'Écriture. Où est l'apôtre Paul alors ? Pourrions-nous demander. Où sont Pierre et les autres apôtres ? N'ont-ils pas, eux, les pierres fondamentales, un intérêt égal à celui de Fr. Russell dans le grand travail qui s'opère maintenant ? Avons-nous quelque raison de supposer que le Seigneur leur donnerait une position subordonnée dans ce travail ?

            Le Pasteur Russell a été sûrement le dernier messager pour l'église de l'Évangile ; il a été l'économe fidèle, a donné son message, il a servi « la nourriture au temps convenable » à la maison de la foi et il n'y a, pas d'indication d'autre ange chargé de donner, par la parole ou par écrit, d'autres messages à l'Église. Il est possible que, d'autres vérités se manifestent, car la vérité doit briller de plus en plus jusqu'à ce que le jour soit parfait, mais nous devons nous contenter d'attendre que le Seigneur ouvre sa parole sans essayer des interprétations forcées.

            Ce « Volume VII » a été mis, en circulation avec de grandes prétentions. Lu superficiellement, il peut sembler plausible et beaucoup d'enfants de Dieu ont été induits à accepter pour ce qu'il se donne. Il y a eu chez beaucoup une tendance à lui faire trop facilement confiance, du fait qu'il provenait d'une source qu'on croyait n'avoir pas à suspecter et pour laquelle on avait une sorte de culte, le « culte des anges »,  des messagers, c'est-à-dire un excès de respect envers des intermédiaires humains. En dépit du commandement qui prescrit d'exalter « le Chef » comme il convient et de l'injonction explicite qui nous est faite d' « éprouver toutes choses », bien peu ont cherché à l'éprouver, si ce n'est superficiellement, à la lumière du sens commun sanctifié ou de la Parole de Dieu.

            La plupart ne se sont pas souciés de faire appel à leur raison pour ne pas risquer, en le sondant, de rejeter quelque chose venant du Seigneur, et dans certains cas on craignait  véritablement, — et ce sentiment était entretenu par certains articles parus dans la. W. T. — qu'en repoussant le « Volume VII » ou en négligeant de le colporter on ne fera pas partie de la « Classe d'Élie » du « Petit Troupeau », etc.

UNE QUESTION DE PRINCIPE

            Il en est qui ont, une tendance à désapprouver ceux qui se sont retirés des Ecclésias où on accepte le « Mystère Accompli » (et, où on fait de la propagande pour ce volume ou pour les publications inspirées de son contenu) ; et ceux qui ont cessé leurs contributions financières à la W. T. Society. D'une façon générale ils expliquent leur désapprobation en disant que ceux qui agissent ainsi ne manifester pas l'esprit d'amour envers les frères.

            Je pense qu'un peu de réflexion montrera combien ce reproche est peu fondé, et prouvera que ceux qui se sont séparés ne pouvaient faire autrement sans violer leur conscience.

            Le « Volume VII » a été présenté par la W. T. Society comme l'interprétation divine d'une portion de la parole de Dieu. Nombre d'enfants de Dieu, après l'avoir sondé soigneusement, se sont convaincus qu’il n'est pas ce qu’il prétend être et qu'en le répandant la W. T. Society professe l'erreur sous le nom de Vérité.

            Il s'ensuit, qu'en maintenant leur concours financier à la Société dans de telles circonstances, ils aident à la propagande d'enseignements erronés et se rendent certainement, coupables devant le Seigneur.

            Il en est de même des EccIésias qui ont adopté et qui présentent ces enseignements, chaque membre est individuellement responsable de ce qui est fait par l'ecclésia en vertu du même principe que chaque membre d'une des sectes de Babylone est responsable des enseignements professés par cette secte et qu'elle s'est engagée à défendre.

            La raison donnée au peuple de Dieu, appelé à sortir de Babylone, est catégorique : « ... pour qu'ils ne participe pas à ces péchés ; » cela implique que ceux qui y demeurent une fois qu'ils ont eu les yeux ouverts, sur la fausseté, de ses enseignements, sont tenus pour responsables de ceux-ci et participent à sa culpabilité.

            De même ceux qui continuent à alimenter financièrement, comme membres réguliers un groupe (classe ou Ecclésia) qui colporte ou propage ces enseignements après avoir reconnu qu'ils sont faux, seront, j'en suis persuadé, tenus pour coupables de ces enseignements par le Seigneur même s'ils n'ont pas colporté personnellement le moindre traité.

            Il s'agit ici d'une question de principe très important et c'est à nous, qui sommes de la Vérité et dont les yeux ont été ouverts sur ces choses, d'être les premiers à le reconnaître. Choses étranges, les gens du monde paraissent souvent plus éclairés en cela que certains d'entre nous.

            Du vivant de Fr. Russell, et même après sa mort, tant que la W.T. Society resta fidèle à la vérité nous avons marché tous de bon cœur avec elle et nous l'avons aidé financièrement dans la mesure de nos ressources, mais dés que, quittant ce terrain, elle a commencé à répandre de enseignements contraires à la vérité et cherché à dominer sur l'héritage de Dieu (l'Église), nous n’avons eu qu'une alternative, celle de cesser complètement toute contribution financière.

            Nous aurions fait la même chose si Fr. Russell avait agi de la sorte, et pourtant nous lui sommes redevables, par la grâce de Dieu, de toute la connaissance de la vérité, présente que nous possédons.

            La sagesse qui vient d'en haut est pure d'abord, ensuite paisible ; celle que nous suggère notre grand Adversaire veut la paix aux dépens des principes. Et quand nous négligeons la sagesse divine pour celle d'ici-bas, — cette dernière paraitrait-elle à notre jugement déchu la meilleure politique à suivre, — nous pouvons être sûrs que nous aurons à souffrir spirituellement et peut-être courrons le risque d'être détournés du bon chemin : — « Tu me guideras par ton conseil et tu me recevras dans la gloire ». — Quand on se sépare des frères pour une telle cause, ce n'est pas manquer d'amour, au contraire, l'amour des frères est parfaitement compatible avec notre refus de les suivre, dans la mauvaise voie.

SECTARISME PAPAL

            L'esprit d'étroit sectarisme manifesté par la Société depuis que le « Mystère Accompli » a paru a atteint son point culminant dans l'article de la, W. T. du 1er mars 1918, invitant les ecclésias à écarter comme Ancien tout, frère qui ne croirait pas devoir continuer son concours à la Société dans les méthodes et les enseignements nouveaux qu'elle a adoptés, et qui déclarerait impossible pour lui d'accepter et enseigner le « Mystère Accompli ». Mais ce sectarisme s'est fait sentir de plus en plus à mesure que le temps s'est écoulé et a accentué son influence dans les Ecclésias restées en relation, avec la Société. Les signes en abondent. Dans la W. T. du 1er novembre 1918, p. 324, la Société (et ses partisans) sont implicitement confondus avec la véritable église. Voici ce qu'on y lit :

            « On a été jusqu’à prédire, la déconfiture prochaine de la W. T. B. & T. Society.  Pendant les derniers mois écoulés le grand vieux navire qui a subi les tempêtes des siècles (1) a passé par des tourmentes terribles. Les puissances de l'air se sont acharnées contre lui pour le couler, mais il flotte toujours (sous le nom de W. T.  B. &. T. Society, dont on avait prédit la déconfiture à bref délai !) C'est parce que le Seigneur est à bord. Certains craignant la tempête ont abandonné le navire (c'est-à-dire la Société). Nous les plaignons et nous nous réjouissons de ce que la majorité a été trempée à l'épreuve.

(1) [La Société a été fondée en 1884 pour administrer les intérêts du journal du même nom fondé en 1879.]

            Est-il possible, demandons-nous, de tenir un langage plus papal que celui-là ?

            N'est-ce pas là exactement l'attitude que l'église catholique romaine a maintenue au cours des siècles de son existence. Son langage est bien celui-là : elle est la véritable église, elle seule : le grand vieux « navire », la véritable église a passé à travers les tempêtes des siècles, et le seul salut pour quiconque est, à bord du « navire », c'est-à-dire dans l'Église catholique romaine.

            Pour conclure, nous demandons ardemment à notre Père céleste de diriger et de conduire chacun de ses enfants : afin qu'll les garde de toute chute ; que ce soit le vif désir de chacun de nous d'arriver à réaliser une connaissance plus exacte de sa volonté et qu'Il nous donne la grâce de l'accomplir.

(1) [Ces ligues sont extraites de la brochure NOTES ET COMMENTAIRES sur le « MYSTÈRE ACCOMPLI » par Fr. C. F. Main, d'Adélaïde (Australie). (Pag. 22 et suiv.).

            « En présentant ces pensées, dit l'auteur, j'entends donner simplement mes vues personnelles sur la question, laissant à chacun le soin d'en apprécier la valeur à son sens, avec l'aide du Seigneur, en nous rappelant que nous sommes tous individuellement responsables de nos décisions.

            « Je me propose de traiter brièvement : 1° de la prétention qu'a ce volume d'être le « Volume VII » des ÉTUDES DES ÉCRITURES du pasteur Russell ; 2° des sujets qui y sont traités ; 3° des rapports du peuple de Dieu avec la W. T. B. & T.  Society et de la prétention qu'a cette Société, d'être restée le canal même que le Seigneur employa du vivant de Fr. Russell pour départir « la nourriture » au temps convenable à son peuple ».

            [Pour le moment, nous nous sommes bornés à donner ici des extraits de la troisième partie, mais nous recommandons aux frères qui lisent l'anglais de lire la brochure dans son entier. Prix : (environ 0 fr. 75) chez le dépositaire de la présente publication].

CONTRASTES

« Rien n'est changé dans les publications de la Société depuis la mort de Fr. Russell » 

(Juge Rutherford).

« La littérature de la Société, ne doit pas être mise en circulation sans avoir, au préalable, été examinée et comprise ». (1 Thes. 5 : 21)

W. T. 1er mars et 1er avril 1894, p. 74 et 99

Old T. reprints, p. 1627 et 1637

« Il n'appartient ni aux individus ni aux classes de déterminer si la littérature de la Société, doit être mise en circulation ou non ».

W. T. 1er mai 1921 (trad. dans Tour de Garde, Janv.1922, p. 41.

« Rien n'est changé dans les publications de la Société depuis la mort de Fr. Russell » 

(Juge Rutherford).

            Exemple : Les Figures du Tabernacle, base des enseignements de Fr. Russell, œuvre que personne n'a pu réfuter pendant quarante ans. — Une nouvelle édition publiée par la Société, depuis la mort de l'auteur, contient plusieurs centaines de corrections.  

« Rien n'est changé dans les publications de la Société depuis la mort de Fr. Russell » 

(Juge Rutherford).

Il y a douze apôtres (Saint Paul remplaçant Judas).

(Vol. VI, p. 55).

(Photo-drame, p. 148,156). 

Il y a dix-neuf ou vingt apôtres.

Mathias remplace Judas.  

Saint Paul n'est pas un des douze.

(W. T.  15 nov.  1921, p. 350).  

Expériences des frères

dans leurs rapports avec la W.T.B. & T. Society.

EN AMÉRIQUE

            Les débats du procès intenté par le Ministère public aux Directeurs de la Société, en 1918, ont établi que c'est illégalement que Fr. Rutherford a pris la tête des affaires de la Société, le jour même de la mort du Pasteur Russell, alors qu'il n'était pas même directeur d'un service dans la Société.

            Il est indubitable que cette intrusion était contraire aux intentions de Fr. Russell. Si celui-ci avait pensé à Fr. Rutherford pour lui succéder, il aurait sûrement proposé son élection comme Vice-président et aurait fait connaître ses intentions dans son testament. Or, on a littéralement passé sur le corps de Fr. Ritchie, qui était Vice-président effectif.

            Certaines des plus importantes parmi les dispositions du testament de Fr. Russell furent entièrement mises de côté :

            1° Les titres de vote du Pasteur Russell, qui lui donnaient une influence prépondérante dans la Société et qu'il avait laissés en dépôt, à quelques sœurs, pour être utilisés par elles aux élections des directeurs de la Société, furent déclarés sans valeur, sous le prétexte que Fr. Russell n'avait pas le droit de céder ce droit de vote à d'autres : arguments juridiques, qui n'auraient pas dû être invoqués, si on avait eu le moindre respect pour le défunt pasteur, et si on avait eu le souci de suivre ses dernières volontés dans ce domaine !

            2° D'après les statuts légaux de la Société, qui certainement exprimaient les désirs du Pasteur Russell, les membres du Conseil d'administration étaient élus à vie et ne pouvaient perdre leur charge que sur un vote formulé à la majorité des deux tiers par les actionnaires.

            Quand Fr. Rutherford, fut élu Président de la Société, quelques semaines après la mort de Fr. Russell, les autres membres du Conseil d'administration (dont la qualité légale d'Administrateurs ne fut pas même soulevée à l'assemblée des Actionnaires), approuvèrent, évidemment pour lui être agréables, les amendements qu'il fit voter pour avoir les pouvoirs de Chef de l'Exécutif. C'est à eux qu'il est redevable de ces pouvoirs, bien que d'après ses allégations, il savait que, pour être juridiquement en règle, ces administrateurs auraient dû être réélus chaque année conformément à la législation de l'État de Pennsylvanie dans lequel avait été créée la Société ; — allégations qui ont d'ailleurs été déclarées sans fondement par d'autres avocats éminents des États-Unis ; et au procès, il fut déclaré par le Ministère public qu'elles ne tenaient pas debout !

            Fr. Rutherford a fait entendre que le Pasteur Russell était au courant de cette prétendue illégalité, mais, en admettant même qu'il en fût ainsi, du moment que l'État  avait approuvé les statuts de la Société tels qu'ils avaient été soumis, et n'avait pas fait de difficultés, ni manifesté l'intention d'en faire, pour laisser le Pasteur Russell poursuivre son œuvre, celui-ci évidemment n'avait pas jugé nécessaire de faire un changement dans un domaine qui lui avait permis de poursuivre la même ligne de conduite pendant environ trente-deux ans.

            Cependant quand quatre de ces Administrateurs sur six, qui avaient donné à Fr. Rutherford les pouvoirs qu'il désirait, eurent cessé de lui plaire, et quand il comprit qu'ils ne consentiraient jamais à laisser publier le « Mystère accompli » comme une « œuvre du pasteur Russell » tant qu'ils occuperaient leur charge, il les expulsa, en disant qu'ils n'avaient pas le droit d'être à la place qu'ils occupaient, puisqu'ils n'étaient pas Administrateurs. Chose étrange, toutefois, il ne renonça pour lui-même aux pouvoirs qu'il avait reçus de ces mêmes Administrateurs.

            Certains feront remarquer que les actionnaires, en élisant Fr. Rutherford à la Présidence, ont approuvé ce qu'il avait fait. Mais il ne faut pas oublier que les titres de vote du pasteur Russell qui avaient été confiée à des sœurs dépositaires pour être utilisés en pareil cas, et qui auraient complètement modifié le sens des élections, ne furent jamais admis au scrutin — encore une disposition qui ne devint possible que parce que Fr. Rutherford s'était emparé de la direction virtuelle de la Société immédiatement après la mort de Fr. Russell, au lieu de la laisser à Fr. Ritchie, à qui elle revenait de droit en sa qualité de Vice-Président, en attendant l'élection d'un Président.

            Dans ces conditions, on peut bien se demander — encore une fois, — comment il est raisonnablement possible de prétendre que la Société est restée, « le même canal » que du temps de pasteur Russell, et que c'est elle que le Seigneur emploie, — et non un autre canal, — pour répandre sa vérité dans le monde aujourd'hui !

AUX INDES

            Voici la traduction de la correspondance échangée entre Fr. Hart (précédemment représentant de la W. T. B. & T. Society aux Indes) et le siège de cette Société à Brooklyn. Fr. Hart, venu aux Indes du vivant du Pasteur Russell, y avait été envoyé de Londres, où il était un des Directeurs de l’A. I. E. B.

            En raison de la distance qui sépare les Indes du mouvement et de l'agitation de la vie occidentale, — isolées comme elles le sont, non seulement par le temps et la distance, mais encore par les barrières du langage, des controverses qui ont surgi dans la Société ou, à cause d'elle après l'entrée en scène de frères doués de moins de capacité, sinon de moins de tact, — on pouvait croire que la propagation du message de la Vérité dans ce pays où la « création qui soupire » compte 300 millions d'individus contre une poignée seulement, de saints consacrés, aurait dû se poursuivre, sans incidents ni obstacles. Bien loin de là !

            Peu de temps après la mort de Fr. Russell, la Société notifiait au frère qui avait été, envoyé de Londres pour coopérer dans l'œuvre avec les frères locaux, qu'elle ne pouvait pas continuer plus longtemps à soutenir financièrement l’œuvre des Indes et que « dorénavant les branches (ou succursales) étrangères devront subsister presque entièrement, sur leurs propres ressources. C'est pourquoi ajoutait-elle, à partir de maintenant, n'attendez plus rien du Bureau de Brooklyn ».

            Comme une douzaine de personnes environ n'avaient pour vivre d'autres ressources que les sommes reçues de temps en temps de la Société, et venaient chaque mois voir le frère en question pour faire face à leurs besoins, il fallait aviser au plus tôt. Un frère consacré de Singapour qui avait à un moment témoigné quelque intérêt à l'œuvre des Indes profitait de cette circonstance pour venir généreusement au secours de l'œuvre, estimant comme un privilège du Seigneur de pouvoir la soutenir de sa poche. La Société n'éleva à l'époque aucune objection contre cet arrangement et même, à l'occasion d'une donation de ce frère à I'œuvre des Indes, elle lui accusait directement réception, sur la demande qu'en avait faite à la Société son représentant aux Indes.

            En Novembre 1918, à la suite de la publication du « Mystère Accompli » en Amérique et de l'emprisonnement des frères, qui eut pour résultat de faire censurer l'ouvrage aux Indes et de provoquer une enquête de la part du Gouvernement de Madras, le Représentant de l'Association Internationale des Étudiants de la Bible aux Indes reçut l'ordre de quitter le pays, et trouva asile en Australie. C'est à cette époque, et après un contact personnel avec les frères d'Australie Occidentale, que se place la correspondance dont nous publions la lettre suivante adressée à la Société à Brooklyn :

            Au Comité exécutif

de la « W. T. B. & T. Society » 

(*) [En vertu des amendements aux Statuts qu'il a fait voter en recevant la Présidence, le 5 janvier 1917, le Juge Rutherford centralise en sa personne tous les pouvoirs de l’Exécutif].

16 Décembre 1918.

                                        Chers frères,

            Je vous écris pour vous informer qu'en conséquence du jugement récemment prononcé contre les frères, et la publicité tapageuse donnée au verdict dans les journaux indous, le Gouvernement de Madras a pris des mesures pour empêcher à l'avenir la diffusion des doctrines de l'A. I. E. B. et me paralyser ainsi dans la libre prédication de la Bonne Nouvelle. Sur ma protestation, on m'intima l'ordre d'avoir à quitter l'Inde dans les trois jours et, de n'y plus revenir.

            Par un effet de la Providence du Seigneur et grâce à l'intervention des frères du Bureau de Navigation à Colombo (Ceylan), je pus obtenir un passage sur un bateau qui se rendait à Albany (Australie Occidentale). Quelques jours après mon débarquement dans ce port, j'arrivais à Perth pour y attendre un bateau à destination de Melbourne, toutes les places étant retenues jusqu'à Noël sur cette ligne.

            Bien avant de quitter les Indes (il y a de cela plusieurs mois) j'écrivais au fr.  Rutherford au sujet du « Septième Volume » et de questions qui y ont trait, lui demandant des renseignements sur certains points soulevés à cette occasion. En attendant une réponse, nous poursuivions l'étude du « Volume VII » avec la pensée que chaque frère avait pleine liberté d'exprimer son jugement, et, le cas échéant, de n'être pas d'accord sur certaines de ses affirmations, sans obliger les frères à admettre des textes contraires aux Écritures. Le travail continua là-bas sans interruption et les progrès étaient des plus encourageants à mon départ.

            A mon arrivée en Australie Occidentale j'écrivais à Fr. Johnston, de Melbourne (*) qui aimablement, me mit en relation avec les frères de Perth. J'appris alors qu'il existait dans cette ville, deux classes séparées et que l'attitude de la Société en imposant aux amis le Septième Volume et en usant de menaces contre ceux qui ne partageaient pas les interprétations de ce livre et n'approuvaient ni son esprit ni les prétentions qui y sont émises, avait incité fr. Nicholson à se séparer de la Société et à poursuivre, sur la demande de nombreux amis, l’œuvre de propagande en Australie dans l'esprit, où elle se faisait auparavant, sous la direction du Fr. Russell, au moyen d'un organisme créé à cet effet. Je m'apercevais que plusieurs des points soulevés par le fr. Nicholson concordaient avec ceux que j’avais déjà portés à l'attention de fr. Rutherford ; mon intention était cependant, de réserver mon jugement final jusqu'à ce que j'aie vu le Fr. Johnston, de Melbourne, mais l'esprit manifesté récemment par la Société est évidemment contagieux et avait atteint Perth. Les Étudiants de la Bible faisant partie de la section qui n'admettait pas le « Volume VII », ne posèrent aucune condition pour me donner la parole dans leurs réunions ; ils n'ignoraient pas pourtant que j'étais un représentant de la Société. Pour éviter toute complication, je déclinais leur offre et décidais d'assister aux études de l'autre classe. Mais bientôt deux anciens de cette dernière vinrent me trouver, déclarant, qu'ils aimeraient bien me voir diriger une de leurs réunions ou leur adresser la parole le Dimanche, si je pouvais répondre par l'affirmative aux questions posées dans la W. T. du 1er mars 1918. Du coup, je résolus d'en finir, ne me sentant nulle disposition à accepter la Société comme un successeur de Fr. Russell ni à admettre une Corporation inscrite au Registre de Commerce, pour un canal destiné à nous alimenter en Vérité divine ; d'ailleurs je ne pouvais consentir à mettre de côte ce droit de jugement individuel que le protestantisme a proclamé dans le passé et que le Fr. Russell nous avait toujours exhortés à maintenir.

(*) [Représentant de la W. T. Society à Melbourne, successeur de Fr. R. B. Nicholson, représentant la Société en Australie Occidentale].

            C'est pourquoi, chers frères, voulant être libre de suivre les réunions et de prendre la parole partout où il y a des enfants de Dieu, pour autant que je m'en sentirai qualifié par le saint Esprit, et afin de me désolidariser d'avec un esprit et des procédés que je ne puis approuver comme scripturaux ni même comme fraternels, j'ai le regret par la présente de vous prier d'accepter ma démission de représentant de la W. T. B. & T. Society et de l'A. I. E. B.

            Comme la Société en Amérique a cessé de soutenir l’œuvre aux Indes depuis octobre 1917 et que les frères de là-bas ne dépendent plus que de leurs seules ressources, je ne pense pas avoir à vous adresser un rapport de clôture. Je suis heureux de pouvoir déclarer que les frères travaillent ensemble avec amour et harmonie. J'espère seulement que la Société se contentant du mal d'avoir brouillé les choses comme elle l'a fait, n'agira pas, de manière à provoquer d'autres divisions.

            Il est évident, à lire la W. T. du 1er juin dernier, que la Société est disposée à changer d'attitude en faveur des frères qu'elle a mis en mauvaise posture. Dieu veuille qu'on y ait tenu compte également des intérêts plus importants des frères en général et que des conseils de modération aient fini par prévaloir à Brooklyn.

            Avec l'assurance de mon amour continu dans le Seigneur, et toujours prêt, à reprendre la tâche avec vous si vous revenez aux « anciens sentiers », à l'esprit du Maître et de son « fidèle serviteur », je reste sincèrement à vous pour « la Vérité ! ».

Signé: Alf.  A. HART.

            Dans l'intervalle, le frère qui remplissait les fonctions de principal interprète à Travancore avait pris la charge de l’œuvre, et après la démission de Fr. Hart, fut nommé représentant de la Société. Poussé par un groupe de frères, il voulut donner à l’œuvre plus d'extension que ne le comportaient les besoins du petit nombre de frères consacrés de ce district et l'importance relative de ce champ d'activité. Il épuisa rapidement ses ressources financières et bientôt dut faire appel à la Société pour la prier de reprendre ses envois de fonds. Fr. Rutherford saisit au vol l'occasion qui se présentait de capter ce frère à la remorque de la Société pour détruire ensuite aussi radicalement que possible l'influence qu’y pouvait encore exercer le précédent représentant de la Société. Il se dépêcha d'expédier aux Indes la lettre suivante pendant que Fr. Hart était encore en Australie :

22 Septembre 1919.

                                        Cher frère Joseph,

            L'œuvre aux Indes ne marche pas à notre satisfaction et cela depuis quelque temps déjà. Nous nous sentirions plus encouragés à l'aider financièrement, si nous savions qui, est fidèle et qui ne l'est pas. Pendant longtemps la Société avait maintenu dans ce pays Fr. Hart, mais on nous apprend qu'il s'est arrangé avec des gens de Singapour pour vous faire avoir des subsides réguliers afin que vous puissiez travailler d'accord avec lui et que vous sympathisiez entièrement avec Fr. Hart dans la campagne qu'il mène contre la Société.

            Rappelez-vous, cher frère, que c'est au Seigneur que vous aurez à rendre compte et que si vous essayez de tromper la Société vous n'y réussirez pas. Je ne dis pas que vous le faites, mais telles sont les informations qui nous parviennent et, avant d'aller plus loin, j'attendrai vos explications à ce sujet.

Signé : J.F. RUTHERFORD.

            Quand on veut pousser les choses trop loin, on est généralement victime de sa présomption, c’est ce qui arrivait cette fois à Fr. Rutherford. Les frères de Travancore  étant au courant de ce qui se passait, savaient combien étaient mal fondée la grave accusation ainsi portée d'après les racontars, sur ouï-dire d'un informateur inconnu, par un frère occupant un poste aussi lourd de responsabilité (alors qu'une de ses caractéristiques est son irresponsabilité).

            Sans faire mention du frère spécialement visé, ils repoussèrent l'accusation portée contre des frères qui avaient été pour eux, entre les mains du Seigneur, un moyen de bénédiction. Nous détachons les lignes suivantes de la lettre qui fut envoyée à Brooklyn :

Novembre 1919.

                                        Cher Frère Rutherford,

                    Affectueuses salutations dans le Seigneur,

            Votre lettre du 22 Septembre 1919 me parvient ce matin. Vous me permettrez d'y répondre point par point.

            « L'œuvre aux Indes — d'après les termes de votre lettre ne marche pas à souhait et cela depuis quelque temps déjà ». Votre allégation paraît très affirmative et je me demande comment vous avez pu arriver à cette conclusion, puisque je n'ai cessé de vous envoyer mois par mois des rapports fidèles et circonstanciés, depuis que j'ai su par Fr. Hart qu'il avait démissionné.

            Aussi longtemps que Fr. Hart a été ici, l’œuvre a marché avec vigueur et d’une façon satisfaisante, ainsi qu'on peut s'en rendre compte par les rapports qu'il a envoyés et sa lettre finale de démission. S'il y a eu quelque chose à relever dans le ton des rapports envoyés par Fr. Hart et par moi-même, c'est qu'ils n'amplifiaient rien, et qu'ils n'étaient pas truqués…

            ... Votre lettre continue ensuite en ces termes : « Pendant longtemps, la Société avait maintenu dans ce pays Fr. Hart — mais on nous apprend qu'il s'est arrangé avec des gens de Singapour pour vous faire envoyer des subsides réguliers afin que vous puissiez travailler d'accord avec lui et que vous sympathisiez entièrement avec Fr. Hart dans la campagne qu'il mène contre la Société ».

            Nous exprimons notre reconnaissance envers la Société pour avoir maintenu Fr. Hart ici aussi longtemps. Le travail d'amour et de renoncement de Fr. Hart a porté, de riches fruits ; et je suis sûr que les frères dispersés par toute l'Inde en Birmanie à Ceylan et dans les Colonies des Détroits (*) sont unanimes pour lui rendre témoignage à cet égard. Vous ne pourrez jamais vous représenter de ce côté, du voile, quelles privations inouïes il a endurées au service de l’œuvre pour la cause du Seigneur… Il a tout supporté avec joie, sans plainte ni murmure. Même les adversaires de la Vérité ont souvent admiré son abnégation.

(*) [Établissements britanniques contigus baignés par le golfe de Bengale et le détroit de Malacca, c'est-à-dire tout le territoire visité par frère Hart, de Travancore à Singapour].

            Fr. Hart n'avait reçu aucun subside de Brooklyn depuis octobre 1917, donc pendant plus d'un an... Dans l'intervalle les amis de Singapour et de différentes parties de l'Inde entreprirent d'aider l’œuvre de leurs contributions, chose que nous considérons comme venant du Seigneur.

            Pensant que la situation troublée des Indes pouvait contraindre Fr. Hart à quitter le pays à l'improviste, un frère de Singapour avait eu la précaution de pourvoir à ses frais de retour en Angleterre et avait fait une donation à cet effet de 600 roupies (*), la Société n'ayant pas de fonds suffisants. Il ne put d'ailleurs utiliser cette somme pour son passage, l'ordre d'expulsion lui laissant, un délai trop court pour faire venir les fonds qui avaient été déposés dans la Banque de Madras… Il fallut pour les retirer donner procuration à un des amis de Madras qui fut, autorisé à disposer de cette somme sur laquelle il prélevait, mois par mois, ce qu'il fallait pour l’œuvre de la Société. Fr. Hart eut la bonté d'arranger cela ainsi avant d'envoyer sa démission. Ce qui prouve à l'évidence qu'il n'y a pas eu de combinaison cachée en vue de tromper.

(*) [Environ 2.000 frs]

            Quant aux rapports qui vous parviennent, je dois vous dire qu'ils sont absolument faux. Tous ces rapports proviennent de l'adversaire qui cherche à aveugler le peuple de Dieu et à nuire à l’œuvre du Seigneur ici...

            Je ne travaille pas en liaison avec Fr. Hart ni avec personne qui s'est retiré de la Société, pas plus que je suis disposé à travailler avec quelqu'un qui n'est pas d'accord avec elle.

signé : A.-J. Joseph.

            Fr. Rutherford reconnut dans sa réponse que ses accusations n'étaient pas fondées et que le seul crime de Fr. Hart avait été de donner sa démission de représentant de la Société, en la motivant par un cas de conscience, mais il se garda bien de s'excuser vis-à-vis du frère pour sa lettre diffamatoire.

            En ce qui concerne l'allégation d'après laquelle la Société avait maintenu Fr. Hart, il n'est peut-être pas sans intérêt de remarquer que, faute de fonds suffisants envoyés par la Société, Fr. Kart, incriminé à tort, ne reçut pendant les deux ans qui précédèrent sa démission que l'équivalent de 13/4 d.. (*) — accordée partout ailleurs aux autres collaborateurs de la Société. C'est avec cette allocation — vraie munificence — qu'il devait s'arranger, pour payer son voyage de retour des Indes en Angleterre, puisque la Société a toujours refusé de lui rembourser jusqu'à maintenant l'arriéré de ses dépenses personnelles ou ses frais de voyage de retour, et cependant il ne semble pas qu'il y ait chez elle pénurie d'argent maintenant !

(*) [Ces sommes équivalent, au cours actuel, au montant suivant, en argent français : 13/4 d. = 35 Fr. ; par mois pour ses frais d'entretien personnel, au lieu de £ 2 par mois — somme portée depuis lors à £ 2.5.0. [£. 2 = 105 fr. ; £. 2.5.0 = 118 francs].

            Cette correspondance a servi à ouvrir les yeux de nombreux frères sur le véritable esprit qui règne maintenant à Brooklyn et les a mis sur leurs gardes.

            Pendant ce temps, la paix avec l'Allemagne étant signée ; la mesure de bannissement qui éloignait Fr. Hart de l'Inde avait été rapportée par le Gouvernement. Les frères de Travancore lui envoyèrent aussitôt une chaleureuse invitation à revenir et à reprendre son service au milieu d'eux ; cette lettre était signée par des frères désignés à cet effet, y compris le frère, qui pendant l’intérim avait représenté la Société ; ce frère, plus tard, lui écrivait, personnellement, donnant des extraits d'articles publiés par la Société sur lesquels, faute de raisons personnelles, comme nous l'avons su plus tard, il basait son acceptation du « Mystère Accompli ».

            En  même temps, il écrivait à Fr. Rutherford pour lui demander comment il fallait recevoir Fr. Hart à son arrivée. La réponse de Fr. Rutherford fut la suivante : « Comme sa conduite est de nature à provoquer une division dans les classes, nous conseillons à ceux qui sont d'accord avec la Société et son œuvre de ne pas avoir de relations avec lui, au propre sens du mot, jusqu'à ce qu'il juge bon de manifester des dispositions différentes ».

            A l'arrivée du Fr. Hart aux Indes et avant qu'il mit le pied dans l'État de Travancore, il reçut notification d'une série de résolutions donnant l'impression d'avoir été votées par les frères assemblés en Convention, mais dont la signification, déclarait-on plus tard, ne leur avait pas été expliquée. En voici le texte :

            « Les Étudiants de la Bible de Travancore réunis en Convention à Kottayam le 1er Février 1920, décident à l'unanimité :

            1° Qu'ils reconnaissent la W. T. B. & T. Society comme le canal de la Vérité présente ; qu'elle est toujours dans la Vérité et que, par suite, ils acceptent volontiers tout serviteur de la Vérité reconnu par la Société et que Fr. Hart sera le bienvenu s'il est reconnu comme tel.

            2° Qu'ils transmettent à Fr. Hart l'expression de leur affection chaleureuse et de leur profonde reconnaissance pour l’œuvre d'amour qu'il a accompli parmi eux.

            3° Qu'ils ont appris que centaines difficultés ont malheureusement surgi entre Fr. Hart et la Société et, à ce propos, lui demande bien vouloir leur accorder un entretien pour tirer les difficultés au clair... »

            Pendant qu'il était en voyage pour les rencontrer en personne et expliquer la situation à quelques frères délégués, au-devant de lui, une autre réunion générale avait lieu et après une discussion à fond entre eux et dans leur langue qui dura deux heures, ils demandèrent à l'unanimité à Fr. Hart de reprendre le travail au milieu d'eux. Des arrangements furent pris ; d'accord avec des frères d'autres parties des Indes  adhérant au mouvement, pour faire face aux dépenses que le frère avait eues, sans toucher aux fonds de la Société, avec laquelle, bien entendu, il ne voulait rien avoir de commun. Et le ministère de la vérité continua publiquement et autrement.

            Il est bon de rappeler que ni le « Mystère Accompli » ni le journal n'étaient traduits en Malayalam et que les frères d'ici n’avaient aucune intention de discuter entre eux sur des sujets qu'ils ignoraient. Mais Fr. Rutherford et un ou deux esprits aussi sectaires que lui à Travancore n'admettaient pas que l’œuvre de propagande du message de bénédiction, après laquelle soupirait l'Inde, pût reprendre si tranquillement. Il devient bientôt évident que tandis que tous avaient ouvertement voté pour que Fr. Hart reprit son travail, il ne manquait pas de gens qui cherchaient en secret à provoquer une rupture. Le représentant même de la Société avec qui Fr. Hart ne cessait d'entretenir des rapports des plus fraternels, était dans une position difficile, devant la tactique de pression de Fr. Rutherford, l'obligeant à prendre nettement position dans un sens où dans l'autre. Il avait, en outre, de lourdes charges de famille, et il devenait évident que les quelques amis des Indes qui n'étaient pas disposés à accepter le « Mystère Accompli » et les prétentions de la Société, ne seraient pas en mesure de faire face indéfiniment aux dépenses de Fr. Hart.

            Dans ces circonstances et comme des nécessités de famille exigeaient son retour, il lui sembla plus sage de démissionner. Entre temps, la situation était venue à la connaissance de Fr. Rutherford et provoqua de sa part une autre épître  caractéristique qui arriva aux Indes après le départ de Fr. Hart. Nous en extrayons les lignes suivantes :

            «...En ce qui concerne Fr. Hart ou toute autre personne marchant dans le même chemin, ma manière de voir et celle de mes collaborateurs à la Société sont exposées dans la W. T. du 1er avril 1920. La Société ne saurait reconnaître qu'on travaille en rivale avec elle. Si Fr. Hart veut prêcher l'Évangile, c'est son affaire et non la nôtre ; mais il serait manifestement déplacé de la part de la Société de subvenir à ses besoins, ni directement ni indirectement, du moment qu'il met obstacle à son œuvre ».

*  *  *

            Il avait été convenu que Fr. Hart paierait sa part de loyer de la maison d'habitation indigène qu'il partageait autrefois avec Fr. Joseph. Ce dernier avait, l'amabilité de se charger des approvisionnements au marché, tandis que Sœur Joseph préparait le repas, tout en faisant sa propre cuisine. En parlant de cet arrangement, Fr. Rutherford continuait, comme suit : « Je ne suis pas du tout d'avis de partager la maison d'habitation avec lui ; de deux choses l'une ou c'est lui qui doit s'en aller ou c'est vous, car une association aussi étroite ne peut qu'égarer les amis ».

            Ainsi il devenait évident qu'il n'était pas possible d'éviter de rompre si l'on voulait entrer dans les idées de Fr. Rutherford, et il appartenait au frère de s'assurer que la décision des amis avait été prise non par esprit, de parti ignorant, mais en parfaite connaissance de cause et sans perdre de vue les principes qui étaient en jeu.

            Comme résultat de la dernière lettre de Fr. Rutherford, un de ceux qui travaillaient pour la Société donna sa démission et d'autres frères déclarèrent résolument qu'ils ne voulaient plus avoir aucun lien avec la Société ni avec ceux qui admettaient sa ligne de conduite.

            Il n'est pas douteux que d'autres encore, voudront de temps à autre s'arracher à cet enivrement hébétant imputable en tout premier lieu à la coupe, que tient entre les mains la femme, montée sur une bête de couleur écarlate et à laquelle le peuple du Seigneur semble avoir tant d'inclination à boire.

            Ceux parmi les amis de la vérité résidant aux Indes qui connaissent l'anglais, avaient été mis au courant des difficultés surgies au sein de la Société, grâce à la circulation faite dans le monde entier des fameuses publications connues sous le nom de Harvest Siftings par Fr. Rutherford (*) et, peu à peu, on voyait agir les influences séparatrices. Il en est qui poussèrent leurs recherches plus loin que d'autres et là comme ailleurs quelques-uns demeurèrent fermes dans la liberté, qu'ils avaient acquise, refusant de se laisser engager de nouveau dans les liens sectaires.

(*) [En français : « Criblage du temps de Moisson ». Ces publications, bien entendu, ne sont jamais parvenues à la connaissance des frères de langue française ignorant, l'anglais].

            Dans la classe de Madras (seule classe organisée, en dehors de Travancore),  un des anciens a dû démissionner — avant le retour de Fr. Hart aux Indes — parce qu'il avait refusé de signer une déclaration de fidélité à la W. T. B. Society, préférant marquer d'abord sa loyauté envers le Seigneur, seul vrai chef de l'Église et parce que, lorsque la classe se réunit, soi-disant pour étudier le « Mystère Accompli », il osa se montrer en désaccord avec certaines de ses interprétations.

            Ainsi aux Indes comme ailleurs l’œuvre est maintenant, humainement parlant, entravée par la rupture. De cela, comme le montre ce court exposé, c'est à Fr. Rutherford, qui l'accepte de cœur léger, que revient tout le mérite. Que tous ceux qui aiment le Seigneur prennent garde à l'avertissement de sa parole : « Je vous exhorte, frères, à avoir l’œil sur ceux qui causent, les divisions et les occasions de chute par des choses qui ne sont pas selon la doctrine que vous avez apprise ; et éloignez-vous d'eux » (Rom. 16 : 17) « Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende » Matth. 13 : 9 (S).

Signé :  A. A. HART.

EN ANGLETERRE

            Des divergences existaient, entre les frères d'Angleterre et la W. T. B. & T. Society depuis la mort de Fr. Russell, et s'étaient accentuées au cours d'une visite en Grande Bretagne de Fr. Johnson, venu d'Amérique au début de 1917. Ces divergences visaient d'abord seulement l'attitude et les procédés de la Société, sa politique, en un mot, et ne se compliquèrent que plus tard de questions de doctrine, lorsque le pseudo « Volume VII », et d'autres publications de la Société furent parvenues entre les mains des frères de Grande-Bretagne. Leur esprit conservateur et positif n'était frappé de prime abord que par les faits concrets : les questions de principe semblaient échapper, sinon aux plus clairvoyants, d'entre eux, du moins à la majorité. A la Convention d'août 1919, il se manifesta clairement qu'une partie des frères désiraient faire un effort pour amener la « réconciliation » avec la W. T. B. & T. Society. Un Comité fut chargé des démarches nécessaires et, un an après, une base raisonnable d'accord, fut votée, contenant le « strict minimum » des conditions « requises pour rétablir une union permanente ; » celles-ci sont clairement exposées dans la lettre suivante, que le Comité adressa au Président de la Société :

21 août 1920.

                                        « Cher frère Rutherford,

            « Nous apprenons indirectement que vous êtes en train de visiter la Grande-Bretagne en ce moment, et que vous comptez adresser la parole aux frères dans des réunions que vous avez convoquées à cet effet. Nous exprimons l'espoir, cher frère, que votre visite soit profitable à beaucoup ; que la Parole de Dieu soit proclamée avec puissance, et que Son Nom soit exalté.

            « Vous savez tous les efforts du Comité, constitué à la Convention de l’année dernière, en vue de trouver une base de réconciliation entre la W. T. B. & T. Society et ses partisans, d'une part, et les frères qui, pour des raisons de conscience, protestent contre certains procédés, certaines publications, et certains enseignements de la Société, — toutes choses introduites depuis que le cher Fr. Russell a été retiré du milieu de nous, — et que ces frères estiment contraires aux instructions de la Parole de Dieu et de nature à miner l’œuvre immense de notre cher Pasteur. Malgré nos efforts acharnés, nous n'avons pas réussi dans notre tâche.

            « Nous avons à vous informer maintenant que les frères assemblés en Convention générale au début de ce mois, ont approuvé et adopté à une large majorité le texte suivant constituant, à leur point de vue, une base possible et raisonnable de réconciliation, et ils vous le soumettent, en votre qualité de Président de la Société, espérant que les idées suggérées seront trouvées acceptables, et que ceux qui ont qualité, pour cela les accueilleront avec empressement ».

            « Notre Comité (*) estime que les véritables causes des difficultés existant actuellement entre la Société et beaucoup de frères et de classes en Grande-Bretagne résident dans les faits indiqués ci-après. Ils estiment également qu'on ne trouvera une base satisfaisante de réconciliation et de coopération avec la W. T. B. & T. Society qu'en éliminant complètement ces causes actives.

(*) [Bible Students Committee (Comité d'Étudiants de la Bible)]

             « Comme méthode propre à réaliser le but désiré, le Comité suggère :

            « Que la Société déclare clairement et explicitement, par le moyen de la W. T., qu'elle n'élève à aucun titre la prétention d'exercer une autorité sur les frères ou les Ecclésias ou un contrôle parmi eux, ni scripturalement, ni autrement ; que la Société est simplement une firme commerciale (business corporation) formée pour SERVIR le peuple du Seigneur en répandant la bonne nouvelle oralement ou par l'imprimerie.

            « 2° Que la Société déclare expressément, dans la W. T., que les conditions requises et exposées dans les Écritures pour exercer une charge dans les Classes constituent des éléments d'appréciation suffisants, et qu'il y a lieu, en conséquence, ni de les ignorer ni d'y rien ajouter.

            « 3° Que la Société déclare catégoriquement, par le même organe qu'elle retire pour toujours, dons l'intérêt de l'unité et de la paix parmi les frères, toutes prétentions avancées dans le volume intitulé Mystère Accompli ou au sujet de ce volume, autres que celles d'être un Commentaire sur l'Apocalypse et sur le livre d'Ézéchiel par les frères Woodworth et Fisher.

            « 4° Que la Société entreprendra de collaborer franchement à une enquête ouverte et impartiale, par des représentants agréés des frères de Grande-Bretagne, sur les faits qui ont été reprochés aux représentants de la Société qui étaient en fonctions avant, pendant et après la visite de fr. Johnson en Grande-Bretagne, et que les résultats de cette enquête seront portés à la connaissance des frères dans toute la Grande-Bretagne ».

            « Le Comité estime que chacun des quatre points susmentionnés comporte une question de principe importante, et qu' « il ne faut jamais, sous aucun prétexte, sacrifier les principes » : si bien que, tout en désirant une entente avec nos frères de la Société, et avec ses partisans, nous ne saurions le faire aux dépens des principes ».

            « Vous nous obligerez en nous accusant au plus tôt réception de cette lettre, avec les réflexions que vous croirez devoir nous transmettre. Nous vous remettons inclus copie du rapport du Secrétaire pour l'année écoulée, et vous saluons bien sincèrement au nom de notre gracieux Seigneur et Chef.

« Vos frères et serviteurs,

« Bible Students Committee ».

            Ni cette lettre, ni une lettre ultérieure de confirmation, en date du 26 août, ne furent suivies d'une réponse. Un simple mot d'un Secrétaire parvint au Comité après la seconde lettre, informant que la correspondance avait été réexpédiée au Président à Glasgow. Enfin, après une troisième lettre, écrite le 3 Septembre, le Comité reçût la lettre suivante :

4 septembre 1920.

            « Bible Students Committee », etc.

                                        Chers frères,

            Votre lettre est entre mes mains. J'invite par la présente chacun de vous et tous ceux qui ont été et qui sont d'accord avec vous à assister à la Conférence de Londres et à venir, entendre mon allocution, lundi 13 courant, à 3 heures de l'après-midi, à la salle Kingsway. J'y exposerai la position de la Société et j'espère que cela vaudra mieux pour le profit de tous.

            Avec mes salutations chrétiennes,

                                        Votre frère et serviteur par Sa Grâce,

                                                            (Signé) : J. F. RUTHETFORD.

            Une seconde lettre, en date du 7 septembre, notifiait que Ie discours annoncé aurait lieu à 7 heures du soir :

            «... En vous faisant part de ce changement d'heure, ajoutait le Président de la Société, je vous adresse, à tous, une cordiale invitation à être présents à l'heure indiquée, où je répondrai du haut de la tribune aux trois questions faisant l'objet de votre lettre ».

            À cette lettre, le Comité répondit le 10 Septembre :

                                        Cher frère Rutherford,

            Nous avons reçu vos deux lettres, et vous en remercions. Le Comité sera représenté à la Conférence de lundi soir, bien que nous voyons difficilement comment on pourra arriver à une réconciliation en suivant la voie indiquée dans votre lettre.

            Nous remarquons que vous vous proposez, dites-vous, de « répondre du haut de la tribune aux trois questions faisant l'objet de notre lettre ». Nous ne sachions pas que nous vous ayons prié de répondre à trois questions. Nous n'avons posé qu’une seule question qui est celle-ci : « Est-ce que la Société est disposée à accepter, comme méthode propre à réaliser le but cherché, les propositions soumises, de sorte que nous puissions espérer rétablir l'union parmi le peuple du Seigneur, dans ce pays ? » et c'est à cette question que nous aimerions connaître votre réponse.

            Il est à noter d'ailleurs qu'il y a quatre propositions incluses dans la base que nous avons suggérée.

            Sûrement, cher frère, si la Société et ses partisans désirent une réconciliation, ils proposeront une conférence, c'est-à-dire un entretien auquel participeraient non seulement des représentants des deux parties, mais également des frères du dehors, de façon que tout soit fait aussi impartialement que possible. Ne trouvez-vous pas que ce soit en l'occurrence la meilleure voie à suivre ?

            Avec amour dans le Seigneur,

                                                            Vos frères et serviteurs,

                                                       « Bible Studente Committee ».

            À cette lettre, ajoute le Bulletin de Réconciliation publié ultérieurement, il ne fut donné aucune réponse, et nous avons ainsi publié toute la correspondance échangée entre Fr. Rutherford et le Comité. Le Comité fut cependant représenté à la réunion et entendit l'allocution annoncée — un très long discours, dont seulement une courte partie fut consacrée au sujet, de la réconciliation. Fr. Rutherford expliqua bien que la Société n'avait rien contre les frères qui différaient d'avis avec elle et il les invitait tous cordialement à revenir et à prendre part au grand travail que la Société allait entreprendre. Ce sentiment fut apprécié à sa juste valeur mais notre frère eut bien soin de faire comprendre que sur aucun des points qui nous divisaient il ne serait fait de concession, — que tous auraient à se conformer aux conditions de la Société ou à rester en dehors. Il n'y eut aucune allusion de sa part à la Conférence que nous avions suggérée pour élucider les points en litige, et aucun changement d'attitude en ce qui  concerne les quatre points soumis comme base d'accord. Aussi les membres présents du Comité sentirent-ils que la Société ne désire pas de réconciliation, et n'entend faire aucune concession pour rendre celle-ci possible. Si bien que les raisons que nous avions de protester dans le passé n'ont fait que s'aggraver aujourd'hui.

            C'est pourquoi nous acceptons la situation comme permise par le Seigneur, sans plainte ni murmure : c'est tout ce que nous pouvons faire. Nous savons que beaucoup d'autres frères, qui ont assisté à l'allocution de la salle Kingsway partagent le point de vue du Comité. Les circonstances nous montrent combien il est vain de mettre sa confiance dans des institutions humaines : c'est là sans aucun doute la leçon à tirer des événements, afin que nous nous attendions plus complètement au Seigneur lui-même, et à Lui seul. Ceux qui, parmi nous, sont remplis de Son esprit, et qui comprennent qu'ils sont en union de vie avec Lui n'en seront pas troublés.

            Le Seigneur nous a affranchis de tout joug de servitude ; soyons sur nos gardes, et fortifions-nous dans les choses qui demeurent, savoir « notre foi, notre espérance, notre amour ». « Ne soyons pas nonchalants dans le devoir, soyons fervents en esprit, servant le Seigneur ». L'expérience semble faite pour marquer qu'il y a une grande sécurité à n'appartenir à rien ni personne, et à « rester libre ». « En Christ, le roc solide, je me tiens ! »

EN SCANDINAVIE

            Le document que nous publions ensuite est une lettre ouvert de Fr. J.-O. Melinder, de Suède, ancien pèlerin et qui a travaillé pendant six ans dans les bureaux de la W. T. Society en Scandinavie, c'est-à-dire que sa nomination remontait à l'époque de Pasteur Russell.

                    Monsieur J.-F. Rutherford, Président de la W. T. Society,

                                        Cher Frère,

            Je vous remercie pour votre lettre du 6 décembre de l'an dernier (1919), reçue en son temps et qui a eu toute mon attention. J’ai cependant été désappointé en ce que j'espérais contre toute espérance, que vous auriez vu dans ma lettre quelque chose de plus qu'un exposé de critique adverse et que vous auriez pris garde à mon avertissement touchant les dangers de votre position actuelle. Mais je comprends maintenant qu'il vous faut poursuivre votre course jusqu'au bout et en supporter les conséquences.

            Aussi, n'aurais-je sans doute pas eu la pensée de vous déranger de nouveau si Fr. Lundborg (*) n'avait trouvé bon de publier votre réponse, traduite en Suédois, dans le n°4 de la « Wakt-Tornet » (Tour de Garde en langue suédoise) de cette année, ce qui a eu pour résultat de donner aux amis sur les faits en cause, une impression erronée. C'est  alors que je me suis demandé s'il n'y avait pas lieu de revenir su votre réponse, dans une lettre ouverte à vous adressée, et  j'ai maintenant le sentiment, que je dois aux amis de revenir sur cette lettre, ce que je fais par les lignes suivantes publiées pour le profit de ceux qui ont une oreille pour entendre.

(*) [Le Directeur de l’œuvre Scandinave].

            Vous m'écrivez : « Je pense, cher frère, que chez vous il a méprise complète sur l'objet du commentaire de Apoc. 8 : 3. . . »

            Je ne le crois pas, cher frère Rutherford. Pour moi la question n'est pas de savoir si le commentateur à eu une intention blasphématoire ou non, parce que je n'ai jamais douté un instant de sa sincérité et il ne me viendrait jamais à la pensée qu'il ait voulu intentionnellement mettre la W. T. B. & T. Society dans une attitude blasphématoire, pas plus que je ne saurais imaginer pareille chose de votre part, cher frère. Non ; la question est celle-ci :

            Le commentateur ne fait-il pas erreur en supposant et en prétendant que l'ange d'Apoc. 8 : 3 représente la Société ?

            C'est là, une question qu'il faudra résoudre scripturalement et historiquement et pour ma part, je suis fermement convaincu que là réponse doit aller et ira à l'encontre du point de vue présenté, dans le « Mystère Accompli ».

            Ah ! s'il ne s'agissait que d'une simple discussion académique sur l'interprétation d'un passage des Écritures ! Mais le fait est, vous le savez très bien, qu'il s'agit ici d'un point d'une importance pratique considérable pour tout vrai croyant. Car si le point de vue du commentateur était accepté d'une façon générale parmi les amis, il s'ensuivrait que les chefs de la Société et ses représentants constitueraient nécessairement une nouvelle hiérarchie dans l'église, à l'instar du clergé de l'église catholique romaine, ce qui est forcément contraire aux intentions de notre Seigneur et à ses commandements, car il a dit : « Vous n'avez qu'un seul Maître et vous êtes tous frères ».  Et l'un des douze apôtres écrivait à ses véritables disciples : « Vous êtes une sacrificature royale ». Comme tels, nous nous tenons tous à l'autel avec Christ, et c'est lui, Grand Chef de ce Corps sacerdotal qui intercède pour nous au trône de la grâce et qui rend nos pauvres prières et nos sacrifices valables et méritoires pour qu'ils s'élèvent en parfum suave vers le Père Céleste. Assurément, si nous pouvions être induits à détourner notre regard de ce fait fondamental et à fixer notre attention sur quelqu'autre chose, je ne doute pas que cela ferait admirablement le jeu de l'adversaire, dans la mesure, au moins, où le Seigneur le permettrait.

            Je n'ai aucune raison de penser que je me sois mépris sur l'objet de ce commentaire, tout en comprenant qu'on puisse être dupé de Lucifer sans s'en apercevoir et peut-être rester loyal de cœur envers le Seigneur, tout en étant trompé momentanément. Mais du moment que nous sommes mis en garde par le Seigneur et ses apôtres contre les machinations pleines de ruses de notre ennemi en chef et puisque nous avons reçu commission de nous avertir et de nous exhorter mutuellement quand l'un de nous voit l'autre en danger, je ne puis vous donner raison quand vous dites que je n’ai pas manifesté l'esprit du Seigneur en exprimant la peine que j'éprouve de vous voir à la tête de cette Société qui, en toute sincérité, m'a paru avoir été aiguillée sur une mauvaise voie quand elle a publié le « Mystère Accompli » comme une œuvre posthume du Pasteur Russell, et quand elle prétend être le Canal du Seigneur, tandis qu'elle n'offre comme matériaux de pure édification que le « bois, le foin, le chaume », qui constituent évidemment la majeure partie du « Volume VII ».

*  *  *

            Ah ! Je suis d'accord avec vous pour reconnaître la Société, corps organisé,  comme un ange, c'est-à-dire un messager ; mais qu'elle soit un ange du Seigneur,   c'est une autre affaire qu'il importe de démontrer sans équivoque, comme un fait, avant qu'elle puisse se donner comme telle. Nous ne pouvons pas nous permettre d'ajouter foi, ainsi tout de go, à une déclaration de source purement humaine, car il est de notre devoir d'éprouver les esprits et d'éprouver toutes choses avant de les croire assez  « bonnes » pour être « retenues ». Or, la règle que le Seigneur a posée pour nous permettre de reconnaître ces choses est aussi claire que simple : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits » ; et puis nous avons un étalon divin indiscutable pour apprécier tous ceux qui se donnent comme « prophètes », c'est-à-dire comme  « messagers du Seigneur », c'est celui-ci : « Quand le prophète parlera au nom de l'Éternel et que la chose n'aura pas lieu et n'arrivera pas, c'est cette parole-là que l'Éternel n'a pas dite ; le prophète l'a dite présomptueusement, tu n'auras pas peur de lui » Deut. 18 : 22.

            À présent, le fruit le plus remarquable de la Société, en tant que messager, depuis la mort du Fr. Russell, est le « Volume VII » et les prétentions mises en avant à propos de ce livre important.

            Il y aurait bien aussi une enquête à ouvrir sur certains faits douteux qui se sont produits en 1917, au siège de la Société ; touchant à l'expulsion de quatre membres du Conseil d'administration (*), mais nous laisserons cela au Seigneur vu que nous ne sommes pas en mesure d'entreprendre une telle enquête avec quelque chance de la mener à bien.

(*) [Sur sept dont, se composait le Conseil d'administration de la Société].

            Mais le « Volume VII » est sous nos yeux et il est à la portée de tout véritable enfant de Dieu de l' « éprouver » c'est-à-dire de le goûter, de se rendre compte de sa saveur... Déjà plusieurs de ceux qui font partie du peuple de Dieu et dont je n'oserai même mettre eu doute les solides qualités de bon sens et la piété de caractère, se sont prononcés en ce qui concerne ce livre. Ils l'ont pesé dans les balances des Saints-Écrits, et ils l'ont trouvé léger. Personnellement, je me suis convaincu, moi aussi, qu'il n'est pas ce qu'il prétend être.

            Certaines choses y ont été prédites avec une grande assurance qui n'ont pas eu lieu et ne se sont pas réalisées, par exemple : « La glorification de l'Église pour le printemps de 1918 ». Car, si celle-ci a eu lieu, alors nous sommes tous restés dehors, mais je vois dans les W. T. de 1920 bien des textes impliquant qu'une partie considérable, du petit troupeau est encore en chair et je ne trouve dans les Écritures aucun texte qui y contredise ni aucun fait pour le réfuter.

            Mais alors que devient toute cette assurance de ce messager de 1917 ? Est-ce qu'il se cache la face, maintenant, de confusion ? Que non pas ! Il s'est remis à la tâche, et il fait du fignolage pour masquer les craquelures du temps. Voyez donc la W. T. du 1er juin 1920. Ce que je dis y figure sous le titre : Corrections au « Septième Volume ».

(*) [Cet article, comme tant d'autres, n'a jamais été traduit pour l'usage des frères français].

            On avait prédit pour la même date et en termes tout à fait positifs, le renversement de la Chrétienté mais, à ce qu'il parait, la Société attend encore que l'image de la Bête reçoive la vie et entre en action et nous savons tous que la puissance des systèmes ecclésiastiques est, encore loin d'être épuisée. Que dis-je, nous en voyons l'esprit s'installer aux cieux mêmes de la W. T. Society qui devient ainsi un nouveau domaine tombé sous sa domination.

            Il n'y a pas de sophisme qui soit capable de dissimuler ces faits et de couvrir la retraite quand il vous faudra abandonner la position devenue intenable des pronostics du « Septième Volume ».

*  *  *

            Quand à votre dissertation sur l'emploi du mot « Canal » je vois difficilement dans ce que je vous ai écrit qu'est-ce qui a bien pu la motiver. Il ne me viendrait même pas à la pensée de contester à la Société le droit de s'appliquer ce terme, tel quel.

            Mais il y a bien des sortes de canaux. « Un canal, dites-vous, c'est simplement un moyen d'atteindre un but, une fin ». Oui, cher frère, c’est entendu, mais de même qu'il y a dans ce monde bien des buts différents, de même il y a aussi quantité de moyens différents, qui ne sont pas tous saints ni même toujours estimables.

            Dans le cas actuel, la question n'est pas de savoir si la Société est un canal, car elle est évidemment un moyen d'atteindre un but, but qui est surtout la propagation de quelque chose comme un message. Non, la question qui se pose péremptoirement est celle-ci : « Est-elle le canal du Seigneur ? » car c'est justement là ce qu'elle prétend être. Or, si elle était le canal du Seigneur pour la propagation du message de la Vérité, comme vous le soutenez, elle vous amènerait sûrement l'eau de source de la Vérité divine aussi pure qu'il serait possible à des agences humaines de le faire.

*  *  *

            Je ne disputerai pas que la Société ait jamais été un canal pour la propagation de la vérité. A l'époque de Fr. Russell elle a certainement rendu de bons services comme moyen de collaboration, en publiant les résultats de ses études sur la Bible. Et ces résultats tels que nous les trouvons dans les colonnes de la W. T. et dans d'autres écrits publiés avant sa mort sont bons, en général et en Partie excellents et ils ont certainement contribué à l'avancement de la vérité et de la justice. Après Dieu, je suis personnellement redevable au Pasteur Russell et à cette Société d'avoir appris à connaître le divin plan du salut et l'instant où mes yeux se sont ouverts sur la merveilleuse signification de Christ et de son œuvre de Rédemption, grâce à la lecture de ce qui, à mon avis, est le plus monumental travail du Pasteur Russell, savoir : « La propitiation entre Dieu et l'homme », fut pour moi le moment décisif, le grand tournant de la vie. Des millions d'êtres humains, dans le monde entier, ont dû faire la même expérience et nous devrions tous rendre grâce au Seigneur d'avoir ainsi fait luire sa lumière dans nos cœurs. Mais quand nous croyons avec réjouissance, que le Seigneur s'est servi de Fr. Russell, d'une manière merveilleuse, pour dévoiler les vérités plus ou moins cachées du salut, cela ne veut pas dire que nous admettons que la Société formée par lui était comprise dans les desseins de Dieu.

            Au contraire, la tournure qu'ont prise les événements semble indiquer, sans erreur possible, que la Société, telle quelle, n'a jamais fait partie des arrangements du Seigneur, tout comme il est raisonnable de conclure des expériences communistes de l'Église primitive à Jérusalem, qu'elles n'ont jamais été sanctionnées par le Seigneur. Et de même que le Seigneur, semble-t-il, n'a jamais donné son approbation au choix fait par les disciples d'un douzième apôtre, de même nous avons toutes les raisons de croire que les chefs de la Société — choisis par les humains et par l'argent — ne sont pas ceux que le Seigneur aurait choisis pour être principaux serviteurs de son Église. Nous savons tous que Dieu a laissé venir à l'existence bien des choses qui n'avaient pas leur source en Lui. S'il l'a permis, c'est afin de nous faire apprendre cette leçon indispensable qu'il faut nous confier davantage en Lui et nous en tenir plus étroitement à ses commandements. Mais, hélas ! nous sommes tellement lents à apprendre et si étourdis quand il faut éviter des bévues de notre initiative, ou des pièges tendus par le démon, au lieu de nous attendre au Seigneur ! Lorsque nous ne suivons pas avec l'attention nécessaire la direction de « ses yeux », il faut bien qu'il nous redresse d'un coup de sa verge pour nous montrer la route. Quand on se conduit comme des ânes ou des mules, il est obligé d'employer le mors ou la bride pour régler notre marche. Il n'y a en cela aucune gloire pour nous, mais tout cela contribue à la gloire de Dieu. Heureux si nous voyons nos erreurs et si nous apprenons la leçon de l'humilité. Mais si nous continuons à suivre notre propre sentier, nous ne tarderons pas nous à déchirer inutilement aux ronces et aux épines de nos entreprises purement humaines, quand elles ne sont pas inspirées du démon.

*  *  *

            Je répète, si la Société était le canal du Seigneur, elle n'aurait certainement pas produit un « Septième Volume », qu'on ne peut pas appeler autrement qu'un volume apocryphe, car il contient non seulement des erreurs, ce qui est humain et serait pardonnable, mais il prétend être ce qu'il n'est pas : une œuvre du Pasteur Russell. C'est une prétention qui est non pas une erreur, mais un mensonge, et le mensonge est impardonnable, comme on le voit dans le cas d'Ananias et de Saphira. Ce mensonge est une haie d'épines dont vous ne vous libérerez qu'au prix de bien des tribulations. Je souhaite, mon cher frère, que vous et vos adhérents puissiez éviter les douleurs qu'il vous faudra subir pour vous tirer de là.

*  *  *

            Malgré toutes vos assertions contraires, certaines choses ont été publiées par la Société postérieurement à la mort du Pasteur Russell, qui ne sont pas de sa plume ni même en harmonie avec ce qu’il a écrit ; des choses que nous n'avions jamais entendues auparavant et qu'il faut bien, par conséquent, appeler des « choses nouvelles » ; par exemple de nouvelles interprétations de ces parties de l'Apocalypse  qui n'avaient pas été spécialement élucidées par le Pasteur Russell ! Si ces choses étaient vraies, cela ne signifierait-il pas que de nouvelles vérités — c'est-à-dire des vérités non révélées jusqu'ici aux hommes et qui sont venues au jour par la Société, en tant que canal qui nous les a amenées de la source première. Comme l'a clairement démontré l'auteur des « Notes et Commentaires » sur le « Mystère Accompli », la plupart de ces choses nouvelles ne sont d'accord ni avec les Écritures, ni avec la raison, ni avec les faits historiques, et quand le Seigneur nous ouvre les yeux, nous pouvons nous rendre compte par nous-même qu'il est aussi étranger à la production de ces « choses nouvelles » qu'il l'a été aux  enseignements de..... mettons, Mahomet ! Cependant les deux ont été présentés comme vérité divine, les deux contiennent un mélange de faux et de vrai, même si la Société a beaucoup plus de vrai dans son message. Le Coran proclame : « Il n'y a qu'un seul Dieu et Mahomet est son prophète ! » Le Volume VII, dans sa teneur générale, présente une mixture analogue de vérité et d'erreur : « Il n'y a qu'un seul Seigneur, et la W. T.  B & T. Society est son canal ». Nous devons, bien entendu, nous apercevoir et, nous rendre compte que le Seigneur a permis les deux dans un but de sagesse, mais dire que l'un ou l'autre viennent de lui, ou jouissent spécialement de son approbation serait contraire aux faits tels que nous les connaissons.

            J'admets volontiers cependant qu'il y a une grande différence entre les deux. Tandis que le Mahométisme n'est qu'une grossière forme de religion, apte seulement à séduire les asiatiques ignorants et superstitieux et les tribus barbares de l'Afrique du Nord, les enseignements du « Volume VII » constituent un des pièges les plus subtils que le grand oiseleur ait jamais employés. Comment ferait-il autrement pour séduire les élus mêmes, comme il cherche, sans le moindre doute, à le faire maintenant. Oh ! que nos yeux s'ouvrent ! Oh ! chassons les fumées de l'ivresse et que nous puissions voir dans quelle pitoyable situation nous sommes ! Oh ! mon cher frère, ne voulez-vous pas vous arrêter un moment et examiner votre position ? Hélas ! votre lettre nous ôte tout espoir dans ce sens.

*  *  *

            Il n'est pas question de jeter la Société par-dessus bord, ni de la repousser du pied, suivant votre expression ; non, cher frère, le fait est celui-ci : c'est que la Société, dans ces derniers temps, a montré, des signes si indubitables de nicolaïsme, une tendance si manifeste à dominer « l'héritage de Dieu », qu'au contraire ce sont ceux qui font de leur liberté spirituelle plus de cas que de n'importe quel autre avantage terrestre, ce sont ceux-là qui se sentent « repoussés du pied » par la Société, quand ils ne peuvent, en conscience, endosser ses enseignements et ses procédés.

            Enfin, vous comparez le « Volume VII » avec, les six autres et vous me dites que ceux-ci également contiennent des erreurs. Oui, je sais, mais sont-elles bien dangereuses, si seulement nous remplissons notre devoir strictement scriptural, d' « éprouver toutes choses ». Quand le Pasteur Russell publiait ses écrits, il exhortait ses lecteurs à éprouver toute chose par la Parole de Dieu. Et nous l'aimons pour ce qu'il a fait ; même si nous ne nous sentons, pas disposés à lui rendre un culte, comme le font certains qui ne s'aperçoivent pas qu'ils dérogent ainsi de leur profession de foi chrétienne. Car, sans le faire ouvertement, on lui a appliqué, ni plus ni moins que la doctrine papale de l'infaillibilité, à lui, et à son œuvre. Elle s'est insinuée graduellement dans l'esprit des frères, elle a été inoculée lentement, à petite dose, par l'adversaire, appliquant mal à propos divers passages jusqu'à la dose massive du « Volume VII » où le poison du culte des anges a envahi le livre entier. Ah ! qu'on nous avait bien préparés pour cet empoisonnement à haute dose, et combien ils sont parmi nous qui ont dit avec vous : « Nous croyons que les Écritures enseignent clairement qu'il doit y avoir sept volumes ». Ce n'est plus de la foi, cela, c'est de la crédulité, car la proposition est loin d'être prouvée.

            Il est tout naturel que Fr. Russell, après avoir écrit six volumes d'études sur les Écritures, ait pensé à un septième volume, puisqu'il restait tant de portions importantes de la Bible à expliquer. Je ne trouverais même pas extraordinaire qu'il ait prévu, dans le programme de ses études, un septième volume dès le début, mais on parlait si souvent de ce volume hypothétique en appliquant sans raisons suffisantes les coupes symboliques d'Apoc. 16 aux ÉTUDES DES ÉCRITURES, qu'on finit par susciter une attente d'un caractère absolument superstitieux et Fr. Russell lui-même,  malgré son solide bon sens, semble avoir été entraîné par cette vague de fausses espérances. C'est ainsi, dit­on, qu'à l'heure de sa mort, bien il aurait dit, en parlant de ce livre tant attendu, ces fameuses paroles : « Quelqu'autre pourra l'écrire » Or, dans votre lettre vous lui faites dire : « Il faut que quelqu'autre le publie », ce qui n'est pas du tout la même pensée. Qui est-ce qui a bien pu vous induire à modifier ses dernières paroles de cette manière ? Est-ce pour rendre plus plausible votre fausse proposition que l'ouvrage désormais fameux issu de la collaboration des Fr. Woodworth et Fischer est une œuvre posthume de Fr. Russell ! Je frémis en pensant à la responsabilité que vous avez assumée, vous et d'autres membres dirigeants de votre Société, en jouant ainsi avec la Vérité.

*  *  *

            Et maintenant, cher frère, je voudrais vous poser une question, une seule ! Ne reste-t-il pas encore bien des passages de la Bible dont l'explication n'a pas été donnée complètement et ne faudrait-il pas au moins un huitième et peut-être même un neuvième volume pour « entièrement accomplir le mystère ? »

            Je ne doute pas que le « Volume VII », comme vous le dites, a apporté une merveilleuse bénédiction aux chrétiens. Il m'arrive d'entendre ainsi parfois les gens de l'Armée du Salut parler de leurs expériences bénies ; les méthodistes et d'autres en font autant. L'homme en état d'ivresse considère toujours l'ivresse comme une bénédiction, mais cela prouve seulement que son jugement est influencé par les premiers effets trompeurs de la boisson.

*  *  *

            Vous dites encore : « Le Volume VII » a suscité beaucoup de persécutions de la part des ennemis de la Vérité ». Allons ! frère, je me rappelle trop bien quel a été mon désappointement à votre égard, quand j'ai lu que vous aviez donné ordre aux colporteurs de déchirer les pages du « Volume VII » qui avaient motivé la censure des autorités. J'ai pensé à l’attitude ferme et courageuse des Apôtres quand ils pensaient qu'il s'agissait de la Vérité : « Il nous faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes », disaient-ils, et ces paroles formaient pour moi un contraste frappant avec les compromissions que vous avez consenties relativement au « Volume VII ». Ah ! oui ! votre tirage format magazine, avec les pages censurées en moins et de vilaines caricatures de la presse mondaine insérées à leur place, tout cela indiquait un esprit qui m'a paru bien loin de l'esprit de Christ. C'est alors que l'ivresse qui m'avaient  entièrement gagné commença à lâcher prise sur mon esprit ; car je me disais : « Si c'est là la Vérité et si la Société est ce qu'elle prétend être, comment se fait-il que les frères qui la représentent, ne suivent pas l'exemple des Apôtres ? Comment se fait-il que ces hommes qui prétendent être les représentants spéciaux de Christ sur terre sont ainsi prêts à modifier leur enseignement sur une simple injonction de l'autorité de ce monde ? Et pourquoi dans l'instant même où ils salissent bassement, par le texte et l'image, les pouvoirs ecclésiastiques, rampent-ils comme des chiens couchants devant les autorités civiles ? Il y avait des choses que je ne pouvais faire accorder ni entre elles ni avec ce qui est clairement le devoir d'un disciple de Christ. A heure actuelle, je saisis mieux le cas ; c'étaient procédés d'avocat ou d'homme de loi, mais ce n'est pas la conduite d'un chrétien. Que le Seigneur ait compassion de vous, cher frère Rutherford, lorsque viendra le jour de rendre vos comptes.

*  *  *

           Non, je n'ai pas l'intention de m'unir à l'ennemi, comme vous dites, et de persécuter ceux qui essaient, selon leurs faibles moyens, de servir le Seigneur, mais il faut que, je me dresse vigoureusement — et je le ferai — contre tout ce qui, hommes et choses, s'est montré menteur et faux parmi nous, et je m'efforcerai de servir la Vérité et les frères, de mes faibles capacités, selon qu'il plaira au Seigneur de m'en fournir l'occasion. Et si vous jugez, que ce faisant, je prête mon aide à l'ennemi plutôt qu’aux frères, je regretterai d'être d'une opinion contraire, et j'espère encore que bientôt vous vous rendrez compte de la situation, et reconnaîtrez de quel côté il faut chercher l'ennemi. À ce moment-là, vous serez bien content et vous bénirez Dieu pour sa délivrance. Alors, nous ploierons le genou, unis devant lui en louange et en actions de grâces. Jusqu'alors, nous suivrons des sentiers divergents. Mais nous nous retrouverons lorsque l'orage sera passé, quand l'épreuve sera terminée.

            C'est là ma fervente espérance et mon ardente prière. Amen !

            Votre frère bien sincère en Christ,

Signé : J.-O. MELINDER.

(Suède).

AU CANADA retour page 3

4 Août 1920.

                                        « Chers Frères,

            « Je dois vous dire tout d'abord que j'ai vécu les temps orageux de 1916 à 1918, avec des sentiments bien mélangés et, je l'avoue, avec une foi chancelante dans les individus et les institutions.

            « Vivant très loin du théâtre de l'action, il m'était assez difficile de savoir qui avait raison ; aussi ai-je été très circonspect pour tout ce qui me paraissait s’écarter du sentier où j’avais appris à marcher.

            « Je restais donc attaché à la W. T. B. & T. Society, et je travaillais avec zèle pour sa cause, — je dis sa cause avec intention, — m'étant convaincu depuis que ce n'est pas celle du Seigneur.

            « Je fus le premier à Winnipeg à demander une certaine quantité de Volumes VII que je distribuais aussi rapidement que possible, avant même d'avoir lu mon propre exemplaire.

            « Quand je me mis à le lire, je l'avalais gloutonnement malgré la dureté du contenu, observant à la dérobée s'il passait plus facilement chez les amis, mais la plupart me paraissaient enchantés du régime ; j'en conclus que j'avais tort de faire le difficile, et crus de mon devoir d'aider à propager la nourriture.

            « Cependant, j'avais personnellement perdu tout goût pour cet ouvrage et mon estomac ou ma conscience — (il est possible que la conscience soit l'estomac spirituel) — protestait ferme lorsque je servais aux autres ce que je ne pouvais pas m'assimiler moi-même ; aussi, quand la censure interdit le Volume, en fus-je enchanté.

*  *  *

            « Pendant la période de repos qui nous fut imposée, j'étudiais le livre avec soin et je me rendais compte des passages mal fondés, j'écrivis donc à Fr. Woodworth, lequel, sur chaque point que je lui signalai, admit qu'il s'était trompé.

            Le premier point relevé fut la « mesure de la distance » en Apoc. 14 : 20 — qu'une vérification demandée à Nelson P. Lewis, ingénieur en chef de la Ville de New York, fit reconnaître inexacte.

            Le deuxième point dans l'ordre d'importance était Apoc 16 : 19, à propos de  quoi je citerai mot à mot ce que m'écrivit, Fr. Woodworth  dans une lettre du 9 septembre 1919 :

            « A propos d'Apoc. 16 : 19. — Je ne suis pas aussi sûr ; vous devez avoir remarqué que j'ai malheureusement été inconséquent en interprétant ce passage, qui prête trois interprétations différentes... Si Mac — (Fr. Mac Millan) se trouve à l'aise avec la phrase : il se peut qu'il s'agisse ici de la ville mentionnée en Apoc. 14 : 20, je ne me sens pas d'humeur à le contrarier en cela, mais je confesse que cela ne me parait pas bien convainquant maintenant et j'en suis à me demander si la suggestion première de Fr. Russell n'est pas la meilleure, à savoir que, lorsque la révolution viendra, un de ses aspects significatifs sera la rupture de la chrétienté en trois tronçons qui s‘efforceront de mener les évènements chacun indépendamment de l'autre…

            « Vous pouvez vous imaginer, frères, quelle a été mon impression quand j'ai entendu déclarer si clairement que cet ouvrage posthume du Pasteur Russell avait laissé de côté ses propres explications pour les remplacer par celles du Fr. Woodworth. 

            « D'une manière générale, les explications, d'un bout à l'autre du livre, sont futiles, et elles n'ont qu'un but, celui d’injurier ; qu'un message, celui de destruction. J'ai été complètement désappointé et découragé quand on a essayé dernièrement de forcer pour  ainsi dire les frères à des tournées de colportage pour vendre le reste du stock.

            Soeur Seibert, dans une petite causerie qu'elle a faite devant un grand nombre d'amis de Winnipeg, il y a trois semaines environ, a déclaré, en réponse à une question qui lui était posée, que « la tournée actuelle en faveur du « Volume VII » avait pour but de recouvrer au moins en partie les 80.000 dollars (*) engloutis dans sa publication.

(*) [On sait que le dollar valait 5 francs nominalement, ce qui mettait le prix du tirage du « Volume VII » à Frs : 400 000 ; mais aujourd’hui cette valeur est plus que doublée en monnaie française.]

            « Faire de l'argent » par d'autres moyens que les « dons volontaires » est, paraît-il, un des principaux objectifs de travail à l'époque actuelle. Exemple : Le Golden Age (l'Age d'Or).

            Cela dit,  je suis dégoûté, frères d’avoir à me résumer en ces mots : C'en est fait absolument de la liberté de pensée et de conscience dans l' A. I. E. B. et l'ostracisme contre quiconque ose ouvrir la bouche est le sport à la mode derrière les portes fermées.

            J'ai souffert ici, pendant un an, et je sais de quoi je parle, cependant je suis heureux d'avoir vu mettre ma propre tolérance et ma bienveillance à l'épreuve.

            « Pendant l'année 1918, j'étais un des anciens de l'Ecclésia de Régina, jusqu'au moment où, je fus arrêté pour la seconde fois comme « insoumis par motif de conscience », mais je fus relâché à la signature de l'armistice. Depuis que j'ai quitté Regina, on a fait une tentative maladroite et visant certaines personnalités pour créer un courant d'opinion sur la question du « Mystère Accompli » ; elle a eu pour résultat de précipiter la catastrophe et l'A. I. E. B. n'a conservé qu'un pauvre résidu de six membres sur vingt-quatre consacrés. Le reste a donné ses réunions publiques, etc., sous l'impulsion d'un ancien qui refuse d'accepter le « Volume VII ». Leurs réunions ont un succès complet et sont empreintes d'une douce communion.

            Plusieurs ici sont mécontents de cet état de choses, mais ils ne le montrent pas ouvertement. Pendant l'année 1919, je voyageais beaucoup dans l'Ouest du Canada pour affaires, mais servant les Ecclésias partout où j'en trouvais l'occasion ; je suis ainsi très au courant de ce qui se passe dans les classes de l'Ouest. Je sais qu'en beaucoup d'endroits un grand nombre de frères sont mécontents de ce qui se passe actuellement.

            Demandant à Dieu qu'il bénisse vos efforts et vous guide dans toutes vos affaires, je suis,

            Sincèrement, votre frère par sa grâce.

                                                            Signé : DONALD. H.  COPELAND,

                                                                                  Winnipeg.

EN AUSTRALIE

            Fr., B. B. Nicholson dont le nom a déjà été prononcé à propos des expériences de Fr. Hart, ex-représentant aux Indes, a écrit sur les premières expériences des frères en Angleterre, une lettre dont nous publions le passage suivant :

            «... Je suis un peu désappointé de voir que les amis de Londres ne semblent pas se rendre compte que c'est une question de principe qui est en jeu, dans le fait de se séparer de la Société. S'il ne s'agissait que d'une affaire personnelle, je comprendrais qu'on pût rechercher une réconciliation, mais il y a beaucoup plus que cela. Il y a que cette Société, veut dominer sur l'héritage de Dieu : qu'elle impose des conditions sectaires, qu’elle cherche le pouvoir et l’autorité ; en contradiction avec la liberté en Christ. Il y a les grandes prétentions qui ont été émises ; il y a aussi les entraves à l’œuvre qui vont jusqu‘à empêcher ceux qui veulent se servir des volumes du Fr. Russell de le faire, s’ils ne se servent en même temps du pseudo « Volume VII ».

            Nous avons été jusqu'à l'extrême limite permise par les enseignements que nous avons reçus et sommes toujours prêts à accepter tout, ce qui peut être « éprouvé » par la parole de Dieu. Si les amis de l'A. I. E. B. comprennent l'erreur de leur voie, ils savent combien nous serons heureux d'être en communion avec eux, mais nous ne voyons pas la nécessité, d'abandonner nos arrangements pour reprendre un nom qu'ils ont déshonoré. Nous avons le nom de Christ, ce qui est, tout à fait suffisant.

En ce qui me concerne, je pense qu'il en est maintenant de la W. T. B. & T. Society et l'A. I. E. B. comme de Babylone ; elles se sont prostituées : « Sortez du milieu d'elle et vous en séparez » et, « Prenez garde de ne pas vous laisser mettre de nouveau sous le joug de l'esclavage ».

            Luther n'avait pas plus de raison de s'élever contre la papauté que nous en avons, nous, de nous élever contre ce que l'on a, follement et contrairement aux Écritures, appelé « le Canal ».

«... C'est le moment de se décider ! Serait-il possible qu'une Société, dont on a escamoté la direction par des moyens illégaux, et dont la nouvelle direction a agi avec un tel manque de scrupule, pût être le seul canal de la Vérité et avoir le pouvoir de décider qui servira la vérité de Dieu aux autres et qui n'aura pas qualité pour cela ?

« Que dirait notre cher Fr. Russell s'il savait que ses Volumes ont été refusés à de fidèles colporteurs qui désiraient ; dans l'esprit du Maître, poursuivre son travail ?

EXPÉRIENCES PLUS RÉCENTES

Les lettres qui précèdent datent, dira-t-on, de quelques années et leurs signataires sont certainement tombés depuis longtemps dans les ténèbres du dehors. Que non pas, chers frères et sœurs. Les quelques expériences que ces frères nous communiquent ne font que confirmer ce que beaucoup parmi vous ont déjà entrevu, à savoir que, la Société ne se sert plus du nom et de l’œuvre de Fr. Russell que pour accomplir de mauvais travail.

            Au reste, voici des nouvelles plus récentes provenant de deux sources sérieuses différentes d'Amérique et reçues, sans qu'il les ait sollicitées, par un des signataires du REDRESSEMENT NÉCESSAIRE :

26 Mai 1922. — ... « Nous pouvons vous confirmer l'abandon de Béthel depuis Pâques, par une demi-douzaine de mécontents, notamment Fr. Robison, un des cinq membres que comprenait précédemment le Comité de rédaction de la W. T. et qui fut aussi l'un des sept Directeurs de la Société emprisonnés en 1917-18 ».

Juillet 1922. — « ... Étudiez ce que je vous envoie sans préjugés ni parti-pris. De terribles injustices ont été commises, des choses mal représentées, de vrais saints ont été appelés FOUS quand ils ne l'étaient pas du tout. Encore dernièrement, la nouvelle en a été répandue, mais ne croyant, plus aveuglément, nous nous sommes informés directement, et la chose n'était pas vraie.

En France, vous ne savez pas la moitié de ce qui se passe ici et cela n'est pas inséré non plus dans la  W.T.

Cher frère, vous connaissez l'amour que j'ai pour tous les chers saints en France, et je crois que vous ne doutez pas de ma sincérité. Je mets tout mon cœur dans cette lettre pour insister afin que vous aussi, vous regardiez la situation bien en face et ne vous laissiez pas tromper ».

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